ARLES Retour sur le conseil municipal : avenir du théâtre, plan local de santé, maison de la vie associative...
36 délibérations figuraient à l'ordre du jour du conseil municipal en date du jeudi 26 septembre, quelques-unes d'entre elles ont été le théâtre de digressions.
Le conseil municipal d'Arles s'est ouvert sur un hommage à "une personne importante de la vie culturelle arlésienne", a souligné Patrick de Carolis : Yolande Clergue, épouse du photographe Lucien Clergue, créatrice de la fondation Van-Gogh, décédée le 18 septembre à l'âge de 95 ans. "Nous avons eu également à apprendre cette semaine le décès d'un ancien élu (Rassemblement national, NDLR) de la ville d'Arles, monsieur Jean-Louis Limonta, qui était agriculteur. Là aussi je voudrais qu'on ait une pensée pour lui, sa famille et ses proches", a rajouté le maire.
Enseignement supérieur
S'en sont suivies plus de quatre heures de débats autour des 36 délibérations figurant dans l'ordre du jour mais aussi de sujets inscrits dans l'actualité arlésienne. Frédéric Imbert, adjoint au maire délégué à l'éducation, aux écoles, à l'enseignement supérieur et à la recherche, a pris le premier la parole et présenté le renouvellement de la convention ville d'Arles-Aix-Marseille Université pour l'accueil de formations sur les quatre années à venir. Une première modification dans la durée, "et puis un toilettage aussi puisque les DUT sont devenus des BUT et le master zones humides a été supprimé" faute d'un nombre suffisant de candidats. Selon Jean-Frédéric Déjean bien que "cohérente avec les activités économiques de notre ville", l'offre actuelle "ne saurait satisfaire l'ensemble des besoins de notre jeunesse arlésienne".
Le conseiller municipal d'opposition communiste a ainsi proposé de réfléchir au développement de nouvelles formations, "des licences générales telles que l'économie, les sciences sociales, l'histoire, le sport etc." Un travail en cours a répondu l'élu de la majorité, tout en prenant soin "de ne pas rentrer en concurrence avec des formations qui pourraient être dispensées par le privé". Et le même de poursuivre : "nous travaillons avec des organismes, on pourrait accueillir pour la rentrée 2025 deux établissements d'enseignement supérieur, mais on a un gros problème de foncier. Bien entendu, c'est un axe sur lequel on travaille." Cette délibération a été l'occasion de rappeler, par la voix de Silvère Bastien, élu délégué au projet Arles Créative, l'ouverture d'un "hub créatif" au sein de l'Hôtel Quiqueran de Beaujeu. L'inauguration est prévue mi-octobre.
L'avenue des compagnons d'Emmaüs
L'avenue Abbé-Pierre, un tronçon de la RD570 entre Arles et les Saintes-Maries-de-la-Mer, du rond-point Maurice-Étienne jusqu'à l'embranchement de la route de Salin-de-Giraud, n'existera plus. Après les révélations d'accusations d'agressions sexuelles visant le fondateur d'Emmaüs, la Ville d'Arles a décidé de la débaptiser et de la renommer "avenue des compagnons d'Emmaüs", et ainsi rendre hommage aux nombreux bénévoles de l'association.
Le théâtre d'Arles
Place à la présentation de la convention de partenariat entre les théâtres d'Arles et du Jeu de Paume d'Aix-en-Provence, tous deux dirigés par Dominique Bluzet, dans le cadre du dispositif "Mieux produire, mieux diffuser". Dans les grandes lignes, ce dispositif initié par le ministère de la Culture, a pour objectif la mise en oeuvre d'une politique d'aide et de soutien à la création artistique du spectacle vivant. "Il n'empiète pas sur l'indépendance de notre théâtre mais bien au contraire il permet de bénéficier d'une programmation complémentaire et hors les murs avec les mêmes tarifs", a expliqué Claire de Causans, adjointe déléguée à la culture et à la vie associative. Une convention jusqu'au 31 décembre 2025 qui découle en ce qui concerne Arles, sur une aide financière de "30 000€ et 40 000€ supplémentaires au titre d'une subvention de la Direction des affaires régionales culturelles", a précisé le maire, Patrick de Carolis.
Six élus de l'opposition ont voté "contre" cette délibération, ne manquant pas de rappeler sur le changement de mode de gestion du théâtre, en régie municipale depuis trois ans, la perte de son label scène conventionnée pour les nouvelles écritures, mais aussi le salaire jugé "exorbitant" du nouveau directeur, Dominique Bluzet, rappelons-le 50 000€ par an pour sept jours de travail mensuel. "L'absence de cap, de stratégie pour l'avenir du théâtre" a également été reprochée à la majorité, inquiétude renforcée par une convention signée pour une année, ce qui d'après Marie Andrieu met en doute "la pérennité de la collaboration avec le théâtre du Jeu de Paume." Cyril Girard craint quant à lui une harmonisation des propositions et une "paupérisation de la diversité artistique" avec ce dispositif qu'il juge "commercial". Patrick de Carolis s'est défendu : "cette convention permet de garder notre liberté, si nous voyons que c'est quelque chose qui ne convient pas à nos équipes je me réserve le droit de corriger cette convention, c'est de notre liberté." Quant à la programmation, "nous avons dynamiser la présence des troupes locales sur notre théâtre." Au théâtre comme ailleurs, il n'y a qu'un seul juge, le public.
