Publié il y a 6 mois - Mise à jour le 25.10.2023 - Corentin Migoule et François Desmeures - 7 min  - vu 4931 fois

ALÈS Animations, stationnement et mendicité : les principales préoccupations des commerçants

L'espace Jan Castagno

L'espace Jan Castagno est paticulièrement sujet à la mendicité.

- Corentin Migoule

Ce mardi soir, une réunion avait lieu au Capitole entre la municipalité d'Alès et les commerçants du centre-ville sur fond de tensions relatives au stationnement notamment. Le "plan" festivités de Noël a tout de même pu être présenté dans un climat serein. 

La presse locale n'a pas eu le loisir de participer à la réunion qui s'est tenue ce mardi soir au Capitole et que d'aucuns attendaient avec impatience. "Ça va être chaud !", prédisaient certains commerçants du cœur de ville à quelques heures de ce rendez-vous avec la municipalité alésienne, représentée entre autres par le premier adjoint Christophe Rivenq et la conseillère municipale Léa Boyer, déléguée à l'animation commerciale. 

Que nenni ! C'est dans un climat globalement serein que celui qui est aussi président d'Alès Agglomération a pu dérouler son ordre du jour, diaporama à l'appui. "Ça s'est très bien passé", commente le dernier nommé, croisé en milieu de matinée à l'occasion de sa visite quasi-journalière du marché provisoire. Vérifications faites auprès d'une kyrielle de commerçants, certains ont en effet enfoui les velléités belliqueuses qu'ils avaient prévu d'exprimer.

"Les râleurs n’étaient pas là. Ça a permis une réunion plus sereine", reconnaît un participant habitué des réunions. "Ça a été constructif. Quand les explications sont claires, ça met en confiance", concède Thierry Greff, gérant de la Maison de la musique, parmi nos rares interlocuteurs ne réclamant pas la garantie de l'anonymat de leur témoignage. "Je n'y vais plus ! Je sais comment ça se passe. À chaque fois c'est pareil et il n'en ressort rien. On nous dit toujours que tout va bien", livre quant à lui un restaurateur alésien dans un autre registre. 

L'obstacle du stationnement dans le viseur des commerçants

"Compliquée" est l'adjectif qui sort spontanément de la bouche de Frédéric Brunel quand il s'agit de qualifier la relation qu'entretient l'association Alès commerces en ville (Acev) qu'il préside avec l'exécutif local. "Il y a quand même la démarche de se rencontrer. Mais il n'y a pas vraiment eu d'échange", complète par ailleurs le gérant de la boutique Caractère qui a assisté à la réunion ce mardi soir. 

"Il n’y a jamais eu autant de monde qu’à cette réunion. Je n’ai pas pu me mettre à ma place habituelle", sourit par ailleurs le dernier nommé. Une commerçante de la rue Taisson avait prévu de s'y rendre, avant d'y renoncer suite à un empêchement de dernière minute. "Quand on demande quelque chose, c'est difficile d'avoir une réponse. J'ai fait la demande pour obtenir un nouveau local plus grand en centre-ville. J'attends toujours", se désole-t-elle. 

"200 à 400 places sont disponibles chaque jour à Alès"

Christophe Rivenq, premier adjoint au maire

À quelques hectomètres de là, dans la partie haute de la rue d'Avéjan, un petit attroupement inopiné de commerçants se forme sur les coups de midi. Ceux qui ont assisté à la réunion de la veille se chargent d'en faire le récit à ceux qui l'ont manquée. "Monsieur Rivenq ne prend pas en compte nos revendications. Il s'autocongratule", peste la gérante d'une boutique. La veille, le premier adjoint au maire a opposé des arguments factuels aux doléances des commerçants relatives au stationnement, écueil principal à la vitalité économique du centre-ville à leurs yeux.

"200 à 400 places sont disponibles chaque jour à Alès", jure pourtant Christophe Rivenq, qui insiste sur la gratuité - pour les deux premières heures - des parkings dits de structure (Martyrs-de-la-Résistance, Maréchale et Centr'Alès notamment). Actuellement, à Alès, la raréfaction des places de stationnement serait en partie imputable à la simultanéité des travaux. À titre d'exemple, l'accès au parking de la rue Balore est provisoirement condamné, tandis que le parking souterrain de l'Hôtel de ville a été réquisitionné pour au moins deux ans au profit du marché provisoire.

