Publié il y a 8 mois - Mise à jour le 29.01.2024 - Boris De la Cruz - 4 min  - vu 3190 fois

ASSISES 30 ans de réclusion dont 15 ans de période de sûreté pour le tueur de la scierie des Plantiers

Photo B.DLC. L'avocat général Bertrand Baboulène réclame 30 ans de réclusion criminelle assortis de 20 ans de période de sûreté. 

Valentin Marcone, 32 ans, comparaît pour un double assassinat. L’avocat général Bertrand Baboulène a réclamé ce lundi en fin de matinée, 30 ans de réclusion criminelle assortis de 20 ans de période de sûreté.

Un double assassinat qui est "une irruption de la folie meurtrière dans le quotidien banal" de la vie d'une petite scierie des Cévennes, estime l'avocat général Bertrand Baboulène. Ce 11 mai 2021, Valentin Marcone tue à l'arme à feu son camarade de travail Martial Guérin et son patron Luc Teissonnière. 

" Cette scène de crime exprime une forme de terreur, c'est brutal, c'est soudain, c'est imprévisible", "avec deux hommes sans aucun problème Luc Teissonnière et Martial Guérin qui se rendent tranquillement au travail", sans savoir qu'ils ne reviendront jamais chez eux, selon le représentant du ministère public. "Il y a des procès qui ne ressemblent pas aux autres, celui-ci en fait parti. L'intensité des faits fera que l'on nommera cette affaire la tuerie des Plantiers", enchaîne l'avocat général qui représente la société. "C'est un procès qui n'est pas ordinaire par la gravité des faits mais aussi par sa personnalité. ll est dans des fausses certitudes, des idées délirantes" et "cette personnalité va contaminer ses proches". "Personne n'a rien vu, on va laisser la paranoïa s'installer". "Dans ce procès j'ai l'impression d'être dans une autre dimension", estime l'avocat général Baboulène qui réclame 30 ans de réclusion criminelle assortis de 20 ans de peine de sûreté. La perpétuité n'est pas requise contre Valentin Marcone car les experts psychiatres estiment qu'il a une altération de son discernement. L'avocat général ajoute une série de peines complémentaire comme l'interdiction de séjour dans le Gard et la Lozère pendant 10 ans pour Marcone après sa sortie de prison, mais aussi la destruction de l'arsenal saisi chez lui. De plus, il est demandé aux jurés gardois, un suivi socio-judiciaire avec 5 années supplémentaires sur sa tête s'il ne respecte pas ce suivi, et de prononcer une mesure exceptionnelle qui vise à connaître l'état de santé psychique de l'accusé un an avant sa sortie afin d'accepter ou pas sa libération en fonction des conclusions des experts. 

La grande émotion des parties civiles.

« 993 jours aujourd’hui que Luc Teissonnière et Martial Guérin se sont fait abattre. 993 jours que le ciel est tombé sur la tête de la famille de Luc et de Martial », estime Me Ludivine Gloriès qui représente avec Maître Rémy Nougier et Me Ortigoza les familles de victimes du tueur des Plantiers ( photo ci-dessous). « Luc est mort mais la scierie est debout ». « À défaut d’être Snipper dans l’Armée il sera le chérif des Plantiers » accablent les avocats des parties civiles. Ce jour-là, ce 11 mai 2021, "Marcone va rendre sa Justice », avec comme résultat deux morts exécutés sans aucune chance de survie. Deux victimes, son patron Luc et son camarade de travail Martial... Deux familles détruites à jamais après ces tirs.

Une personnalité complexe incapable de s'exprimer

" Valentin Marcone ne doit plus exister aux vues des réquisitions " et " pourtant c'est un jeune papa qui avait pour objectif de de travailler et d'être heureux dans les Cévennes en élevant sa petite fille", "d'avoir une vie simple", essaie de convaincre son avocat Maître Florence De Prato (photo ci-dessous avec Me Mordacq). Un homme qui n'était pas connu de la Justice avant de connaître la commune des Plantiers. Là-bas, il va cumuler "les humiliations" avec des problèmes de droit du travail à la mairie des Plantiers qui vont prendre des proportions énormes. "Mais les humilations orales dénoncées par Valentin ne sont pas des vues de l'esprit, elles ont existé au petit village des Plantiers", enchaîne la pénaliste qui pense que la discussion le matin du drame entre le patron de la scierie où il avait été embauché après son échec de titularisation dans la collectivité territoriale et un collègue de travail au sujet de son futur licenciement pour faute est peut être le déclencheur de son action meurtrière folle. "C'est la dernière goutte qui a fait exploser la cocotte minute", estime maître Mordacq.

"Vous allez devoir décider de son avenir et si vous devez l'exclure de la société comme le demande monsieur l'avocat général", reprend son avocat de la première heure Maître Hélène Mordacq. "Valentin c'est quelqu'un de discret, de solitaire, de travailleur. Il n'est pas dans la convivialité, il a une personnalité différente. On le dit bizzare, il est juste différent", poursuit la défense de cet accusé  impassible depuis l'ouverture des débats. " Il a beaucoup de mal à parler, à ressortir ses émotions".  "Depuis sa petite enfance il a des problèmes de dyslexie, de dysorthophonie, à 3 ans il a eu un traumatisme cranien. Puis au collège avec ses difficiltés, il va rencontrer les moqueries, les jets de pierres, le harcèlement scolaire", estime les conseil de Valentin Marcone. "Ce n'est pas un monstre, il est handicapé de la parole", "il a un sentiment de persécution", "il se nourrit de chose réelle avec malheureusement sa perception de la réalité", complètent en coeur les avocats. 

Valentin Marcone a la parole en dernier : "j'assume ce que j'ai fait, je regretterai toute ma vie ce que j'ai fait", avoue-t-il avant que les jurés gardois ne partent délibérer vers 15h20 ce lundi après-midi.

La cour d'Assises présidée par Christian Pasta est revenue vers 17h45 pour rendre le verdict. Valentin Marcone toujours aussi impassible a été condamné à 30 ans de réclusion dont la moitié en peine de sûreté. En outre, il écope d'un suivi socio-judiciaire de 10 ans  avec des soins psys, s'il ne respecte pas le suivi il peut lui être infligé 5 années supplémentaires de prison. Il lui est interdit de détenir une arme, l'arsenal qu'il possédé, a été confisqué par la cour d'Assises qui n'a pas retenu la préméditation. Les jurés gardois ont estimé conformément aux expertises psychiatriques que l'accusée avec une altération de son discernement. Un accusé aujourd'hui âgé de 32 ans, qui n'aura pas à sa sortie de prison, la possibilité de se rendre dans le canton de la commune des Plantiers où le terrible drame plane encore pour longtemps.  

Boris De la Cruz

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