La soirée des mauvais choix. Ce lundi 15 septembre, Yassine aurait certainement mieux fait de rentrer chez lui après avoir bu ses bières. Au lieu de ça, ce coiffeur de 33 ans se dirige vers la place de l’Abbaye, en plein centre-ville d’Alès, direction l’appartement de son ex-compagne où vit sa fille de 7 ans. Il sonne. Sa fille finit par descendre embrasser son père, avant de remonter se coucher. Dans la foulée, c’est le beau-père, Toufik, qui descend de l’appartement pour avoir une explication avec ce papa alcoolisé qui vient voir sa fille à une heure tardive pour un enfant. « Lui aussi a fait une succession de mauvais choix », plaidera par la suite maître Karim Derbal qui défend l’accusé, Yassine.
Les deux hommes se retrouvent donc dans la rue, front contre front. La scène est filmée par les caméras de vidéosurveillance de la ville et les photos de ce tête-à-tête sont diffusées à l’audience du juge Vincent Edel. On y voit Yassine, couteau en main, face à Toufik qui ne se démonte pas, seul, avec ses muscles. Le ton monte. Toufik repart vers chez lui, mais revient en courant quelques instants plus tard avec une barre de fer entre les mains. Il porte un coup à Yassine qui répond avec son couteau. Toufik est en sang, blessé au poignet. Il aura dix jours d’ITT.
Depuis le box du tribunal correctionnel d’Alès où il était jugé en comparution immédiate ce jeudi, Yassine, déjà condamné pour des violences sur son ex, n’assume pas grand-chose. Le couteau sur lui ? « Je mange avec, c’est pour couper le pain. » Et le coup qu’il a porté ? « J’ai levé le bras, j’ai pas fait exprès. Et il m’avait déjà frappé par le passé. Là, il m’a dit ‘Je vais te tuer’. Regardez comme il est costaud, il me fait peur. » « Il ne faut pas inverser les rôles », lui rappelle le procureur Quentin Larroque qui requiert à son encontre un an de prison, dont la moitié avec sursis.
Pour la défense, maître Karim Derbal n’a pas la même lecture du dossier : « C’est une soirée malheureusement classique. On sort du scénario habituel quand le beau-père décide d’aller s’expliquer. Il descend très énervé, il sait qu’il est plus fort que mon client. D’ailleurs, il voit le couteau et il n’a absolument pas peur. » Il reprend : « Il faut qu’on m’explique pourquoi c’est celui qui court avec une barre de fer vers l’autre qui est la victime ? Non, c’est bien mon client qui a été victime d’agression ce soir-là. Je vous demande la relaxe. » Le tribunal ne le suit pas : Yassine est condamné à un an de prison dont six mois avec un sursis probatoire de deux ans. Il est donc maintenu en détention pour les six prochains mois. Et à sa sortie, il lui sera interdit d’entrer en contact avec sa victime, ni de détenir une arme pendant cinq ans. Il faudra couper le pain autrement.