NÎMES Esi Yanka Graves, une performance schizophrène ravit l'Odéon
Ce samedi soir, c’est à l’Odéon de Nîmes que la danseuse flamenco Yinka Esi Graves a présenté sa création "The Disappearing Act", dans le cadre du Festival de flamenco du Théâtre de Nîmes.
La première création de l'artiste britannique installée aujourd’hui en Espagne, est une performance faite de disparitions et de contradictions. Un véritable ovni scénique, à voir absolument.
La danseuse offre en introduction un flamenco très rythmé et très africain puis s’arrête : « Mesdames et Messieurs, bienvenue chez Lala, lalalalala. Soyez attentifs, vous serez bientôt témoins d’une petite expérience. Je suis un métamorphe, je marche sur les lignes. Je cherche à disparaître », lance la danseuse avant de présenter une performance à couper le souffle. Combinaison flashy et cheveux très courts, elle pose sur sa tête une perruque mi rasta, mi flamenca. Elle dessine des lignes et des cercles blancs au sol avec une craie, son image est projetée sur l’écran du fond. Puis elle danse en suivant les lignes, en arborant un regard appuyé et dur à l'endroit du public. Rosa de Algeciras la rejoint au chant. Puis Yinka Esi graves se maquille, longtemps, mais pas vraiment, au son de la guitare de Raúl Cantizano et de Remi Graves à la batterie.
Elle se maquille et devient flamenca
« Cache ce qui ne te sert pas et même ce qui te sert. Refais-toi la peau, le nez, pour que la route soit plus douce. Redéfinis les contours de ton visage. Efface tes origines », lance la danseuse africaine. Ainsi nous y voilà. Le sujet de Yanka Esi tourne autour de l’invisibilité des personnes "différentes" dans les sociétés où elles vivent et qui tendent généralement à les effacer. Alors comment exister si l'on s'efface ? Vous avez deux heures... Ainsi maquillée, elle devient flamenca et fait montre d’une maîtrise exceptionnelle de la danse espagnole. Puis les gestes se figent, le mouvement déraille. Tel un oiseau touché en plein vol, son flamenco sombre et redevient afro. Elle existe de nouveau, retourne vers ses origines. La performance se termine sur des rythmes africains et revient sur la Guajira cubaine chère à la Londonienne.
Des racines au Ghana, en Jamaïque, à Cuba et dans d'autres pays, la danseuse s'est formée à la danse afro-cubaine et au ballet classique, et ça se voit. Une magnifique performance schizophrène que le public connaisseur de l’Odéon a particulièrement appréciée.
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