"On a eu des réponses concernant le pourquoi du comment au sujet des travaux", concède Thierry Greff. Les retards générés par la pandémie n'y sont évidemment pas étrangers. "Ça devrait se décanter un peu à partir du 11 novembre", se rassure toutefois le dernier nommé. "Christophe Rivenq estime qu’il y a assez de places de parking mais qu’une navette sera mise en place entre JBD et le centre-ville. Il a aussi noté que lors de la Semaine cévenole, malgré la foule, personne ne s’est plaint des parkings", rapporte une commerçante de la Grand rue.

La communication positive pour contrer la morosité ambiante

En la matière, la dernière initiative de la municipalité a été présentée ce mardi soir. Il s'agit de la création d'un groupe de travail visant à distiller de la "communication positive" au sujet du stationnement. "C'est sûr que si on passe notre temps à dire qu'il n'y a pas de places de stationnement, les gens ne viendront pas !", analyse le premier adjoint à l'Urbanisme, qui n'a pas manqué de rappeler à l'auditoire que la capitale des Cévennes enregistre l'arrivée de 1 000 habitants supplémentaires par an depuis 2020. 

"Il y aura une campagne de communication pour inviter les gens à se garer dans les parkings du centre-ville. Ils disent qu’il vont faire leur maximum et veulent rouvrir au plus vite le niveau -3 du parking de l’Abbaye", raconte une commerçante de l'espace Jan Castagno présente hier soir. Une place particulièrement sujette au deuxième écueil pointé du doigt par la majorité des commerçants : la mendicité, laquelle peut parfois s'avérer agressive et pénalisante pour la vie économique.

"La question des marginaux a été traitée un peu rapidement. On aurait pu en parler un peu plus", regrette Thierry Greff, dont le commerce se situe précisément au n°1C de la rue Jan Castagno. "Depuis des années", le dernier nommé milite pour l'installation d'une caméra de vidéo-surveillance dans sa rue. "Il y en a partout en ville, pourquoi pas chez nous ? La résidence s'appelle quand même 'Le plein centre'", s'interroge le gérant de la Maison de la musique.

L'espace Jan Castagno
L'espace Jan Castagno est paticulièrement sujet à la mendicité. • Corentin Migoule

"Beaucoup se sont plaints de la marginalité, des zonards qui traînent en ville. Christophe Rivenq dit qu’il a longuement discuté avec le directeur de la Clède, que ces gens ont un logement mais qu’ils préfèrent être en ville et qu’il ne peut pas utiliser la police pour les déplacer", relate une commerçante anonyme. La police municipale, Thierry Greff l'appelle "au moins quatre fois par semaine". Les zonards fréquemment alcoolisés devant sa boutique ne donnent pas franchement envie aux passants de s'y arrêter. 

"Ils font du bruit et urinent sur les portails ou sur le local poubelles", se désespère le commerçant, tout en rapportant que certains possèdent des chiens de races qui devraient nécessiter le port d'une muselière. Il y a quelques jours, l'un de ses confrères de l'espace Castagno aurait eu maille à partir avec un marginal. "Certains vont péter un plomb. J'en suis presque arrivé à espérer qu'un gros souci arrive car il n'y a que comme ça que ça pourrait faire bouger les choses", admet-il.

Lorsque la nuit tombe, Thierry Greff n'hésite pas à décrire un sentiment d'insécurité qu'il dit ne pas ressentir dans plusieurs centres-villes de la taille d'Alès. "Hier soir pour la réunion, j'ai fait en sorte d'aller me garer au plus près de la salle pour ne pas avoir à revenir au magasin pour chercher ma voiture et passer par ici le soir", lance-t-il en guise d'exemple. "J’aimerais bien avoir cette fameuse caméra avant de prendre ma retraite", ironise le dernier cité.

Une conjoncture "difficile"

Ainsi, plusieurs commerçants de l'espace Castagno songeraient à un déménagement. À Alès, nombreux sont ceux qui, attachés à leur cœur de ville, cherchent la bonne formule pour ne pas le quitter. Les déménagements d'une rue à l'autre dans l'espoir qu'elle soit génératrice d'activité sont désormais fréquents, à l'image de Florazur qui a migré de la place de l'Abbaye à la rue d'Avéjan. Chez Caractère, Frédéric Brunel joue la carte de l'adaptation en misant sur un nouveau concept (relire ici). 

