Publié il y a 11 mois - Mise à jour le 10.05.2023 - Propos recueillis par Stéphanie Marin - 5 min  - vu 521 fois

FESTIVAL Suzane présente Océane

L'artiste avignonnaise, Suzane, jouera pour la première fois à domicile, le 10 juin 2023, à l'occasion du festival de musiques actuelles ID-ÎLE sur l'île de la Barthelasse.  

- Photo : Laura Gilli

Pour la première fois, Suzane jouera dans sa ville natale, à Avignon, à l'ocassion de  la première édition du festival de musiques actuelles, ID-ILE sur l'Île de la Barthelasse les 9 et 10 juin prochains. 

"Allô !" À l'autre bout du fil Océane Colom alias Suzane. Lequel de ces deux prénoms faut-il choisir pour la saluer ? Un simple "bonjour" suffit, la chanteuse embraye immédiatement, se confondant en excuses pour son retard. "J'étais avec un de vos confrères juste avant, c'est la course", s'est-elle justifiée. Deux minutes d'attente, c'est un moindre mal et puis dans le sud, on le sait, jouer la montre n'est pas notre habitude. Suzane le sait aussi, car ce sud, elle le connaît bien, elle y est née et y a grandi aux Angles d'abord puis à Avignon, avant de rejoindre la capitale en 2013. 

La cité des papes lui évoque des souvenirs de famille, de lycéenne, "la team Pasteur, puis la team Mistral", mais aussi le conservatoire du Grand Avignon qu'elle a intégré petite fille. Une enfant, une adolescente, une jeune femme à qui la chanteuse âgée de 32 ans s'adresse dans le titre "Océane" qui ouvre son deuxième album "Caméo" sorti au mois de novembre 2022.

Les adultes avaient tendance à dire que j'étais rebelle, que je faisais tout à ma sauce, que j'étais têtue, obstinée.

Suzane

"À cette gamine, j'ai envie de lui dire de ne rien changer, de ne pas avoir peur. À cette époque-là, les adultes avaient tendance à dire que j'étais rebelle, que je faisais tout à ma sauce, que j'étais têtue, obstinée. Je ne l'ai pas toujours bien vécu. Mais aujourd'hui, dans ma vie d'adulte, je suis heureuse d'être comme ça, de ne pas m'être imposée de rentrer dans des cases, même si ça a parfois été difficile à vivre.

Qualifiée même de marginale quand elle arrête le lycée en Terminale, sans avoir son bac, et se met à rêver d'être chanteuse, Suzane s'accroche à l'espoir "que tout est possible", quitte à passer pour une enfant capricieuse. Preuve en est aujourd'hui qu'elle a eu raison d'y croire, de s'accrocher. En 2018 sa carrière décolle avec ses premiers succès dont L'insatisfait, qui figurera dans son premier album "Toï Toï" révélé en 2020.

Un album certifié disque d’or, une Victoire de la musique de la Révélation scène en 2020, une nomination pour le prix de l’Artiste féminine aux Victoires de la musique 2021 et 323 dates de tournée (dont un Olympia, et de nouveau ce mercredi soir), n'en jetez plus la cour est pleine. Suzane doit ces récompenses, cette reconnaissance à sa détermination, un trait de caractère déjà bien dessiné dans la chanson totem de son premier disque.

"Suzane est mon alter-égo artistique, celle qui me permet de faire des choses, de la musique, sans oublier que la racine de tout ça c’est la petite Océane."

Suzane

"Pour le premier album, j'étais en mode "il faut que je casse tout", c'est un peu mon moment, ce train-là passe, je ne dois pas le rater. Il y a un côté même un peu agressif. Cette chanson "Suzane", était presque un vomi de tout ce que les gens ont pu me dire de négatif." Second opus, changement d'ambiance musicale, l'électro se fait plus discret. Une suite logique renforcée par un virage à 180 degrés : "Cet album est inattendu dans le son, je n'ai pas envie de faire toute ma vie la même recette. L'ambiance est plus solaire dans le sens où j'y ai mis plus d'harmonies, de mélodies, de sons plus doux. Il est peut-être moins épuré et plus fourni que le premier qui était plus minimaliste."

