Écrite à partir d’un fait divers, la pièce prend la forme d’un interrogatoire. Une femme a tué sa cousine, sourde et muette. Le geste reste sans explication. Duras ne cherche pas à résoudre l’énigme. Elle l’expose.
Duras au plus près du silence
Sur scène, trois voix. Celle de l’interrogateur. Celle du mari. Celle de Claire Lannes. Aucun décor. Peu de mouvement. Le texte avance par questions, silences, reprises. Le théâtre alésien est un lieu d’écoute.
Jacques Osinski s’attache exclusivement à la langue. Il revendique un théâtre dépouillé, sans psychologie, tendu vers la compréhension de ce qui échappe. La mise en scène place l’interrogateur au plus près du public, parfois parmi lui. La frontière entre scène et salle se trouble.
Sandrine Bonnaire incarne Claire Lannes. Présence immobile, presque opaque. La parole est expulsée par fragments. Le personnage ne cherche pas à convaincre. Elle parle. Elle tente de comprendre son propre geste, sans y parvenir. À ses côtés, Frédéric Leidgens est l’interrogateur, figure sans statut précis, ni juge ni médecin. Grégoire Oestermann interprète Pierre Lannes, le mari, dans une parole plus concrète, plus triviale.
Créée en octobre 2024 au Théâtre de l’Atelier, cette version de L’Amante anglaise s’inscrit dans le travail de longue date de Jacques Osinski autour des écritures exigeantes. Beckett, Duras, même attention portée au silence, à l’attente, à la tension du langage.
L’Amante anglaise. Texte de Marguerite Duras. Mise en scène de Jacques Osinski. Avec
Sandrine Bonnaire, Frédéric Leidgens, Grégoire Oestermann. Mardi 10 et mercredi 11 février à 20h30. Au Cratère – théâtre éphémère, complexe sportif de la Prairie, Alès. À partir de 15 ans. Plus d'infos ici