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Publié il y a 1 an - Mise à jour le 12.03.2024 - Sabrina Ranvier - 5 min  - vu 308 fois

LE DOSSIER Témoignages : qui se cache sous l’uniforme des réservistes ?

Le brigadier Nicolas est employé au CHU de Nîmes et réserviste dans la gendarmerie. 

- Sabrina Ranvier

Suite de notre Fait du jour publié ce matin à 7h avec des témoignages de réservistes. 

Nicolas : « Je voulais voir autre chose que du blanc »

« Je voulais un peu de nouveauté », reconnaît Nicolas, 38 ans. Il entre au CHU en 2019 comme brancardier. Deux ans plus tard, il postule pour rejoindre la garde nationale chez les gendarmes. Saint-Gilles, Bouillargues, Sommières, le Grau-du-roi… Il a été déployé dans différentes casernes. « On est avec les actifs directement dans l’unité. On peut faire du contrôle routier, de la sécurité, être appelé sur des rixes… », décrit le brigadier Nicolas. Pour le moment, il n’a pu s’investir que 5 à 8 jours par an. La convention signée par le CHU lui permettra d’aller plus loin. Mais son engagement chez les gendarmes lui a déjà permis de proposer d’autres compétences à son employeur. En juin 2023, le brancardier a été affecté au poste sécurité des biens et des personnes de l’hôpital.

Jean-Michel, pompier volontaire et contractuel au CHU de Nîmes, avait toujours rêvé d'être policier.  • Sabrina Ranvier

Jean-Michel : « On fait des interpellations mais on n’a pas le droit de verbaliser »

Jean-Michel porte fièrement son uniforme de la police nationale. Un vieux rêve. « Mon père était CRS, puis a travaillé à la police nationale à Nîmes. Étant gamin, j’avais passé le concours mais j’avais échoué », se souvient-il. Celui qui travaille comme contractuel au PC incendie de l’hôpital de Nîmes est depuis 20 ans pompier volontaire. À 52 ans, il tente de devenir réserviste dans la gendarmerie. Refusé. Dans la gendarmerie, l’âge limite pour signer son premier contrat est 42 ans. Les critères sont différents dans la police qui l’accepte. Maniement des armes, cours magistraux de droit, self défense… Il se forme à la compagnie de CRS de Montauban. Formation complétée ensuite au commissariat de Nîmes. « On est sur le terrain, on part en patrouille avec les titulaires. On fait des interpellations, mais on n’a pas le droit de verbaliser », raconte-t-il. L’an dernier, il a effectué 60 jours comme réserviste. Il arrive à jongler entre ses contrats au CHU, son engagement de pompier volontaire et la réserve. Pour y parvenir, il a un secret : « Ma femme est pompier volontaire et infirmière au CHU. Elle comprend. »

Jonathan, médecin urgentiste au CHU de Nîmes. • Sabrina Ranvier

Jonathan : « Je découvre une autre médecine »

Cet été, ce médecin urgentiste au CHU de Nîmes part à l’étranger. Il ne prend pas de vacances. Le capitaine Jonathan va officier pendant deux mois comme médecin sur une Opex, une opération militaire extérieure en Côte d’Ivoire. Ce praticien hospitalier s’est engagé il y a presque trois ans comme réserviste pour le service de santé des armées. Il est affecté à l’antenne médicale de la légion qui emploie 1 400 militaires à Nîmes. « J’ai choisi de rester dans la fonction publique. C’est vraiment pour venir en aide à une population dans un sens comme dans un autre », déclare-t-il lors de la signature de la convention du CHU le 29 février. Ce jeune quadragénaire, amateur de trail, l'avoue : il aime le mouvement, les choses qui changent, voir d’autres personnes. Avec la réserve, il vit « des moments agréables de partage », découvre une autre médecine. Aux urgences du CHU, il intervient dans l’immédiateté. Au service de santé des armées, il rencontre notamment des légionnaires qui viennent renouveler des aptitudes.

