Publié il y a 10 mois - Mise à jour le 08.11.2023 - Anthony Maurin - 4 min  - vu 426 fois

TOROS Christophe Chay écrit la grande histoire du CFT

Christophe Chay (Photo Anthony Maurin).

Le journaliste Christophe Chay a écrit un livre qui retrace les 40 ans du Centre français de tauromachie créé par Christian Le Sur en 1983.

Christophe Chay (Photo Anthony Maurin).

« La genèse du projet date de novembre 2021 quand Christian et Sophie Le Sur ont voulu célébrer les 40 ans du CFT avec quelque chose qui reste et qui laisse une trace. Ils m’ont parler d’un livre, d’un recueil des témoignages de ceux qui ont fait l’histoire du CFT. » Christophe Chay accepte le projet et se met en quête des plus de 40 personnages qui délimitent au plus près les contours de la structure au fil des décennies. « J’avais une liste de contacts plus resserrée que les mille membres ! Mais Christian avait peur qu’on n’y arrive pas tant la masse de travail était colossale. »

Le journaliste connaît son boulot et dans les toros c’est une vraie pointure, une bible, une référence unanimement saluée. Il faut cependant se prêter à un jeu peu agréable mais qui fait partie de l’aventure. « Réaliser des entretiens est une chose compliquée… Il faut caler les rendez-vous, parfois on vous pose un lapin, certains ne peuvent pas alors on le fait en visio. Mais une fois que tout est calé et que l’entretien débute, c’est un vrai plaisir. J’ai appris beaucoup de choses. »

Christophe Chay (Photo Anthony Maurin).

Christophe, à l’époque de la création du CFT, est Arlésien. Il n’est même pas passionné par les toros, cela viendra plus tard. Le CFT est un pur produit nîmois et la réalisation de cet ouvrage lui a ouvert d’autres connaissances. « J’étais plus proche de l’école taurine d’Arles quand j’ai commencé à m’intéresser aux toros. Je n’avais pas encore la connaissance de ce que faisait le CFT que j’ai surtout découvert pour ses 20 ans, j’étais devenu Nîmois (sans pour autant perdre sa nationalité arlésienne, NDLR). » 

Dans les toros, avant d’obtenir la parole des gens, il faut montrer patte blanche et bien armado. « Il fallait gagner la confiance des anciens car je voulais qu’ils apportent leurs souvenirs, des photos, des textes, des contrats, des coupures de presse… Des documents précieux dont j’ai pris soin et que j’ai intégralement restitués rendu car ces souvenirs sont merveilleux ! J’ai compris que certains me confiaient une part d’eux-même alors j’ai voulu être respectueux dans le rendu de leurs témoignages. »

Le livre du CFT et l'expo qui allait avec (Photo Archives Anthony Maurin).

Maître Chay tel un maître chai bonifie la matière première et raconte une belle histoire. Avec lui, gageons que le passé est « de garde » et qu’entre ses lignes rien n’est à jeter. Comme dans toutes les bonnes histoires, il y en a pour tous les goûts mais une chose réunit l’assemblée taurine. « Certains ont radicalement coupé avec les toros, d’autres s’en sont éloignés, beaucoup se sont toujours tenus informés et d’autres sont encore dans le métier. Quoi qu’il arrive, quand on sort des toros on se rend compte qu’il manque quelque chose dans la vie. Ils sont tous revenus chercher la cassette de leur enfance enterrée au fond du jardin. C’est avant tout une histoire d’amour qui est parfois mise entre parenthèses, l’amour de jeunesse, la graine qu’on a plantée et qui a grandi quand même. »

« l’histoire reprend son cours… et ils en parlent avec la même passion », plutôt que « ils ont parlé ». Ensuite, « au temps d’internet et de la dématérialisation, les écrits sur papier restent ! ». Ensuite, « ce livre, avec ces histoires et ces anecdotes inédites, est un coffret de pépites ».

En 40 ans, des histoires, il y en a sans doute des milliers mais il n’a pu qu’en effleurer quelques-unes malgré l’épaisseur du volume. Les parcours sont divers et surtout variés. « Certains ont eu de l’amertume envers un professeur ou l’école elle-même mais l’histoire, même si on la stoppe, reprend son cours. La flamme des souvenirs s’allume dans leurs yeux quand ils m’en parlaient. C’est difficile à retranscrire ça… »

Les 22 matadors de torosqui sortent du CFT (Photo Anthony Maurinn).

Le slogan du CFT est « L’école de la passion ». Logique. Pour que cela soit mis en exergue, il a fallu laisser vivre les interviews pour que le lecteur puisse se rendre compte de la force du propos. « Tous avaient la même grille de questions mais parfois je relançais pour aller plus loin. Au temps d’internet et de la dématérialisation, les écrits sur papier restent ! Il fallait  un équilibre entre les trois grosses générations qui se sont succédé durant 40 ans au CFT. Ce livre, avec ces histoires et ces anecdotes inédites, est un coffret de pépites ! »

On ne sort jamais vraiment indemne d’un tel travail. Les ethnologues s’immiscent dans la vie des peuplades. Mais Christophe Chay faisait déjà partie de la tribu. Il a cependant été touché par de nombreux témoignages. « La rencontre de ces générations a été formidable ! Ce livre permet, par exemple, à Maxime Ducasse de parler de son histoires aux jeunes générations. Juan Villanueva qui partait en costume-cravate, faire de l’auto-stop à Nîmes-Ouest, pour rallier Valencia pour endosser le rôle ingrat de maletilla puis de novillero sans picadors… Ils avaient faim, l’accès à la tauromachie n’était vraiment pas le même. Dans le livre on voit l’évolution du métier, l’impossible rêve, la passion. Les temps changent d’une génération à l’autre, mais le dialogue entre elles demeure. »

Un livre d’éthologie humaine, d’ethnologie taurine. Un livre de près de 450 pages qui retrace 40 ans d’une passion commune.

Le livre est disponible à la vente à la librairie L’Itinéraire, 5 rue des arènes ainsi qu’à la galerie Yann Pérez, 22 rue Fresque, toujours à Nîmes. Il est également possible de le commander par voie postale, en envoyant un chèque de 30 euros + 10 euros de frais de port à l’adresse suivante : Centre français de Tauromachie, 57 rue Roussy, 30 000 Nîmes.

Anthony Maurin

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