Publié il y a 1 jour - Mise à jour le 24.07.2025 - Stéphanie Marin - 3 min  - vu 795 fois

ARLES Ligne à très haute tension RTE : une première offensive juridique

Le collectif THT 13-30, hier à Saint-Martin-de-Crau.

- S.Ma

France Nature Environnement Bouches-du-Rhône et Vigueirat Nature, membres du collectif THT 13-30, ont déposé plainte contre X pour destruction d’espèces protégées, suite à la découverte de deux cadavres d’Aigles de Bonelli au pied de pylônes de lignes à très haute tension exploitées par RTE.

Une étape a été franchie, celle du débat public encadré par la Commission nationale du débat public, qui s'est achevé le 13 juillet dernier. Le compte rendu est attendu mi-septembre. Le préfet de la région Sud et des Bouches-du-Rhône, Georges-François Leclerc, aura alors trois mois pour prendre une décision concernant le projet de création d'une ligne aérienne à très haute tension (400 000 volts) entre Jonquières-Saint-Vincent et Fos-sur-Mer, porté par RTE, gestionnaire du réseau de transport d’électricité.

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Le collectif THT 13-30, lequel bénéficie du soutien des 40 plus grandes associations nationales de protection de l’environnement, défend avec détermination sa solution alternative, laquelle a fait l'objet d'une tierce expertise présentée à Arles le 2 juin devant près de 800 personnes. Celle-ci repose sur l'enfouissement de la ligne, un projet plus coûteux que celui de RTE — deux fois plus selon le collectif, contre dix à douze fois plus d'après le porteur de projet — mais moins impactant d'un point de vue paysager, environnemental, économique et touristique. Rappelons que le gestionnaire du réseau de transport d’électricité prévoit l'implantation de 180 pylônes de 60 m de haut sur une distance de 65 kilomètres, et cela dans le but de décarboner la production industrielle de Fos-sur-Mer, de préparer l'arrivée de nouveaux acteurs industriels sur le site, ainsi que de faire face à l'augmentation prévue de la consommation électrique dans la région.

FNE 13 et Vigueirat Nature ont déposé deux plaintes contre X pour destruction d’espèces protégées. • S.Ma

Fin 2024, le collectif alertait sur ses intentions d'actionner tous les leviers pour empêcher cette ligne aérienne de sortir de terre, et notamment sur le volet juridique. On y est. Les associations France Nature Environnement Bouches-du-Rhône et Vigueirat Nature ont déposé deux plaintes contre X, après la découverte de deux cadavres d’Aigles de Bonelli (espèce protégée à l'échelle nationale et européenne) au pied de pylônes de lignes à très haute tension (225 000 et 400 000 volts) exploitées par RTE, dans le massif de l’Étoile à Marseille et la montagne Sainte-Victoire à Aix-en-Provence. "Deux zones sensibles de biodiversité, devant faire l'objet d'aménagements ou d'enfouissement des lignes", rapporte le collectif.

Ces faits remontent à 2024 et concernent deux individus femelles âgées de 19 et 9 ans, équipées de balises à l'initiative du Conservatoire des espaces naturels PACA. "Le lien de causalité est certain entre la ligne et la mort des oiseaux. RTE est visé dans la plainte en tant qu’exploitant, mais nous avons porté plainte contre X car l’enquête devra déterminer et établir les responsabilités dans ce dossier", explique Sébastien Mabile, avocat au barreau de Paris, résidant en Camargue.

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Les plaignants soulignent la gravité des faits : "L’Aigle de Bonelli est une espèce extrêmement fragile, qui bénéficie d'un plan national d'action, dont la population a chuté de 40 % en 20 ans. Il ne reste plus que 37 couples en France, essentiellement concentrés sur les régions du littoral méditerranéen. Perdre deux femelles reproductrices jeunes, c’est un coup dur pour l’espèce", insiste l'avocat. Les associations dénoncent "une négligence grave, qui pourrait conduire RTE à rendre des comptes devant la justice".

Une affaire indirectement liée au projet de ligne THT entre Jonquières-Saint-Vincent et Fos-sur-Mer, et "importante parce qu’elle matérialise et concrétise le risque extrêmement grave auquel sont exposées les espèces qui vivent dans le secteur Crau-Camargue concerné par le tracé proposé", poursuit n Mabile. Une zone qualifiée de hotspot de biodiversité par la DREAL PACA, où notamment 400 espèces d'oiseaux ont été recensées. "Donc on trouve aberrant de mettre un tel ouvrage dans un lieu emblématique et autant protégé : quatre zones Natura 2000, une réserve naturelle nationale, un parc naturel régional, etc." intervient Jean-Laurent Lucchesi, biologiste et président de Vigueirat Nature. Et l'avocat de prévenir : "Si, par malheur, cette ligne aérienne devait être créée, nécessairement des veilles citoyennes seraient organisées le long des 65 km de la ligne, sur ses 180 pylônes, pour vérifier et dénoncer toute mortalité d’espèces protégées, de manière à faire condamner les responsables."

Stéphanie Marin

Arles

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