Publié il y a 1 mois - Mise à jour le 05.11.2024 - Stéphanie Marin - 4 min  - vu 230 fois

PLAN RHÔNE Des deux rives, de tous bords, un nouvel appel du Grand Delta d'une seule voix

Les élus gardois et bucco-rhodaniens ont lancé un nouvel appel du Grand Delta.

- S.Ma

L'État fait face à une levée de boucliers des élus gardois et bucco-rhodaniens. Ces derniers ont renouvelé l'appel du Grand Delta, initialement lancé au lendemain des inondations causées par la crue « centennale » du Rhône en décembre 2003. Plus de 80 signatures ont été recueillies. 

"J'ai vécu le premier appel. C'est donc très émouvant pour moi de revivre 20 ans après le deuxième. Mais il a autant de force que le premier." Autour de Gilles Dumas, maire de Fourques, vice-président du Symadrem (Syndicat mixte d’aménagement des digues du Rhône et de la mer) et de son président Pierre Raviol, de nombreux élus du Gard et des Bouches-du-Rhône, de tous bords politiques, qui ont décidé de faire front commun. Ce lundi 4 novembre à Arles, ils ont renouvelé l'appel du Grand Delta, initialement lancé au lendemain des inondations causées par la crue « centennale » du Rhône en décembre 2003, par les présidents des régions Provence-Alpes-Côte d'Azur, Languedoc-Roussilon et Rhône-Alpes. Ce qui avait découlé sur le Plan Rhône, mobilisant l'État pour la mise en oeuvre d'une stratégie de prévention des inondations.

Le 3 décembre 2003

Une crue centennale a provoqué d’importantes inondations sur la plaine de Beaucaire et la Camargue Gardoise en rive droite du Rhône et sur la plaine du Trébon et les quartiers nord d’Arles en rive gauche. 227 millions de m³ d’eau se sont déversés, inondant plus de 12 000 personnes et occasionnant près de 700 millions d’euros de dégâts.

Un plan sèchement raboté, puisque dans un courrier récent signé des préfets Bonet et Mirmand, les techniciens de la Direction Départementale des Territoires et de la Mer des Bouches-du-Rhône réduisent à 16 le nombre de kilomètres de digues du Petit Rhône à sécuriser au lieu de 56 prévus dans le 3e Contrat de Plan interrégional État-Régions 2021-2027. Les élus dénoncent un "abandon du territoire."

>> À relire : GARD. Les remous du Plan Rhône : bientôt un "rappel" du Grand Delta

"C'est un coup de massue. L'État agit de manière totalement irresponsable. Sur fond de restrictions budgétaires non avouées, on nous met face à un choix inhumain." Lucien Limousin, maire de Tarascon et vice-président du Département des Bouches-du-Rhône représentant la présidente Martine Vassal, ne décolère pas. Pourtant l’exposition au risque inondation de sa commune comme à Beaucaire et Arles s’est considérablement améliorée suite aux travaux menés côté Grand Rhône. Car depuis 2007, 73 km de digues ont été consolidés, garantissant la protection de 70 000 personnes lors d’une crue équivalente à celle de 2003, contre 15 000 personnes protégées avant les travaux. "Je me déclare solidaire de tous les représentants des communes aujourd'hui touchées par la décision de l'État", a-t-il souligné.

Le Plan Rhône a été construit selon un principe de solidarité amont-aval et entre les différentes rives du Rhône. Une solidarité "remise en cause par l'État", a déclaré Robert Crauste, maire du Grau-du-Roi, président de la communauté de communes Terre de Camargue et président du Syndicat Mixte de la Camargue Gardoise. Les travaux devaient bien sûr commencer en amont. Nous n'avons pas compté ni notre temps pour venir à toutes les réunions ni l'argent engagé par les collectivités pour voir, en confiance, se développer le Plan Rhône. Et là, tout d'un coup, je perds confiance."

Gilles Dumas, vice-président du Symadrem et le président Pierre Raviol.  • S.Ma

Car comme l'a rappelé Gilles Dumas, "si des crues similaires à celles d'octobre 1993, de janvier 1994 ou de décembre 2003 venaient à se reproduire, avant la sécurisation des digues du Petit Rhône, les conséquences pour la Camargue gardoise, la Camargue insulaire et la plaine de Beaucaire seraient a minima identiques à celles vécues lors de ces événements." La solution proposée par la DDTM 13, limiterait les objectifs de protection à 11 700 personnes contre 29 400 prévus. Et Juan Martinez, maire de Bellegarde et président de la Communauté de communes Beaucaire Terre d'Argence d'insister : "Qui prendra la responsabilité devant nos concitoyens si une catastrophe arrivait demain ?

"Nous devons redoubler d'efforts alors que la nature ne cesse de nous rappeler notre fragilité face aux éléments et aux effets du changement climatique."

Lucien Limousin

Ce dernier, comme l'ensemble des élus qui se sont exprimés ce lundi - parmi lesquels Katy Guyot représentante de la Région Occitanie, Emmanuel Taché de la Pagerie, député de la 16e circonscription des Bouches-du-Rhône, Nelson Chaudon, maire de Beaucaire, Julien Sanchez, député européen, Patrick de Carolis, maire d'Arles et président de la Communauté d'agglomération Arles-Crau-Camargue-Montagnette, Mohamed Rafaï, élu arlésien d'opposition - demande à "l'État de tenir sa parole". Et de lancer le démarrage des travaux sur les digues du Petit Rhône, comme prévu sur un tronçon de 26km côté Bouches-du-Rhône et deux autres de 7 et 22km côté Gard.

Pour le premier édile tarasconnais, ce coup de frein de l'État est à contre courant des priorités fixées, celle de la protection des personnes et des biens. "Nous devons redoubler d'efforts alors que la nature ne cesse de nous rappeler notre fragilité face aux éléments et aux effets du changement climatique. La situation est critique, les pourtours de la Méditerranée sont durement touchés par les inondations". Et le même d'avoir une pensée pour les victimes des inondations à Valence et sa région en Espagne.

Le nouvel appel du Grand Delta rassemble quelque 80 signataires.  • S.Ma

Le deuxième appel du Grand Delta rassemble quelque 80 signataires (*). Il sera transmis au Premier ministre, Michel Barnier et à Catherine Vautrin, ministre du Partenariat avec les territoires et de la Décentralisation. Les sénateurs Stéphane Le Rudulier, Laurent Burgoa et Denis Bouad s'en feront les relais ont-ils assuré. "Cette initiative lancée aujourd'hui est la seule qui permettra à l'État de faire machine arrière sur sa décision", a indiqué le sénateur socialiste gardois.

Stéphanie Marin

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