Publié il y a 1 an - Mise à jour le 16.02.2023 - Boris De la Cruz - 3 min  - vu 3981 fois

GÉNÉRAC Le retraité condamné pour une "étincelle" à la disqueuse qui a détruit 255 hectares

À l'été 2022 un incendie a ravagé 255 hectares à Générac

photo archive Objectif Gard

Générac, à la porte de Nîmes, est une commune martyrisée par les flammes. L’été dernier, le 7 juillet 2022, 255 hectares ont été dévorés par un incendie. Un homme s’est immédiatement accusé, mais depuis il nie catégoriquement les faits.

« 255 hectares, c’est 350 terrains de foot », estime Maître Camille Proix qui plaide un préjudice écologique primordial.

255 hectares brûlés

255 hectares brûlés, des centaines de pompiers mobilisés, un soldat du feu blessé et des dégâts considérables sur les propriétés traversées. Ce 7 juillet 2022 restera dans les annales des secours avec des feux sur plusieurs secteurs du département, mais surtout à Générac et dans les Cévennes près de Bessèges.

Le retraité à la disqueuse

Pour le sinistre de Générac, un homme âgé de 80 ans, a été mis en cause. Il est renvoyé devant le tribunal correctionnel de Nîmes pour « destruction involontaire par incendie par une violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité ». Il est celui qui en voyant « les pompiers arriver va se dénoncer en disant qu’il avait mis le feu avec sa disqueuse », affirme maître Laurence Bourgeon pour quatre parties civiles. « Pour le maire et la commune, c’est l’incendie de trop », affirme la pénaliste nîmoise. « Il y a toujours des problèmes sur sa propriété, un feu, des chevaux maltraités », insiste Me Bourgeon.

Un retraité qui était ce 7 juillet, jour du drame, dans sa propriété avec sa disqueuse en train de travailler malgré les interdictions édictées par les autorités. L’affaire au départ semble entendue pour les enquêteurs. Un homme appelle les pompiers, puis explique aux gendarmes qu’il travaillait et qu’ensuite le feu s’est propagé à la vitesse de l’éclair. Le terrain n'est pas débroussaillé et des petites flammes s’envolent à la vitesse de l’éclair. L’homme de main du propriétaire des lieux, qui vit sur le terrain, voit son patron se battre autour de petites flammes qui démarrent de 3 à 4 mètres, au début du sinistre. Ils vont chercher de l’eau, mais le vent fort a permis à l’incendie de prendre à plusieurs autres endroits et dévore en un éclair de temps la végétation alentour.

Le retraité s'accuse

Dès le lendemain du sinistre, l’octogénaire revient sur ses déclarations. « Ce n’est pas moi, je travaillais en bas, le feu a pris en haut, derrière moi ». « C’est peut-être quelqu’un qui a lancé une cigarette, j’ai déjà arrêté des feux à trois ou quatre reprises », dit-il à l’audience ce mercredi 15 février 2023.

Il ne reconnait rien, il nie tout... Non l’origine du sinistre n’est pas liée à son activité ce jour-là. Pour le prévenu, les gendarmes ont mal compris, ils mentent même, il n’a jamais dit qu’il travaillait avec une disqueuse ce jour-là, « ils n'ont pas compris c’était la veille », affirme le retraité. « J’entends des dénégations mais tout l’accuse dans le dossier », complète Maître Bourgeon. « Ce dossier nous plonge plus dans le flou qu’il n’apporte des explications avec un homme qui réfute les éléments les plus évidents », souligne pour sa part Me Claire Soulier.

Sècheresse historique

« Lorsque l’on est dans le Sud de la France, que l’on a 80 ans, qu’il y a une sécheresse historique et du vent, qu’il fait 28 degrés ce matin-là, on sait que le feu est un ennemi », estime le procureur Stéphane Bertrand. « C’est un feu involontaire c’est clair, l’incendie est involontaire mais l’acte est volontaire et l’attitude criminelle », poursuit le procureur qui envoie un message fort en réclamant 6 mois de prison avec sursis. « Cet homme, aujourd’hui, adopte la défense type du parfait coupable en accusant les gendarmes d’avoir écrit ce qu’ils voulaient et les pompiers de l’avoir empêché d’éteindre l’incendie », insiste le procureur Bertrand.

La procédure, maigre et sans juge d’instruction, est vilipendée par la défense. « Une procédure énorme en termes de dommages et intérêts, mais on ne peut pas condamner un homme avec aussi peu d’éléments. Je ne doute pas de l’émotion qui pourrait survenir en cas de relaxe et pourtant la sagesse l’impose », plaide maître Philippe Expert pour le prévenu. Le mis en cause a été condamné après un délibéré tombé dans la soirée de mercredi, vers 21h30, à 6 mois de prison avec sursis. Il est reconnu coupable et ses aveux des premiers instants ont probablement compté double dans cette sanction. Reste pour la suite à établir le préjudice colossal pour les particuliers et la commune. Un autre enjeu qui sera jugé plus tard au civil…

Boris De la Cruz

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