LE DOSSIER On a testé la ligne Nîmes-Dublin : le témoignage de Franck Proust, président de Nîmes métropole
"J'aimerais terminer ce mandat avec des lignes sur l'Italie et l'Espagne", souhaite Franck Proust.
Objectif Gard, le magazine : L’aéroport de Nîmes a ouvert la ligne Ryanair Nîmes-Dublin le 29 mars 2022. Est-ce l’une des liaisons les plus fréquentées ?
Franck Proust : Elle a accueilli 15 312 passagers en 2023. Les lignes les plus fréquentées sont celles vers Bruxelles-Charleroi, Fes et Marrakech qui fonctionnent à l’année. Mais ce qui m’intéresse, c’est le public entrant qui vient consommer ici. 1 € investi, c’est 40 € de retombées économiques par les vols entrants. Pour la ligne Nîmes-Dublin, on a plus d’Irlandais qui atterrissent à Nîmes que de Nîmois qui vont à Dublin et c’est cela qui est intéressant. On est sur 67 % d’entrants et 33 % de sortants.
La ligne Nîmes-Édimbourg avait un pourcentage encore plus haut avec 69,2 % d’entrants. Pourquoi a-t-elle été arrêtée ?
Quinze aéroports sont dans la même situation que nous. Il y a un problème entre la compagnie Ryanair et l’aéroport d’Édimbourg. L’an dernier, à cause de problèmes avec cet aéroport, beaucoup de vols Ryanair ont été annulés et parfois retardés très tard dans la nuit. Cela a engendré beaucoup de frais pour Ryanair. Cette ligne devrait normalement revenir cet hiver.
À Nîmes, j’ai payé 78 € pour quatre jours de stationnement. À Montpellier, le « parc éco » propose 3 à 5 jours de parking pour 35 €. À Marseille, le super éco est accessible à partir de 5 € par jour. Allez-vous baisser le tarif du parking ?
J’ai une discussion actuellement avec Edéis parce que la remontée de nos clients est que le parking est beaucoup trop cher. Parfois, les gens ont plus de frais de parking que de billets d’avion. J’ai demandé à Edéis de réexaminer la tarification. Pour moi le parking est trop cher. Il existe une navette qui relie l’aéroport à la gare routière pour 6,80 €.
Il y a un seul commerce à l’aéroport de Nîmes, le snack Jules. Il vend des mots croisés, mais on ne peut pas y trouver de journaux. Des passagers se plaignent des toilettes. Envisagez-vous un lifting de l’aérogare ?
Depuis un an, il y a une volonté de l’aéroport de se moderniser et de faire des travaux d’aménagements. Edéis va faire refaire les sanitaires du hall. Des travaux de réaménagement permettant d’agrandir les salles d’embarquement de 30 % et de fluidifier les passages des contrôles et des douanes sont prévus.
Dès que l’aéroport aura les autorisations, ils vont me soumettre un plan de travaux. Ils devraient commencer cet hiver pour une inauguration à la saison 2025. On devrait avoir entre 600 000 et 800 000 € d’investissement. Il y a une réflexion au sujet d’un duty free*.
Il y a moins de vols en hiver. Ce ne serait pas plus viable pour les commerces de l’aéroport de faire fonctionner les liaisons Nîmes-Dublin et Nîmes-Londres toute l’année ?
J’aimerais faire tourner les lignes toute l’année, mais on est quand même lié à la décision des opérateurs. L’augmentation des fréquences est une clef pour atteindre nos objectifs qui sont de 400 000 voyageurs par an d’ici 2027.
L’aéroport a transporté 252 000 passagers au total l’an dernier, soit 20 000 de plus qu’en 2019, année précédant la pandémie. Mais l’objectif de 400 000 voyageurs en 2027 est-il jouable ?
