Ce choix politique paraît anodin. Et pourtant… Son symbole en dit long sur notre société. Ce samedi, les conseillers municipaux vont choisir le nom du futur parc implanté sur les anciennes pépinières Pichon. Historique du RPR, le maire Jean-Paul Fournier a souhaité baptiser ce parc « Jacques-Chirac », en hommage à l’ancien président de la République. Le lancement des travaux, la semaine dernière, s’est même fait en présence de son petit-fils, Martin-Rey.
Cette nouvelle dénomination n’est pas franchement du goût de son opposant et candidat aux municipales Vincent Bouget : « Ce nom efface la mémoire et l’histoire de la ville et, en l’occurrence, de la famille Pichon. J’avais demandé depuis le début que le parc porte leur nom. » Pas question pour Jean-Paul Fournier qui lui avait répondu, en conseil municipal, que les héritiers Pichon avaient plus « mis des bâtons dans les roues » que contribué à l’aboutissement du projet. D’ailleurs, Jean-Paul Fournier ne sera plus maire lors de l’inauguration.
Ce désaccord sur la dénomination d’un espace public rappelle celui de la place de l’Abbé-Pierre, près de la cathédrale. Il y a un an, après les accusations concernant des faits de violences sexuelles, la ville de Nîmes choisit de rebaptiser la place « Mère-Teresa ». À l’époque, l’opposition de gauche avait une autre idée : le nom d’Odile Assmann, fondatrice de l’association La Table ouverte. Cependant, la maire de Nîmes accepte d’apposer le nom d’Odile Assmann sur un square, non loin du siège de l’association. « Depuis, il ne s’est rien passé… », commente Vincent Bouget.
Reflet de notre société
Ce samedi, en conseil, l’édile pourrait réagir à la dénomination du parc Jacques-Chirac : « Ça tombe du ciel ce nom… Oui, ce président a eu un discours, à un moment, un discours écologique, mais ce n’était pas non plus le premier écolo de France ! » Et de pointer : « À Nîmes, il y a l’avenue Georges-Pompidou, l’esplanade Charles-de-Gaulle, le Carré d’art Jean-Bousquet… » Et bientôt, le Palais des congrès Jean-Paul Fournier ? Le choix des noms « marque politiquement la ville. En région parisienne, j’ai joué sur le stade Lénine ! »
Le nom de rues, principalement masculin, prouve encore que la place des femmes dans la société n’est toujours pas égale à celle des hommes. Partagé par tous, l’espace public ne doit-il pas, au-delà des grandes figures incontournables, refléter notre société contemporaine dans sa diversité ? Et ainsi, contribuer à renforcer notre identité commune et autre sentiment d’appartenance…