Le choc a été rude. Bastien, enseignant en lettres, demande à ses élèves de seconde d’illustrer la couverture ou une scène du roman La vie devant soi de Romain Gary. Et là, sur une copie, il discerne le logo d’un logiciel d’intelligence artificielle. « Je me méfiais des textes, pas des images. Une dizaine d’élèves avaient demandé à des IA de générer les illustrations », témoigne-t-il. Il refuse de noter, donne un autre exercice. Il tape un texte et le transforme en voix robotisée. Le cours suivant, il fait asseoir ses élèves et va au tableau de manière très mécanique. « Il y avait un silence inhabituel. » Il lance l’enregistrement. Une voix de femme mécanisée s’élève : « Bonjour chers élèves, je suis le robot qui a remplacé monsieur B. » Elle évoque avec nostalgie ces élèves qui faisaient des fautes mais qui touchaient l’enseignant car ils se donnaient du mal pour progresser. Elle termine en annonçant que monsieur B élève des chèvres en Lozère : « N’oubliez pas de me laisser une note sur Pronote pour évaluer mon cours. » S’en suit « un débat animé » sur ce que devient la société française et son école : « Je leur ai dit qu’il fallait que l’IA soit l’outil et que nous ne devenions pas l’outil de l’IA. »
Laure, enseignante en lettres dans un lycée nîmois, se souvient d’une copie rendue par un élève de bac technologique, une dissertation qui aurait pu être présentée dans une université américaine : « …