On est dans la progression que nous avions donnée à Edéis. Pour atteindre 400 000, il nous faut deux à trois autres lignes. On a un aéroport dimensionné pour cette jauge. 400 000 passagers, c’est l’assurance d’avoir 200 000 passagers qui vont consommer chaque année sur notre agglomération. L’idée est de travailler avec notre délégataire pour ouvrir des lignes vers un profil de touristes qui fréquentent nos territoires. J’aimerais terminer ce mandat avec des lignes sur l’Italie et l’Espagne. Pour l’Italie, l’idéal serait Vérone car Nîmes est jumelée avec cette ville. Easyjet est déjà présent à Vérone, c’est peut-être un peu compliqué. Mais on peut avoir du Milan, du Turin… Tout est possible. En Espagne, les aéroports de Montpellier et Marseille proposent déjà Séville.
L’aéroport de Montpellier a justement annoncé fin avril l’ouverture de six nouvelles destinations. Ce qui leur fait un total de 38 lignes. Nîmes en propose actuellement 6…
On part de beaucoup plus loin. Je ne cherche pas une quelconque concurrence. Mais l’aéroport de Montpellier ne peut pas vivre seul. L’idée qui consisterait à cannibaliser Béziers, Nîmes, Carcassonne, Perpignan est une fausse bonne idée. Je trouve que l’on doit travailler en termes de complémentarité car cela permet à la clientèle régionale d’avoir une panoplie complète. Quand j’étais député européen, j’ai défendu des aéroports régionaux. On ne peut pas regarder l’équilibre comptable d’un aéroport régional, il faut regarder les retombées économiques liées à l’activité aéroportuaire. Je reste convaincu qu’un aéroport est un outil d’aménagement et un outil de développement économique.
Comment comptez-vous développer cet aéroport ?
Dans le monde des aéroports régionaux, Nîmes fait un peu figure d’exemple par la diversité de ses activités. Il y a à la fois du transport grand public, le hub européen et la sécurité civile, mais aussi de la formation avec Icare, Mermoz, D’Alzon et bientôt Conair. Le B46 va bientôt ouvrir, on espère cet automne. Il réunira un certain nombre d’entreprises qui vont travailler sur l’innovation et la recherche liée à la filière sécurité civile. On a un véritable cluster autour de la gestion de risque avec de l’innovation, de la recherche, des entreprises comme AVDEF. Tout cela travaille en synergie.
L’agglo est propriétaire depuis fin février de 86 % du foncier de l’aéroport. Quels sont vos projets ?
J’ai aujourd’hui plus de 1 000 emplois sur l’aéroport. On espère au travers d’un développement lié la sécurité civile avec le hub européen monter entre 2 000 et 3 000 emplois. Depuis que l’agglo est propriétaire du foncier aéroportuaire, on a justement cette possibilité de construire en bord de piste une douzaine de hangars. À partir du moment où vous pouvez offrir des bâtiments bord de piste, il y a énormément d’entreprises intéressées. Là on est obligé de mener une opération technique que l’on appelle le décroisement des réseaux qui va coûter plus de 10 M€. On a aussi acheté 20 hectares au sud de la sécurité civile. Un appel à projets est parti. Avec le maire de Saint-Gilles, on veut des entreprises un peu de haut niveau, avec une qualité environnementale et esthétique.
* Dans les aéroports, les boutiques "Duty Free", c’est-à-dire sans taxe proposent en général cosmétiques, alcools, cigarettes. Mais si on va d’un pays de l’UE vers un autre, on ne bénéficie pas de prix détaxés. Pour vérifier à quelle ristourne on a droit, les caissiers scannent la carte d’embarquement.
EN CHIFFRES
Palmarès des lignes les plus fréquentées à Nîmes en 2023
• Nîmes-Bruxelles/Charleroi 73 212 passagers
• Nîmes-Fès 50 592 passagers
• Nîmes-Marrakech 39 673 passagers
• Nîmes-Porto, entre fin mars et décembre 2023 26 739 passagers
• Nîmes-Londres/Stansted, entre fin mars et début novembre 25 058 passagers
• Nîmes-Édimbourg, de fin mars à fin octobre 18 114 passagers
• Nîmes-Dublin, entre début mai et fin octobre 15 312 passagers
La ligne la plus fréquentée par les touristes est Nîmes-Londres avec :
80,1 % d’entrants pour seulement
19,9 % de sortants
La ligne qui a le meilleur coefficient de remplissage est Nîmes-Porto avec
une moyenne annuelle de
89,5 %.