Le plan local de santé
Le conseil municipal a eu à se prononcer sur le plan local de santé. Une feuille de route ponctuée de 13 axes prioritaires déclinées en 20 fiches actions pour la période 2024-2030. Les objectifs étant de favoriser l'accès aux soins de proximité pour tous, améliorer la prise en compte de la santé mentale, lutter contre les violences physiques et morales etc. Serge Meyssonnier, conseiller municipal (exclu de la majorité) et médecin, a fait connaître son impatience quant à la création d'un cabinet médical à Mas-Thibert. "Vous l'aviez promis", a-t-il insisté. Un local a été repéré lui a répondu le maire, "d'ici quelques semaines, quelques mois, nous pourrons commencer les travaux et essayer de trouver des médecins." Ce qui n'est pas une mince affaire.
De fil en aiguille, les débats ont dévié sortant du cadre du plan local de santé. En réponse à Cyril Girard, livrant sa propre intéprétation de cette feuille de route sous le titre "y a qu'à, faut qu'on" et notamment sur le volet du logement des séniors, Sophie Aspord, adjointe au maire en charge de l'urbanisme, l'aménagement du territoire, du foncier et du patrimoine, a indiqué le développement de trois projets parmi lesquels celui de l'ancien collège Mistral. Les travaux de réhablitation et de transformation en site mixte de services et logements devraient être lancés en 2026.
"Ce que vous faites, c'est une insulte à la démocratie"
Jean-Frédéric Déjean, conseiller municipal d'opposition.
Lors de cette même délibération concernant le plan local de santé, un tout autre débat cette fois-ci engagé par Marie Andrieu, s'est révélé plus houleux. "Quand est-ce qu'on aura un nouveau conseil d'administration de l'EPACSA (Établissement Public Administratif des Centres Sociaux d'Arles, NDLR) et où en est la réflexion sur la gouvernance ?", a-t-elle interrogé. Le conseil d'administration est programmé le 16 octobre. Quelle ne fut pas la surprise de l'opposition d'apprendre l'inscription à l'ordre du jour d'un "accompagnement pour un passage en DSP (délégation de service public, NDLR) puisque la décision a été prise", a révélé Erick Souque, adjoint délégué à l'action sociale. Information qui aurait été communiquée à l'ensemble des agents de l'EPACSA. Et l'élu de la majorité d'inviter l'opposition à collaborer à l'élaboration du cahier des charges et des conditions du passage en DSP.
Malgré la tentative du maire de recentrer les débats sur la délibération initiale, Jean-Frédéric Déjean n'a pu s'empêcher d'intervenir. "C'est l'annonce de ce conseil municipal, vous annoncez comme ça avec une voix douce, que vous allez privatiser les centres sociaux, sans que les administrateurs n'aient pu en débattre. Ce que vous faites, c'est une insulte à la démocratie. Ne comptez pas sur nous pour collaborer à votre projet de privatisation, maintenant que la grande décision est prise." Patrick de Carolis a repris la parole et explicité cette DSP pour laquelle il s'agira de "confier à des associations la gestion de ces centres sociaux comme ça se fait dans 80% des communes en France". "Ce n'est pas une privatisation", a-t-il ajouté. Érick Souque en énumère quelques avantages : "éviter des tracasseries administratives, avoir une réactivité plus importante et des facilités de financements ainsi qu'une implication plus importante des habitants dans la gestion de leur centre social." Mohamed Rafaï n'en démord pas, "continuez à dilapider, à privatiser le moindre mètre carré, le moindre service et croyez que les Arlésiens vous rappeleront à l'ordre."
La maison de la vie associative
Point 12, l'attribution de subventions exceptionnelles à diverses associations. L'occasion pour l'opposition de revenir sur les tensions actuelles au sein de la Maison de la vie associative suite à un refus de prêt d'une salle et l'impression de programmes d'événements à l'égard d'associations adhérentes : la Ligue des droits de l'Homme, ATTAC et L'angerie. L'équipe dirigeante de la MDVA se référant à son règlement intérieur et l'interdiction d'organiser des activités à caractère commercial, cultuel, syndical et politique dans ses locaux.
En cause la diffusion d'un documentaire sur la gestion de la ville de Béziers par Robert Ménard, élu en 2014 avec le soutien du Front national, aujourd'hui Rassemblement national pour la LDH ; une conférence sur la Palestine et une chorale militante pour L'angerie. "Cette réduction des libertés associatives est préoccupante pour notre démocratie locale, s'inquiète Jean-Frédéric Déjean. Je crois que la Ville d'Arles au regard de son soutien matériel et financier se doit de faire office de médiateur entre les différentes parties afin que l'on puisse sortir de cette crise par le haut et garantir à chaque acteur associatif de notre commune, le respect de ses droits les plus fondamentaux."
"J'ai plutôt l'impression que c'est vous qui vous immiscez politiquement dans la vie de cette maison associative"
Patrick de Carolis
Cyril Girard a pris la suite, interpellant le maire comme Marie Andrieu et Carole Fort-Guintoli, lui demandant "de faire tout ce qui est en votre pouvoir pour faire entendre raison à la direction et d'agir sur le bureau pour faire respecter la pluralité, la diversité et laisser les associations faire leur travail." Mohamed Rafaï enfonce le clou. "Si vous ne prenez pas la décision d'interpeller le CA de la Maison de la vie associative, c'est que vous êtes complices de cette histoire qui ne sent pas bon, où on fait taire tout ce qui est liberté et démocratie."
Ce à quoi Patrick de Carolis a répondu : "ce n'est pas à nous de décider si la MDVA fait de la politique ou non, il y a des statuts." Des statuts qui toujours selon le premier édile arlésien ne sont pas nouveaux mais qui datent de l'équipe précédente. "Quand je lis les déclarations des uns, j'ai plutôt l'impression que c'est vous qui vous immiscez politiquement dans la vie de cette maison associative". Fin de ce débat, non sans résistance.
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