Hanna : « J’ai trouvé une certaine complémentarité »

« Je suis extrêmement fière de servir la santé publique et la garde nationale. Nous partageons les mêmes valeurs ». Hanna, 31 ans, infirmière de bloc opératoire au CHU Carémeau, s’organise pour passer six jours par mois dans l’armée. Elle découvre l’univers militaire lorsqu’elle étudie à l’école d’infirmières. Quand elle évoque son stage à l’antenne médicale du camp des garrigues, son débit de parole s’accélère : « J’ai découvert la notion d’infirmier militaire. J’ai aimé la cohésion, le coaching. On nous faisait faire du sport avec eux. » Un bémol l’empêche de rejoindre l’armée : les mutations. Elle entre donc au CHU en 2017 comme infirmière de bloc opératoire. En 2021, elle s’engage comme réserviste dans le service de santé des armées. Elle intervient comme infirmière de soins généraux au camp des garrigues : « Les deux aspects me plaisent. Pour moi, l’un ne va pas sans l’autre. »

Stéphane : « Je suis chef d’entreprise et réserviste au 503e »

Chef d’entreprise, le lieutenant-colonel Stéphane gère quatre agences de voyage sur la Côte d’Azur. Une centaine de jours par an, il quitte les rivages de la Méditerranée pour une caserne de la plaine des Costières, celle du 503e régiment du train à Garons. Pourtant, il l’avoue dans un sourire, il ne voulait pas faire son service national. « Je l’ai fait dans l’armée de l’air et cela m’a plu », résume-t-il. Convaincu, ce diplômé d’école de commerce, tente d’intégrer le commissariat aux armées. Mais la procédure ne peut aboutir car le diplôme de son école n’est pas reconnu. Qu’à cela ne tienne, il continue une carrière dans le privé, mais intègre en parallèle la réserve opérationnelle. Salarié pendant 30 ans, il est aujourd’hui son propre patron, ce qui lui permet de consacrer du temps au 503e régiment du train. Son poste ? Officier adjoint de réserve, conseiller du chef de corps sur toutes les questions de la réserve opérationnelle. « Parmi les réservistes du 503e, j’ai beaucoup d’étudiants, des artisans, des professions libérales, des salariés, des représentants du secteur de la banque et des assurances, quelques enseignants », énumère-t-il. Le 503e a des partenariats avec les lycées professionnels Darboux, Raimu, qui proposent des bac pro métier de la sécurité ou transport routier. « On a des contacts sur trois ans et on leur fait faire la préparation militaire Armée de terre ». L’an dernier, treize de ces jeunes se sont engagés dans la réserve.

Témoignage

« Certains copains m’ont dit que j’allais être dans la boue » « J’ai toujours aimé le cadre assez carré, les valeurs, se dire que l’on est utile au peuple français ». Toute fine, très discrète, Alicia Foucaud ne correspond pas au cliché du militaire. Plus petite, elle imagine s’engager dans l’armée, mais la perspective d’être mutée régulièrement, ce qui est contraignant pour le conjoint, la freine. Alors qu’elle effectue sa troisième année de bachelor en alternance dans un magasin de pièces automobiles, elle voit passer une offre d’emploi de la délégation militaire du Gard. Après enquête de sécurité, elle débute un master communication et marketing en alternance à la délégation militaire départementale du Gard. « Certains copains de master m’ont dit que cela allait être trop génial, d’autres que j’allais être dans la boue tous les jours, s’amuse-t-elle. Aujourd’hui quand je leur raconte ce que je fais, certains sont jaloux ». Pour aller plus loin, à 23 ans, elle vient de s’engager dans la réserve opérationnelle : « De l’extérieur, l’armée peut faire peur mais ce n’est pas du tout une prison. Je suis épanouie. »

Sabrina Ranvier

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