Publié il y a 1 mois - Mise à jour le 19.02.2025 - Corentin Dimanche - 3 min  - vu 629 fois

FAIT DU SOIR Le tribunal d'Alès fait don de ses objets scellés aux associations locales

Le Tribunal judiciaire d'Alès signe une convention avec le Secours Populaire, le Secours Catholique et la Cède pour leur donner les objets placés sous scellés

Le Tribunal judiciaire d'Alès signe une convention avec le Secours Populaire, le Secours Catholique et la Cède pour leur donner les objets placés sous scellés

- Corenin Dimanche

Grâce à une convention signée avec le Secours populaire, le Secours catholique et la Clède, le tribunal judiciaire d'Alès fera désormais don de ses objets sous scellés, certains "depuis des années". Ordinateurs, vélos et autres taille-haies seront distribués "au fil de l'eau". 

Voilà une belle action où tout le monde est gagnant. Plutôt que de jeter ou détruire les objets placés sous scellés, le tribunal judiciaire d'Alès va désormais les donner à trois associations locales : le Secours populaire, le Secours catholique et la Clède. Parmi les lots à récupérer : des vélos, des téléviseurs, un ordinateur, des poussettes, des cannes à pêche et même des taille-haies, mais aussi de la nourriture confisquée "dans des épiceries clandestines".

 

Une partie des objets placés sous scellés au Tribunal Judiciaire qui seront attribués aux associations
Une partie des objets placés sous scellés au Tribunal Judiciaire qui seront attribués aux associations • Corenin Dimanche

"Ces objets n'ont parfois pas de valeur intrinsèque, mais ont une utilité et peuvent avoir une deuxième vie, avance le procureur de la République, Abdelkrim Grini. Cela fait mal au cœur de les jeter alors qu'ils ont une utilité. J'avais entendu parler de cette initiative lors de mon mandat à Roanne et j'ai tenu à le mettre en place dès mon arrivée à Alès."

"Lorsque le tribunal m'a contacté, j'ai cru à une blague"

Cette initiative soutenue par le président du tribunal judiciaire Simon Lanes a été accueillie sans hésitation par les trois associations sollicitées et sélectionnées pour leur "notoriété et popularité". Jean-Claude Holdrinet, président du Secours catholique du Gard, "pense déjà au soutien scolaire, aux ateliers comme la menuiserie et la couture, aux démarches téléphoniques. Pour les gens qui n'ont pas grand-chose, les télévisions et smartphones sont des liens avec le monde, un lien indispensable de socialisation.

Christian Cordero, responsable du Secours populaire d'Alès, imagine d'avance satisfaire les "énormes demandes de vélos, poussettes et ordinateurs" et la "joie du gamin qui recevra l'ordinateur à 2 000 euros" déjà repéré. "C'est la première fois qu'on travaille avec ce genre d'institution. Lorsque le tribunal m'a contacté, j'ai même cru à une blague, Je ne pensais pas qu'il y aurait autant d'objets", sourit celui qui gère le collectif depuis deux ans. Alors qu'elle lorgne la tente de camping déchirée, Audrey Ozor, responsable de la ressourcerie de la Clède, y voit aussi une action "environnementale et de recyclage".

Une voie de réinsertion

À travers cette action, les responsables juridiques espèrent aussi montrer une autre image de l'institution judiciaire. "À mon sens, une peine utile est une peine qui fait du bien à la société. Il faut donc accompagner cela d'actions concrètes. Et quoi de plus concret que de faire bénéficier des gens dans le besoin de ces objets générés par des actions criminelles ou délinquantes ?, détaille Simon Lanes. La justice, c'est comme la chimie : rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme." Abdelkrim Grini confirme : "La justice, ce n'est pas que sanctionner, c'est aussi tendre la main et aider."

Le procureur de la République Abdelkrim Grini (à gauche) et le président du Tribunal judiciaire d'Alès Simon Lane (à droite)
Le procureur de la République Abdelkrim Grini (à gauche) et le président du Tribunal judiciaire d'Alès Simon Lane (à droite) • Corentin Dimanche

Déjà témoin de l'impact que ce partenariat peut avoir à travers celui entre la gendarmerie et le Secours catholique nîmois, Jean-Claude Holdrinet y voit une "occasion pour l'institution judiciaire de permettre aux populations de se réinsérer au-delà de l'action immédiate d'aide".

Des objets "sans maître" trouvés dans "des cavernes d'Ali Baba"

Ces scellés, non valorisés par le service des domaines de l'État, proviennent de procédures judiciaires et sont dits "sans maître" lorsque le parquet est dans l'incapacité de retrouver le propriétaire. En sortant les objets un à un, dont certains "sont dans la réserve depuis des mois, voire des années", le procureur de la République explique que "la maison d'un voleur multirécidiviste est une caverne d'Ali Baba. Mais il est hors de question de les lui laisser, on lui confisque donc immédiatement." Reste désormais à inventorier et trier, avant de faire "une distribution au fil de l'eau", ce qui permettra aussi à l'institution de se libérer de l'espace. 

Corentin Dimanche

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