Publié il y a 8 mois - Mise à jour le 22.01.2024 - Norman Jardin - 2 min  - vu 3570 fois

NÎMES La vie insalubre dans l’ancien hammam devenu un squat pour migrants

Une centaine de migrants squatte l’ancien hammam

- Norman Jardin

Une centaine de migrants ont trouvé refuge dans un hammam désaffecté du quartier de Valdegour où ils vivent dans des conditions déplorables.

Djibril est arrivé de Guinée, il y a cinq mois • Photo : Norman Jardin

« J’ai 16 ans, et suis venu ici pour plein de raisons, mais je veux surtout faire des études en France. » Mohamed vient d’arriver de Côte-d’Ivoire, après un périple qui l’a fait traverser une partie de l'Afrique et l’Italie. Depuis ce mardi, il posé ses valises, ou plutôt ses quelques affaires dans un hammam désaffecté du quartier de Valdegour. C’est avec beaucoup de tristesse dans les yeux que le jeune homme découvre sa nouvelle vie. Loin de son pays natal et de sa famille, Mohamed a rejoint une centaine d’autres Africains, qui sont la même situation que lui.

Chaque pièce du bâtiment est exploitée • Photo : Norman Jardin

Un petit coin cuisine improvisé • Photo : Norman Jardin

Pas d'électricité ni de chauffage 

L’ancien lieu de détente est devenu un squat où les migrants trouvent refuge. Mais le bâtiment ne les abrite que de la pluie, car les conditions de vie sont particulièrement dures. Il n’y pas d’électricité et donc pas de chauffage, pas d'isolation et c’est un seul robinet, situé à l’extérieur, qui sert d’unique point d’eau. Un coin cuisine, avec une vieille gazinière, permet tout de même de faire réchauffer des plats ou du café, mais l'hygiène est défaillante. À divers endroits, des coins du bâtiment sont dédiés à la prière. Mais la plus grande partie de la surface est recouverte de matelas où ils sont une centaine à passer la nuit, tant bien que mal.

Des petites surfaces sont dédiées à la prière • Photo : Norman Jardin

« Le plus difficile à supporter, c’est le froid. La nuit on se cache sous plusieurs couvertures »

« Le plus difficile à supporter, c’est le froid. La nuit on se cache sous plusieurs couvertures », explique Djibril. Il a traversé le Mali, l’Algérie et la Tunisie avant de débarquer à Marseille, il y a cinq mois. « J’aimerais pouvoir travailler car j’ai un métier, je suis électricien, mais il me faut des papiers », précise le Guinéen qui affirme être âgé de 17 ans. Djibril est un peu perdu, car il ne connaît personne en France « Mais on peut compter sur des associations qui nous aident pour manger et trouver des vêtements », rajoute-t-il. Aujourd’hui, l’enjeu est de déterminer l’âge des migrants et le conseil départemental doit leur faire passer une évaluation.

Un feu de bois pour trouver un peu de chaleur • Photo : Norman Jardin
Un robinet à l’extérieur, pour unique point d’eau • Photo : Norman Jardin

La balle est dans le camp du conseil départemental 

Visiblement la démarche n’est pas simple et elle prend beaucoup de temps. « À la Croix-Rouge, nous n’avons pas le droit d’héberger des mineurs isolés, c’est la compétence du Département. Mais on les aide sur le volet alimentaire. Ils viennent manger dans notre restaurant social de la rue Sainte-Catherine », souligne Malik Berkani, le directeur du pôle lutte contre les exclusions à la Croix-Rouge du Gard. Pendant ce temps, dans une petite impasse nîmoise, des jeunes Africains, venus chercher une vie meilleure se réchauffent en brûlant du bois dans un bidon. Ce soir, sous leurs couvertures, ils lutteront contre le froid. Puis, demain, tout recommencera.

Norman Jardin

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