On y pense rarement, et lorsque c'est le cas, c'est souvent top tard et pour les mauvaises raisons. Le débroussaillement et sa saison d'Obligation Légale (OLD) s'ouvre déjà dans le Gard, département sensible et sujet aux incendies, pour mieux les prévenir, puisque ce simple geste peut contenir des départs de feu.

En effet, tous les organismes s'accordent pour dire qu'au moins la moitié des maisons détruites par le feu sont mal débroussaillées. "Avant d'être une obligation avec amende, c'est sa propre assurance, une autodéfense pour conserver, défendre son habitation et opérer une protection collective", avance le Service Départemental d'Incendie et de Secours.

Une première ligne de défense donc contre les incendies, dont 90% sont d'origine humaine, ce que "le grand public a des difficultés à comprendre, tant qu'il ne l'a pas vécu", regrette Christophe Rivenq, maire d'Alès. Il faut donc "travailler sur l'information au public, car les OLD, ça marche", appuie le préfet Jérôme Bonet, soutenu par le maire de Connaux Stéphane Maurin, car "personne ne comprend la loi", et par l'Union Langladoise de Prévention Incendie : "Quand on voit les couts d'une intervention directe des pompiers, il faut peut-être revoir les financements et davantage axer sur la prévention".

Qui doit débroussailler et comment bien le faire ?

Selon la Direction Départementale des Territoires et de la Mer, pour qu'un débroussaillement protège l'environnement et soi-même, il faut une "discontinuité entre le sol et les premières branches, diminuer la quantité de combustibles".

Pour les personnes concernées, à savoir "tout propriétaire ou ayant droit d’un terrain bâti situé à l’intérieur ou à moins de 200 mètres des espaces naturels combustibles", le débroussaillage doit être effectué sur un rayon de 50 mètres autour des constructions, chantiers et installations de toute nature. Il est aussi préconisé de laisser trois mètres entre les feuillages, éliminer la végétation arbustive au sol et laisser un gabarit de passage de 5 mètres par 5 mètres sur la voie d'accès privée de l'habitation.

Du citoyen à l'État en passant par la commune et le département

Les OLD sont supervisés par nombre d'acteurs, dont le SDIS depuis 2017. Mais aussi la DDTM, qui "décline les politiques nationales" grâce à son "bras armé" l'Organisme National des Forêts, sur la zone défense et de sécurité sud, dont fait partie le Gard.

L'ONF peut d'ailleurs s'octroyer des prérogatives de la police pour faire respecter l’article L131-10 du Code forestier dédié au débroussaillement, mais que les maires ont du mal à faire respecter : "Sur 184 administrés contactés par courriers à ce sujet, seule une vingtaine est venue à notre réunion publique. Malgré tout, les débroussaillages sont faits à 80%. Mais le souci, c'est aussi que le bois a beau être coupé, la déchèterie n'en veut pas et on peut pas bruler", peste Stéphane Maurin. 

"Si un méga-feu comme celui de l'Aude survient ici..."

Un respect assidu de la loi par les Gardois qui a permis de ne voir bruler 'que' 650 hectares cet été à travers le territoire. Une saison donc "positive" pour le préfet, car le département est "performant en matières de prévention et interventions et aussi chanceux", à l'inverse de ses voisins régionaux : "Quand on voit, ce qu'il s'est passé dans l'Aude, c'était dramatique. Certaines communes n'y ont pas fait d'OLD depuis six ans, on a vu ce que ça a donné", rappelle l'ULPI, non sans évoquer l'incendie de Bordezac en 2022. L'association est née à Langlade en 1984, suite à une "prise de conscience" provoquée par deux incendies au sein même du village. "Si un méga-feu comme celui de l'Aude survient à Langlade, le village disparait", alerte l'association.