Beaucaire, à une trentaine de kilomètres de la cité des papes. Au bout du chemin de Parafin, non loin de la Roubine royale, une vaste parcelle de terrain, une écurie posée dessus, celle de Gari Zoher. Natif de Tarascon, le cavalier dresseur émérite aujourd'hui âgé de 46 ans, a créé son élevage de chevaux lusitaniens en 1998. L'homme n'est pas très à l'aise devant un parterre de journalistes, bien moins qu'en piste avec ses chevaux, il le concède. Il s'est toutefois livré sur sa passion, son parcours, à l'occasion d'une rencontre orchestrée hier, mardi 2 décembre, par l'équipe organisatrice du festival Cheval Passion (*). Évènement qui célèbrera sa 40e édition sur le thème de la transmission, du 14 au 18 janvier 2026, au parc des expositions d'Avignon.
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Gari Zoher est l'un des maestros du Gala des Crinières d’Or. En 2024, il avait offert une performance inédite sur le sable de la carrière, avec les cavaliers du carrousel des lances de la Garde républicaine. Le Beaucairois se distingue par son goût du défi. Cette fois-ci, il présentera une création avec 19 chevaux dont des poulains "qui participeront pour la première fois à un spectacle", lâche-t-il presque amusé de sa "folie". Mais que l'on ne s'y trompe pas, aucune place n'est laissée à l'improvisation. Comme son parcours, ses spectacles sont le fruit d'un travail acharné.
D'abord happé par les traditions taurines, Gari Zoher décide très jeune de dédier sa vie, au-delà de sa carrière professionnnelle, aux chevaux. Pilou était le nom de son premier poulain, il n'avait que 7 ans quand on le lui a offert. Mais avant de se consacrer à sa passion, il devait - injonction parentale oblige - finir ses études secondaires. Ce fut chose faite, puis direction le Portugal pour être formé par des maîtres équestres. Le cavalier et dresseur multiplie les expériences, dans la tauromachie par exemple, puis au sein d'une compagnie nord-américaine. "Là, j'ai vraiment découvert qu'un cheval pense, réfléchit. J'ai appris la communication", se souvient-il. Dans le même temps, il s'initie au travail en liberté et se perfectionne en Amérique, en Australie, tout en continuant à constituer son élévage de chevaux lusitaniens.
"Aujourd'hui, ici à Beaucaire mais aussi au Portugal, il détient une des plus belles génétiques que l'on puisse imaginer, explique Maurice Galle, co-fondateur de Cheval Passion. Il a su garder les souches maîtresses de tout l'ensemble des élevages." Gary Zoher a dressé les chevaux des plus grands artistes équestres avant de se produire sur scène. Une année à l'Académie Cheval Passion lui a permis de développer sa pratique du spectacle. Sa première représentation aux Crinières d’Or remonte à 2011, avant d'être de nouveau invité en 2014, 2017, 2024 et 2026, donc.
Belèn Bautista participe, quant à elle, pour la première fois à Cheval Passion. C'est même son premier séjour en France. "C'est un honneur de participer à ce salon reconnu à l'échelle internationale, qui perdure et présente toujours des nouveautés", précise-elle. La cavalière espagnole, dotée aujourd'hui d'un palmarès remarquable, est entrée à l’école royale andalouse d’art équestre de Jerez, l’une des académies d’équitation classique les plus prestigieuses au monde, à l'âge de 16 ans. Elle y a été la première et la seule femme pendant 25 ans. Une situation qui a été "compliquée à vivre", souligne-t-elle. "Le mélange entre les cavaliers et les cavalières n'existe pas. J'ai donc très vite travaillé sur un numéro seule. Mais le cheval, lui, ne fait aucune différence entre une femme ou un homme. C'est la façon de travailler avec lui qui est importante."
"Si on veut atteindre ses rêves, il faut travailler dur"
Depuis un an, Belèn Bautista a pris un nouveau virage, en créant sa propre écurie. Elle poursuit l'apprentissage et excelle toujours en compétition. Cette année, elle a remporté le titre de championne d'Espagne de dressage, entre autres. Sa passion pour le cheval lui a été transmise par son père, Antonio Bautista. C'en est devenue une vocation et peu importe s'il faut travailler les jours fériés, très tard le soir, etc., le cheval passe avant tout. "Pour pouvoir le comprendre, il faut passer du temps avec lui, c'est parfois long, concède Belèn Bautista. Mais quand on veut atteindre ses rêves, il faut travailler dur." L'Andalouse interviendra lors d’une table-ronde consacrée à "L’équitation de tradition française, patrimoine de l’Unesco", le jeudi 15 janvier à Cheval Passion et animera le lendemain une masterclass de dressage pour le public.
Cheval Passion, 40 ans
Créé en janvier 1986, le premier Cheval Passion avait accueilli 30 exposants et 40 chevaux... Aujourd'hui plusieurs générations de cavaliers et amoureux des chevaux ont foulé les allées du salon, partageant et transmettant une passion toujours renouvelée. Cheval Passion a révélé de nombreux artistes équestres sur les carrières de spectacle du Cabaret et des Crinières d'Or. L'édition 2026 marque également le 20e anniversaire du MISEC, le Marché international du spectacle équestre de création, un salon professionnel qui permet de mettre en relation les organisateurs de spectacles et les artistes. Avec une fréquentation moyenne de 700 000 visiteurs, Cheval Passion est le 2e événement vauclusien après le Festival d'Avignon.
*Cheval Passion est organisé par Avignon Tourisme et la Ville d'Avignon avec le soutien du Grand Avignon, du Département du Vaucluse, de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur, de la Fédération française d'équitation, de l'Institut du Cheval et de l'Équitation, de DPAE et des entreprises partenaires. cheval-passion.com