Publié il y a 4 mois - Mise à jour le 12.12.2023 - Thierry Allard - 2 min  - vu 13958 fois

FAIT DU SOIR À Laudun, un retraité doit 405 000 euros à la mairie pour une affaire de cadastre

Ladhi Benhamza, 90 ans, est sous la menace d'une dette de plus de 400 000 euros

- Photo : Thierry Allard

Ladhi Benhamza, 90 ans, est un paisible retraité laudunois. Sauf qu’il vit avec une épée de Damoclès au dessus de la tête : une dette de 405 000 euros, qui s’alourdit de jour en jour, vis-à-vis de la municipalité.

Rapatrié d’Algérie en 1962, Ladhi Benhamza s’installe à Laudun-l’Ardoise et, quelques années plus tard, achète une deuxième maison, toujours à Laudun, rue Gustave-Courbet. Or, et c’est une bizarrerie, il s’aperçoit bien des années après que sa maison est partiellement construite sur une parcelle qui ne lui appartient pas, mais qui est propriété de la mairie. Cette parcelle englobe une partie de la maison, une chambre plus précisément.

« On a bataillé pendant une trentaine d’années », souffle une des filles de Ladhi Benhamza, qui ne souhaite pas donner son prénom. Alors en 2001, Ladhi Benhamza décide de marquer le coup et de monter un mur pour délimiter la sienne, de parcelle. Sauf qu’il n’en avait pas le droit, notamment car le mur n’avait pas fait l’objet d’un permis de construire. C’est le début d’une affaire qui se prolonge depuis : la justice lui donne tort, et une astreinte de près de 400 euros par jour lui est appliquée jusqu’à la démolition du mur, ce qui sera fait des années plus tard. Et depuis, même si le volet judiciaire de l’affaire est clos, l’astreinte court, pour atteindre aujourd’hui 405 000 euros. « Cette somme, on ne l’a pas », affirme la fille de Ladhi Benhamza.

« Rien n’est simple »

Résultat, la maison en question est hypothéquée, ce qui a fait capoter sa vente il y a un peu plus d’un an, alors que tout était ficelé. « Et nous, en tant qu’enfants (Ladhi Benhamza a onze enfants, NDLR), si demain papa n’est plus là, nous devons aller devant le notaire et nous allons devoir renoncer à la succession, et laisser les maisons être saisies », s’indigne sa fille. La famille a alors proposé d’acheter la parcelle en question à la mairie, sans succès. Face à cette situation, les Benhamza ont muré la chambre en question, histoire de délimiter symboliquement ladite parcelle.

Aujourd’hui pour la fille du propriétaire, il n’y a qu’une seule solution : que la mairie abandonne sa créance. C’est ce qu’elle a demandé au maire Yves Cazorla. « Il m’avait promis pendant la campagne électorale qu’il clôturerait ce dossier », affirme-t-elle, amère. La dernière entrevue entre le maire et la fille de Ladhi Benhamza s’est, de l’aveu des deux parties, mal passée, et depuis les contacts sont rompus.

Contacté, le maire de Laudun-l’Ardoise ne souhaite pas s’exprimer publiquement sur ce dossier, puisqu’il n’y a « rien de nouveau » selon lui. Tout juste Yves Cazorla conteste avoir fait une quelconque promesse à la fille de Ladhi Benhamza, et dit qu’il « regarde cette affaire. Rien n’est simple, je n’ai aucune animosité envers cette famille, d’ailleurs on ne réclame pas de somme. » C’est l’originalité de cette affaire : la dette grossit chaque jour, mais la mairie n’a pas, en l’état, l’intention de récupérer l’argent. Reste que la situation semble complètement bloquée. « Je suis démunie et écoeurée », souffle la fille de Ladhi Benhamza, qui reste déterminée à trouver une issue à cette vieille affaire.

Thierry Allard

Bagnols-Uzès

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