Un commerçant du haut de la rue d'Avéjan s'interroge quant à lui au sujet de la plateforme de e-commerce Alès of courses, lancée en 2020 en pleine pandémie. "C'est le Amazon alésien. Ça partait d'un bon sentiment, mais aujourd'hui ça végète", déplore-t-il. Puisque chacun y va de son analyse pour tenter d'expliquer les difficultés rencontrées par le commerce de cœur de ville, le dernier nommé livre la sienne et admet que la conjoncture est "difficile", citant pêle-mêle le Covid, les grèves liées à la réforme des retraites, l'inflation et un contexte géopolitique incertain.

Le centre-ville d'Alès a pourtant des arguments. C'est en tout cas ce que traduit la participation de la Ville, en septembre dernier, au concours organisé par la fédération nationale des centres-villes (FNCV) visant à récompenser les plus beaux centres-villes commerçants. Les données chiffrées livrées à la Ville par Mytraffic, une société spécialisée dans l'analyse du flux piéton, ont notamment révélé que le centre-ville de la capitale des Cévennes voyait passer 460 000 personnes par semaine en moyenne, soit près de deux millions par mois. Des chiffres qui interpellent les commerçants, lesquels se demandent pourquoi ces passants ne se retrouvent pas en position de dévaliser leurs rayons.

Une montée en puissance des illuminations ?

Plus que jamais, la période des fêtes de fin d'année qui se profile s'annonce capitale pour nombre de commerçants avouant jouer leur survie. Il s'agissait d'ailleurs de l'un des sujets majeurs inscrit à l'ordre de la réunion de la veille. Certains absents ont eu vent d'une supposée suppression des décorations à l'espace Castagno au profit d'une concentration plus importante autour de la place Barbusse et du sapin géant qui reviendra. "C'était écrit noir sur blanc qu'on aurait des décorations de Noël ici", réfute aussitôt Thierry Greff.

Selon nos informations, le diaporama présenté par Christophe Rivenq faisait mention de la formulation suivante : "Le plan d'illuminations est en cours de définition. Prise en compte des demandes d'illuminations place et rue Jan Castagno et place de l'Abbaye." Wait and see se disent donc certains. "Pour Noël, des figurines Disney vont venir en nombre. Je trouve dommage qu’on ne fasse pas appel aux circassiens qu’on a sur la ville car je ne pense pas que ça serait plus cher", exprime Sandra Martinez, fondatrice et caviste de Papilles au nez.

Pendant la durée des fêtes, une navette en vue de transporter gratuitement les clients potentiels du parking du bas du Gardon jusqu'au centre-ville avait été réclamée par les commerçants. La requête a été acceptée par la municipalité. "Ça c'est positif !", se réjouit le président de l'association Alès commerces en ville, laquelle relancera son grand jeu "Passeport de Noël". 

SAPIN GÉANT
Le sapin géant reviendra sur la place Barbusse.  • Corentin Migoule

Le coup d'envoi des festivités de Noël devrait être donné le 2 décembre prochain, avec un spectacle pyrotechnique au dessus du Cratère en guise de point d'orgue de cette soirée inaugurale autour du sapin géant illuminé. Le programme des animations devrait être "plus resserré et plus qualitatif". Il est a priori inspiré d'un livre blanc d'une quinzaine de pages remis en mars dernier par l'Acev à la Ville, lequel compile des suggestions d'animations et de décorations issues d’une enquête réalisée auprès des adhérents de l'association.

"On donne simplement des idées, on ne dit pas que tout est réalisable. Mais le but c'est de s'inspirer de ce qui se fait de bien ailleurs, à Nîmes ou à Montpellier. J'attends de voir ce que ça va donner !", s'impatiente une membre active de l'association, impliquée dans la rédaction du document remis à la mairie. "On leur a mis des photos avec des exemples de scénographies qui pourraient embellir les rues. Il semblerait que le programme des défilés et des parades de Noël sera vraiment étoffé", ajoute le président Frédéric Brunel.

"Je suis content parce que beaucoup sont arrivés à la réunion abattus et sont repartis avec l’envie de se battre", apprécie Christophe Rivenq. Sans forcément le formaliser ainsi, nombreux sont les commerçants qui se raccrochent à la perspective réjouissante des nouvelles Halles de l'Abbaye et à la dynamique globale qu'elles pourraient générer. "Il s’est dit des choses intéressantes (lors de la réunion, Ndlr). Mais tout ceci vaut seulement si on arrive à tenir pendant deux ans le temps que les travaux se terminent", résume une commerçante.

Corentin Migoule et François Desmeures

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