Publié il y a 5 mois - Mise à jour le 13.11.2023 - Propos recueillis par Stéphanie Marin - 3 min  - vu 240 fois

L'INTERVIEW Frédéric Lespinasse, d'Échanges sans frontières : "Connaître les populations, c'est aussi savoir comment mieux les aider"

Frédéric Lespinasse, président de l'association Échanges sans frontières.

- Stéphanie Marin

Ce lundi, L'Interview est consacrée à une association beaucairoise créée en 2018. Il s'agit de l'association Échanges sans frontières, présidée par Frédéric Lespinasse, un retraité de l'Éducation nationale, qui œuvre pour les familles défavorisées des vallées himalayennes, au nord de l'Inde. 

ObjectifGard : Racontez-nous l'histoire de la création de cette association, Échanges sans frontières. C'était en 2018...

Frédéric Lespinasse : Pendant de longues années, j'ai fait partie d'associations nîmoises d'aide humanitaire liées au Tibet, à l'Inde. Mais il y avait des choses qui ne me convenaient pas totalement dans ces associations notamment le fait qu'il n'y avait pas d'échanges. Collecter de l'argent est une bonne chose, mais connaître et côtoyer les populations, c'est aussi savoir comment mieux les aider. Donc, ça a démarré par de la correspondance avec les enfants du club de baseball de Beaucaire, dont je faisais partie, par ailleurs. Et puis en 2018, il y a eu le désir de fonder notre propre association, en lien avec les domaines de l'éducation et de la jeunesse.

Vous parlez de correspondance, mais avec qui ?

Les jeunes baseballeurs envoyaient des lettres aux enfants de l'institut Ngari que l'on soutient, c'est notre principale action. C'est un pensionnat qui permet aux enfants des familles pauvres ou nomades des vallées himalayennes du Ladakh, du Zanskar, etc., de pouvoir aller à l'école. Si la scolarité est prise en charge à 100% en Inde, les transports ne le sont pas. Comme les gens n'ont pas de voiture individuelle, qu'il y a très peu de système de bus dans l'Himalaya, il faut payer des taxis pour aller à l'école. 

Vous aviez une sensibilité particulière avec cette population qui explique votre engagement ?

Absolument pas ! J'avais déjà fait des échanges humanitaires au Maroc, avec les Améridiens du Canada. Mais c'est lié au hasard, à des rencontres et puis des amis qui voyageaient de leur côté, m'ont dit un jour : "Toi qui aimes le contact avec les gens, comment se fait-il que tu ne sois jamais parti en Asie ?" J'ai eu ensuite l'occasion de rencontrer des membres de l'association Culture tibétaine de Nîmes et grâce à eux, j'ai découvert l'Inde. Au travers de tout ce que nous faisons aujourd'hui, les échanges et les ventes dans nos boutiques éphémères (*), nous essayons de montrer ce qu'est la culture des vallées de l'Himalaya. Après chaque voyage, ça a été le cas encore l'été dernier, je vois avec une acuité parfaite, tout ce qui dysfonctionne ici, qu'est-ce qu'on peut s'em...... pour pas grand-chose !

Une partie des membres actifs d'Échanges sans frontières réunie hier à la salle Saint-Pierre de Rives à Beaucaire, pour une rétrospective des actions menées par l'association. • Stéphanie Marin

Combien de structures ou d'enfants du nord de l'Inde aidez-vous avec l'association Échanges sans frontières ?

Nous avons deux actions pérennes. Dans cet institut Ngari - qui est largement pris en charge par d'autres associations et aides internationales - nous intervenons auprès des étudiants, c'est-à-dire au moment où les adolescents quittent l'institut pour aller à l'université et faisons des dotations en matériel informatique. Parce que sinon ces étudiants suivent les cours sur un téléphone portable. La deuxième action concerne notre filleul, Tenzin Dhuéjom, un jeune tibétain âgé de 11 ans, au TCV (Tibetan Children's Village) de Dharamsala. Les TCV sont de grandes écoles qui sont destinées aux enfants, petits enfants de réfugiés tibétains. Nous payons sa pension, nous lui offrons des cadeaux, sommes attentifs à son évolution, à sa santé, etc.

Pourquoi ce petit garçon particulièrement ? 

Parce que lorsque je me suis rendu pour la première fois au TCV en 2016, j'ai visité la nurserie et ce gamin m'a sauté dans les bras,. Je ne sais pas pourquoi, mais il s'est passé quelque chose. À l'époque, il n'avait pas besoin de parrainage parce que son père militaire pouvait payer sa pension mais depuis sa situation familiale s'est dégradée. Dans les TCV, la pension coûte 1€ par jour. 

Qu'en est-il des échanges ? 

En 2019, en partenariat avec le centre social de Manduel, nous avons amené 12 adolescents de Beaucaire et de Tarascon pendant 15 jours, voir leurs correspondants sur place. Il était prévu en 2021, que des gens de l'institut Ngari viennent en France. Mais la situation sanitaire a fait que ça n'a pu être fait à ce moment-là, ni même en 2022. Nous envisageons déjà d'organiser un voyage pour les adultes de l'association à l'été 2024 ou 2025 et de faire venir des enfants de Ngari, si c'est possible pour Noël 2024. C'est long à préparer financièrement. D'autres actions sont en réflexion, directement dans les vallées himalayennes. 

* Tout au long de l'année, l'association Échanges sans frontières, dont le budget annuel est estimé à 5 000€, organise des boutiques éphémères pour vendre des articles artisanaux fabriqués dans les vallées himalayennes. Un des deux moteurs de l'association avec les dons. 

Propos recueillis par Stéphanie Marin

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