Suzane se révèle donc sous une autre facette, "parce qu'il a fallu que je dise que je suis Océane, il m’a fallu plus de temps pour l’écrire en « Je », de pouvoir me reconnecter à moi-même. Suzane est mon alter-égo artistique, celle qui me permet de faire des choses, de la musique, sans oublier que la racine de tout ça c’est la petite Océane."

Niveau look aussi il y a du changement, la franche repoussée en arrière, la combinaison bleue désormais rangée dans un placard. Elle se raconte certes et à travers son histoire relate celle d'une "Génération désenchantée", clin d'oeil à Mylène Farmer. Elle lâche ses propres mots sur des sujets d'actualité parfois brûlants, le changement climatique par exemple, mais aussi l'immigration avec "Krishna", les violences faites aux femmes dans "La fille du 4ème étage". "Il y a toujours cette volonté de parler des femmes, de l'émancipation. En 2023, ça devrait être acté, mais ce n'est pas le cas."

Les gens pourraient penser que le patriarcat est tombé. Pas d'inquiétude, il est toujours là !

Suzane

Suzane poursuit : "On signifie toujours quand il y a des femmes dans tel ou tel domaine, que ce soit dans la musique, dans l'entrepreneuriat ou autres. Et alors, faut-il toutes les comparer ? C'est chiant, il faut toujours que les femmes soient comparées entre elles, avec les hommes. Il faut qu'il y en ait une ou deux mais pas plus, parce que sinon les gens pourraient penser que le patriarcat est tombé. Pas d'inquiétude, il est toujours là !"

L'artiste en veut pour preuve cette chanson tirée de son deuxième album, "Clit is good" dont le clip a été censuré quatre jours après sa publication sur Youtube. Une chanson qui défend le plaisir féminin d’abord et, plus largement, la place des femmes dans notre société.

En 2023, quand on est une femme et qu'on écrit "Clit is good", on est passé sous silence.

Suzane

"Les chansons sont aussi une manière de voir comment réagit la société. En 2023, quand on est une femme et qu'on écrit "Clit is good", on est passé sous silence. On utilise le corps des femmes pour faire vendre et éveiller le désir des autres, mais jamais on ne parlera de son propre désir et elle ne pourra pas en parler, du moins si elle en parle c'est presque une sorcière à mettre sur le bûcher. Alors que certains artistes masculins peuvent parler de leur sexualité ouvertement et en plus d'en parler, dégrader l'image de la femme sans aucun problème", s'agace-t-elle.

Après "Toï Toï" en 2020, Suzane a sorti son deuxième album "Caméo" au mois de novembre 2022.  • Photo : Boby

Le succès n'a visiblement pas anesthésié l'artiste ni la jeune femme, l'une et l'autre affirmée à n'en pas douter. Ce qui n'empêche pas le trac au moment de monter sur scène. D'autant plus quand c'est à Avignon, "À la casa" pour reprendre une chanson du deuxième album. "J'en suis partie mais pour y revenir encore plus épanouie." Suzane se produira sur la scène du festival ID-ÎLE, face au Palais des papes, de l'autre côté du Rhône, le samedi 10 juin.

Une première à la fois pour cet événement dédié aux musiques actuelles, mais aussi pour Suzane. "Enfin, je joue à domicile, s'amuse-t-elle. Jouer dans ma ville, devant ma famille, mes amis, des connaissances, il y a toujours un petit stress en plus. Ça me donne l’impression d’être à un repas le dimanche et tout d’un coup on me demande de chanter une chanson. Je pense qu’il y aura une réelle émotion."

Le festival ID-ÎLE

Le vendredi 9 juin, soirée rap/hip hop : Dinos, Sofiane Pamart, Jazzy Bazz, DJ Bens. Samedi 10 juin, soirée pop/électro : Kungs, Jain, Suzane, Pi Ja Ma. De 18h à 1h sur l'Île de la Barthelasse à Avignon. Tarifs : 38€/42€ le pass 1 jour, 64€/69€ le pass 2 jours.

Propos recueillis par Stéphanie Marin

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