« Cette exposition est un peu différente », en dit d’emblée son commissaire, Marc Stammegna. Différente car cette année, pas de nom ronflant, comme César, Picasso ou Monticelli, mais un nom moins connu du grand public : les Roux. Une dynastie d’artistes marseillais qui ont documenté, avec un talent et une précision extrêmes, les voiliers qui passaient par le port de Marseille aux XVIIIe et XIXe siècles.

« Au XVIIe siècle, Joseph Roux était l’hydrographe du roi, c'est-à-dire qu’il dessinait les cartes, fabriquait les sextants, et un de ses fils, Antoine, peignait des aquarelles, rembobine Marc Stammegna. Et un jour, un officier anglais regarde ses aquarelles de bateaux et lui demande de faire le sien. » Il faut dire que rapidement, les Roux se font une réputation, celle de concilier beauté de l’œuvre et exactitude millimétrique de la reproduction de tous les éléments des bateaux.

« Ils sont devenus une institution, nombre d’officiers et d’armateurs ont fait reproduire leur bateau », poursuit Marc Stammegna, et les œuvres de Roux vont voyager avec ces bateaux, notamment aux États-Unis, où leurs tableaux sont, encore aujourd’hui, exposés, connus et respectés dans le milieu. On leur demandera aussi de réaliser des ex-voto, ces offrandes religieuses faisant suite à un miracle, auxquels une salle est consacrée pour l’exposition.

L’exposition retrace cette histoire maritime et commerciale, avec un grand nombre d’œuvres des Roux prêtées par des collectionneurs privés, le yacht-club de Monaco et le Musée de la Marine, de cartes issues du fonds d’archives de la commune, mais aussi d’objets maritimes, sextants, baromètres et autres boussoles. Des maquettes sont aussi de la partie. Puis, à la fin de l’exposition, les Roux laissent la place aux Adam, autre famille de peintres de bateaux. Mais nous sommes alors au XIXe siècle et les bateaux à voile ont laissé la place à ceux à vapeur.

Les amateurs et passionnés de bateaux seront conquis, les autres prêteront peut-être plus attention à l’épopée commerciale relatée à travers ces œuvres dont l’immense technicité n’enlève rien au geste artistique. Les visites commentées par Marc Stammegna n’en revêtent que davantage de pertinence.

« La dynastie des Roux, témoins d’une épopée maritime et commerciale », à découvrir jusqu’au 26 octobre à l’ancien évêché d’Uzès. Tarif unique 5 euros, gratuit pour les moins de 18 ans, plus d’informations et réservations ici.