Publié il y a 1 an - Mise à jour le 27.10.2022 - coralie-mollaret - 4 min  - vu 1020 fois

L’INTERVIEW Candidate au congrès EELV, Marine Tondelier : « Sans justice sociale, il n’y a pas d’écologie »

(Photo : Droits réservés / Christophe Blanquart)

En campagne pour le poste de secrétaire nationale EELV, Marine Tondelier fait étape dans le Gard. Celle qui a affrontée Marine Le Pen aux Législatives dans le Pas-de-Calais est attendue cet après-midi à Nîmes dans le populaire quartier de Valdegour.  

Objectif Gard : Vous êtes cet après-midi à Nîmes. Quel regard portez-vous sur la capitale gardoise ? 

Marine Tondelier : Je suis déjà venue à Nîmes pour mes premières Journées d’été d’écologiste, en août 2009. Je venais d’adhérer, pendant les élections européennes, et dans la foulée, j’avais été candidate aux Municipales partielles du juillet, parce que le maire de ma ville Hénin-Beaumont, Gérard Dalongeville, avait été poursuivi de 18 chefs d’inculpation et révoqué de ses fonctions de maire ! Bref… Nîmes a été un moment fondateur de mon engagement. J’ai d’ailleurs fini par devenir moi-même l’organisatrice des journées d’été du mouvement à la direction d’EELV, de 2014 à 2022.

Vous êtes connue des militants, moins du grand public. Comment vous décririez-vous ? 

Une écologiste parmi les écologistes ! J’ai toujours été là, aussi bien dans les moments de vagues vertes que les moments d’adversité. J’ai un grand sens du collectif et je suis résiliente… Ce n’est pas pour rien que j’ai choisi de rester militer à Hénin-Beaumont (dirigé par le maire Rassemblement national Steeve Briois, NDLR). Il faut rester dans les territoires difficiles, car l’écologie doit être partout. J’ai également été la directrice de campagne d’Éric Piolle pendant la primaire écologiste, et porte-parole de Yannick Jadot pendant l’élection présidentielle : je suis loyale à mon mouvement avant tout.

Vous êtes candidate pour le poste de secrétaire national EELV. En quoi êtes-vous meilleure que vos rivales qui sont d'ailleurs toutes des femmes ? 

Je ne peux pas parler de rivalité en interne… Aujourd'hui dans ce congrès, je suis très fière que mon parti n’aligne que des femmes. Pour les connaître toutes, elles ont toutes leur place à la direction de ce parti.

D'accord, mais qu’est-ce qui vous distingue des autres ? Les militants doivent vous départager... 

Je suis à la direction depuis dix ans. Les militants savent qui je suis. Ils m’ont vu arriver, me former, progresser. Ils me connaissent par cœur et n’auront pas de mauvaise surprise… Je n’ai jamais quitté le navire EELV, même quand ça tanguait très fort. Je serai toujours là et je saurai faire travailler tout le monde ensemble.

Quelle ligne stratégique défendez-vous pour EELV ?

L’écologie populaire. Je vois bien que notre message n'est pas reçu par tous les Français. Ça nécessite une remise en question de notre part. La motion que je soutiens au congrès EELV s'appelle « La suite ». Elle illustre une volonté de renouer avec les ruralités, les classes et les quartiers populaires. C’est en ce sens que je me suis beaucoup déplacée en France, et rien que cette semaine à Marseille, Montpellier et aujourd’hui à Nîmes. Les personnes qui sont dans la précarité sont celles qui souffrent le plus du dérèglement climatique. D'ailleurs seulement 6,2 % des logements sociaux en France ont bénéficié de travaux de rénovation énergétique. Le logement social qui est censé protéger propulse les personnes dans la précarité. Sans justice sociale, il n'y a pas d'écologie.

Comment voyez-vous l'avenir de la Nupes ? 

Nous avons connu un succès relatif. La Nupes nous a permis d'avoir le plus gros nombre de députés écologistes avec 22 élus. Toutefois, il n'échappe à personne que Jean-Luc Mélenchon n'a pas été élu Premier ministre... Aujourd'hui, il faut que chaque parti cultive son jardin. C'est comme ça que nos futures coalitions seront encore plus fortes.

Aux prochaines élections européennes, les écologistes présenteront une liste autonome ? 

Nous voulons qu'une liste écologiste soit présente. Cela ne veut pas dire que l’on est seul. Des personnalités et personnes d'autres horizons peuvent nous rejoindre.

L'une de vos rivales, Mélissa Camara, est soutenue par la députée Sandrine Rousseau, qui fait beaucoup parler d’elle en ce moment. Craignez-vous sa candidature ou est-elle trop radicale, trop clivante pour l’emporter ? 

La radicalité n’est pas un concours ! Nous avons en commun la volonté de mettre en œuvre un projet de rupture, un projet radical. Nous devons aussi être radicaux dans notre loyauté et notre sens du collectif. Parce qu'aujourd'hui, nous sommes incapables de dire à des enfants nés cette année si la planète sera habitable dans 30 ans ! Cela nous oblige. Nous ne devons pas nous disperser dans les polémiques.

À la dernière Présidentielle, le candidat Yannick Jadot a fait moins de 5 %. Comment expliquer ce faible score alors que le dérèglement climatique n’a jamais été autant palpable ? 

Comme je vous ai dit, notre message n’est pas arrivé au destinataire. Une Présidentielle doit se préparer pendant 5 ans. Or en 2017, nous n'avions pas de candidat au scrutin et derrière, plus de député à l'Assemblée nationale. Il nous restait seulement 4 000 adhérents dans toute la France... Puis, nous avons opéré notre remontada avec les élections européennes en 2019 et les élections municipales en 2020. Certaines victoires nous ont émus aux larmes parce que nous avons démontré que nous sommes capables de changer la vie de millions d'administrés.

Le parti a été éclaboussé par les accusations de violences psychologiques de Julien Bayou, ex-secrétaire national et député de Paris. C’est d’ailleurs l’un de vos soutiens...

Beaucoup d’historiques du parti me soutiennent. Ils me font confiance, quelque soit leur parcours militant. C’est le cas de Noel Mamère, d’Eva Joly, de David Cormand, de Dominique Voynet, de beaucoup de parlementaires et de la plupart des maires écolos.

Propos recueillis par Coralie Mollaret

coralie.mollaret@objectifgard.com 

Coralie Mollaret

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