ARLES La rénovation urbaine du quartier de Barriol est-elle menacée ?

Patrick de Carolis s'exprime au sujet de la rénovation urbaine du quartier de Barriol.
- Louise GalLes élus de la communauté d'agglomération Arles Crau Camargue Montagnette (ACCM) devaient se positionner jeudi 26 juin sur la charte de relogement et la convention inter-bailleurs dans le cadre du projet de rénovation urbaine du quartier de Barriol.
La charte de relogement et la convention inter-bailleurs définissant la stratégie globale et les engagements de l'ensemble des partenaires signataires (Anru, Département, Action logement, Arles, bailleurs sociaux) ainsi que les objectifs chiffrés de relogement par bailleur dans le cadre de la rénovation urbaine du quartier de Barriol, étaient à l'ordre du jour du conseil communautaire d'Arles Crau Camargue Montagnette (ACCM) du 26 juin. Cyril Girard, élu Changeons d'avenir, a réitéré son argumentaire développé lors du conseil municipal d'Arles du 4 avril dernier. "Je vous mets en garde sur la distance qui est en train de se créer entre les attentes des habitants et le projet que vous portez", alerte-t-il. "Les projets Anru ont pour défaut de porter une vision qui vise à penser que l’aménagement urbain doit résoudre tous les problèmes. C'est une vision passéiste et paternaliste quand on impose aux gens des aménagements dont ils ne veulent pas", estime-t-il, prenant pour exemple la question de la place des Troubadours qui avait suscité une levée de boucliers de la part des habitants lors d'une réunion publique le 5 mars dernier.
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"Concernant la place des Troubadours, nous avons tenu compte de l'avis des riverains et de nouvelles propositions ont été faites, deux scénarios seront proposés au vote des riverains de cet espace durant tout l'été, jusque dans les premières quinzaines de septembre afin de donner le temps à tout le monde de s'exprimer", réplique Erick Souque, vice-président en charge de la Politique de la ville et de l'action sociale. "On sait que c'est une angoisse, notamment pour les personnes âgées, de quitter un logement qu'on a habité pendant des années, dans lequel on a des souvenirs etc... Mais c'est l'occasion de leur en fournir un plus adapté à leur situation actuelle", estime-t-il, ajoutant que la collectivité travaille actuellement sur le futur espace social. "Les maquettes ne sont pas encore faites, mais j'ai souhaité qu'on ait malgré tout une réunion spécifique sur cet espace social à la rentrée pour inclure les habitants."
"On délègue le comité de suivi et le comité de pilotage aux bailleurs sociaux"
Mandy Graillon complète ses propos en précisant que l'un des deux scénarios comprend une voie circulante, et l'autre n'en comporte pas. "Il était de notre devoir d'aller à la rencontre des habitants pour leur expliquer l'intérêt d'une voie circulante qui répondrait à des exigences de sécurité de l'Anru, du commissaire, des pompiers, afin d'éviter les lieux cachés, qui ne sont pas accessibles. Mais si ce n'est pas le choix des habitants, nous n'irons pas contre", assure-t-elle. "Après, il faudra qu'on ait une discussion avec les instances qui financent, l'Anru et les partenaires pour voir s'ils sont prêts à revenir en arrière sur cette exigence", explique l'élue, avant que le président de l'ACCM, Patrick de Carolis, ne réponde à son tour à Cyril Girard. "J'entends vos critiques, rien ne solutionne tout. C'est une succession de décisions qui font qu’à un moment on améliore la vie des gens, mais si on ne le fait pas, on est sûr que cela ne s'améliorera pas."
"Tel que rédigé, on parle de comité de pilotage qui se réunirait une fois par an, c'est trop peu", fustige par ailleurs l'élu Changeons d'avenir qui regrette également que la "place de la collectivité" ne soit "pas assez forte" dans la charte. "On délègue le comité de suivi et le comité de pilotage aux bailleurs sociaux alors que d'autres collectivités ont pris ce sujet à bras-le-corps afin, par exemple, de reloger les gens si les bailleurs n'y arrivent pas", souligne-t-il avant de conclure. "Le relogement, c'est le tendon d'Achille de ce type de projet, cela fragilise les plus fragiles. Ce sont eux qui ont le plus de difficultés à se reloger, à retrouver une place, et cela peut arranger certaines collectivités de se débarrasser des populations les plus fragiles."
Le projet est-il menacé ?
L'élu communiste Nicolas Koukas s'interroge quant à lui sur les difficultés rencontrées par le bailleur social 13 Habitat. "La presse a souligné les retards qui peuvent être pris dans différents territoires. Il va y avoir un changement de président de 13Habitat. Est-ce que les difficultés rencontrées ne remettront pas en cause le calendrier fixé par le président de l'ACCM ?", questionne-t-il. Lucien Limousin, le vice-président en charge de l'Habitat, se veut rassurant : "Les programmes déjà actés ne seront pas ralentis", assure-t-il. "Contrairement à certaines déclarations sur la volonté de l’État de nous suivre et de porter jusqu’au bout ce dossier, je peux vous dire qu’elle est intacte et renouvelée en permanence. Il y a de gros dossiers NPNRU sur notre territoire et le préfet de Région y veille", ajoute Patrick de Carolis.
"Nous avons totalement repris ce dossier, nous l'avons porté au niveau national et l’État s'est engagé à nous suivre à hauteur de 32 millions d'euros. C'est un dossier d'un montant total de 120 millions d’euros, il est extrêmement important, lourd pour le territoire. Il ne faut pas nier les difficultés, le fait que tout ne va pas au rythme que nous souhaiterions. Mais c’est normal", conclut-il. Une réponse bien trop optimiste aux yeux de Nicolas Koukas. "Les projets NPNRU sont menacés par le non-respect par l'État de ses engagements financiers qui pèsent sur l’Anru. Il s’était engagé à verser 1,2 milliard d'euros d’ici 2033, dont 100 millions d’ici 2027 et en décembre 2024 seulement 9 % ont versé. Pire, la loi de finance 2025 n’a prévu aucun crédit supplémentaire après le gel des 50 millions prévus pour 2024 et le président de l’Anru a averti que sans fond supplémentaire d’ici 2026, de très nombreux projets devraient être menacés."