Le 7 janvier 2025 à 11h15, le commissariat de Bagnols-sur-Cèze reçoit un appel anonyme. “Dans le quartier des Escanaux aux alentours de 12h, trois gérants du trafic ont rendez-vous dans le hall d’un bâtiment pour comptabiliser la drogue et l’argent de la veille. Une voiture blanche 208 est garée non loin. Des armes et des produits stupéfiants y sont cachés”, confie la source. La Police se rend alors au deuxième étage d’un immeuble situé en face du hall indiqué par le témoin anonyme. À 12h20, trois individus se rejoignent. L’un comptabilise de la drogue, et les deux autres possèdent une liasse de billets en main. Comme prévu, une 208 blanche était à proximité du lieu de rendez-vous. Lors de la fouille, différentes armes et cartouches ont été retrouvées, mais le propriétaire du véhicule n’a pas été identifié.

Les policiers vont alors interpeller les trois individus. Sofiane a 20 ans, il est arrêté avec 217 grammes de résine de cannabis, 43 grammes d’herbes de cannabis et 27 grammes de cocaïne. Yassine a 22 ans. Il est interpellé avec 950€ en petite coupure. De nationalité tunisienne, il avait reçu une obligation de quitter le territoire français en mars 2024, après avoir été jugé pour violences sur conjoint. Le troisième donne une fausse identité. En réalité, Hadji, 25 ans, est en cavale, après s’être évadé de la prison. Il possède 2 340€ en billets de banque. Le trio va être maintenu en détention, dans l’attente de leur procès.

Le jugement, de nouvelles versions

Le vendredi 14 février, les trois individus ont été jugés par le tribunal correctionnel de Nîmes. Sofiane comparaît devant le tribunal pour détention, offre et usage illicite de stupéfiant en récidive. Il est aussi jugé pour des faits datant du 26 décembre 2024. Le prévenu conduisait un scooter, joint à la main. Suite à un dépistage salivaire, il avait été positif au cannabis et à la cocaïne. “J’avais besoin d’argent, alors j’ai travaillé en tant que vendeur. Mais je ne suis absolument pas un gérant”, soutient le prévenu de 20 ans. Ce dernier a cinq mentions à son casier judiciaire en lien avec le trafic de stupéfiants.

Dans le box, Yassine explique d'où provient les 950€ : “Mon frère m’a envoyé de l’argent pour que je le rejoigne aux Pays-Bas. Je ne faisais que passer par la cage d’escalier, je ne connaissais même pas ces individus. Je n’ai rien avoir avec le trafic de stupéfiant”. La représentante du ministère public intervient : “En garde à vue, monsieur n’a jamais évoqué le fait que cet argent lui servirait à partir aux Pays-Bas. Quand il est interpellé, la calculatrice est ouverte sur son téléphone. Il comptait l’argent, donc il participait au trafic”. Puis, dans son téléphone, des fichiers correspondants à des feuilles de comptes avaient récemment été supprimés. Il comparaît donc pour participation à une association de malfaiteurs et non justification de l’origine d’un bien.

Hadji, lui, s’est évadé à la suite d'une permission de sortie accordée par la justice pour un rendez-vous professionnel. “En prison, je me suis fait battre. Je suis même allé à l'hôpital, car j’étais dans le coma suite aux violences que j’ai subies. J’avais peur d’y retourner. J’avais demandé un transfert de prison, mais je n’ai jamais eu de retour”, soutient-il. “C’est la première fois qu’il évoque cette excuse !”, s’exclame la procureure de la République. L’homme de 25 ans affirme que la somme de 2 340€ est son argent personnel, gagné grâce à du travail au black.

Sofiane a écopé de trois ans de prison, un maintien en détention, une interdiction du Gard pendant cinq ans et l’interdiction de conduire durant 12 mois. Yassine a été condamné à 10 mois de prison et un maintien en détention et Hadji a reçu une peine de deux ans de prison avec maintien en détention.