Politique
Publié il y a 1 an - Mise à jour le 31.01.2023 - Propos recueillis par Corentin Migoule - 4 min  - vu 3817 fois

L'INTERVIEW Sébastien Migliore : "Il ne faut pas que la lutte contre la réforme des retraites devienne un combat d'arrière-garde"

Migliore

"Beaucoup de salariés se font avoir sur leurs otisations", affirme Sébastien Migliore. (Photo Corentin Migoule)

Accompagnant éducatif et social, pompier volontaire et syndicaliste actif, Sébastien Migliore a été élu secrétaire national du jeune parti République souveraine en novembre dernier (relire ici). L'adjoint au maire de La Grand'Combe, qui n'a jamais caché son ambition politique, revient sur ses premières semaines à la tête du parti fondé par Georges Kuzmanovic et se prononce sur l'actualité, en donnant notamment sa vision sur la lutte contre la réforme des retraites qu'il soutient tout en émettant un bémol. Interview. 

Objectif Gard : Vous êtes depuis le 27 novembre dernier le nouveau secrétaire national du parti République souveraine. Quelles sont vos premières actions dans cette fonction ?

Sébastien Migliore : Après mon élection, on s'est réuni pour attribuer des rôles bien précis à chacun. J'ai eu la chance d'être propulsé à la tête de la vie du mouvement, qui est l'organe principal de la stratégie politique du parti. Concrètement, ça consiste à structurer le mouvement dans les départements et les régions. Former l'ensemble de nos responsables locaux et travailler avec d'éventuels partenaires politiques aux futures échéances électorales. C'est une énorme confiance que m'accorde le président, Georges Kuzmanovic.

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"Beaucoup de salariés se font avoir sur leurs otisations", affirme Sébastien Migliore. (Photo Corentin Migoule)

Votre parti a récemment organisé à Paris un grand débat sur la thématique "Face aux crises, fixer le cap et reconstruire". Lors de ce rendez-vous politique, vous rapportez que "70% des participants avaient moins de 40 ans". Comment parvenez-vous à capter un auditoire aussi jeune ?

C'est vrai qu'on a la chance d'avoir beaucoup de cadres jeunes. 80% d'entre eux ont moins de 30 ans. Dans un parti politique, on dit toujours que la jeunesse, c'est l'avenir. Donc, je pense qu'il va falloir compter avec nous dans les prochaines années. Georges Kuzmanovic préparait ce rendez-vous depuis des mois. C'est la qualité des intervenants qui nous a permis de réunir autant de personnes, dont une majorité de jeunes. Quand on arrive à réunir dans la même salle Henri Guaino, Emmanuel Todd, Stéphane Roses ou encore Loïk Le Floch-Prigent, ce n'est pas anodin. D'ailleurs, pour l'anecdote, il y avait dans la salle des journalistes du Figaro et de Marianne qui se demandaient comment on avait constitué un tel casting. 

"Tous les jours, des salariés se font avoir sur leurs cotisations"

S'il fallait résumer cette journée de débats, que faudrait-il en retenir ?

Pour être clair et simpliste, j'ai bien aimé la formule d'Emmanuel Todd qui considère que "l'humanité a deux grands problèmes devant elle : le réchauffement climatique et les États-Unis". Il résume très bien ce que je pense, que ça soit sur la question de la guerre en Ukraine et sur la question des énergies. Dans ma réflexion, les États-Unis jouent un drôle de jeu. Ce pays est central dans ces conflits et s'il y a bien un qui s'enrichit et voit de bon augure la déstabilisation de l'Europe, c'est les États-Unis. Après, la question de la souveraineté industrielle de la France est beaucoup revenue sur la table. On ne peut pas être un pays avec tant de compétences et avoir tout délocalisé au point de n'être même plus capables de fournir des médicaments ou des masques. 

Localement, la lutte contre la réforme des retraites s'organise. Le premier acte de la mobilisation a été un franc succès avec plus de 8 000 manifestants à Alès. Quelle est la position à ce sujet de l'ancien membre actif de la CGT que vous êtes ?

Ça me rappelle de très beaux souvenirs et j'invite tout le monde à participer à la mobilisation ce 31 janvier. Je souhaite qu'on remporte cette lutte contre la réforme des retraites. Mais en même temps, comme pour la question des États-Unis, je dis qu'il ne faut pas être naïfs. La retraite, c'est l'aboutissement d'une carrière professionnelle. Mais tout au long de sa carrière, et je le vois de plus en plus en étant syndicaliste (chez Force Ouvrière, Ndlr), je me rends compte que les gens ne savent pas lire une fiche de paie, ne connaissent pas leurs accords d'entreprise, ni leur convention collective. Ça va poser des problèmes et ça en pose déjà ! Il y a des cas d'associations ou d'entreprises qui ne cotisent pas à hauteur de ce que leurs salariés travaillent. Et c'est dommage qu'aujourd'hui, sur le plan national, que les syndicats ou les partis politiques ne se saisissent pas de ce sujet. Il ne faut pas que la lutte contre la réforme des retraites devienne un combat d'arrière-garde. Le combat doit se mener tous les jours dans les entreprises. C'est en connaissant leurs droits que les gens pourront aspirer à une bonne retraite !

"Ça sera un tournant dans le conflit"

Cela serait lié à une méconnaissance de ces derniers pour ce qui a trait au Code du travail et à l'absence de personnes "ressources" en la matière pour les assister ?  

Il est clair que le salarié lambda est en difficulté à ce sujet. Mais aujourd'hui, dans nos propres troupes, qu'elles soient syndicales ou politiques, il n'y a plus de formations de haut niveau. Je vais être clair. Je connais des syndicats qui signent des accords d'entreprises qui sont en dessous du Code du travail ! Ce sont des cotisations en moins qui vont manquer dans le porte-monnaie quand on arrivera à la retraite. Et pour finir, je peux affirmer qu'énormément de fiches de paie sont fausses. Volontairement ou non, elles sont mal faites et ça impacte les cotisations des salariés. Et ce que je constate, c'est que ce n'est jamais au détriment du patron mais toujours au détriment du salarié. Il y a un gros travail à mener à ce sujet et c'est dommage de ne pas profiter du combat contre la réforme des retraites pour parler de ces problèmes-là. 

Avez-vous les moyens de présenter les preuves de ce que vous avancez sur des sujets aussi majeurs ?

Bien sûr ! Ça part d'un exemple concret, d'ordre personnel. J'ai les référés des Prud'hommes s'il le faut. Ça concerne bien souvent des structures associatives financées par de l'argent public. Je le dis très sereinement, il y a des centaines de salariés rien que dans le département du Gard qui auront des petites retraites parce que leurs employeurs n'ont pas cotisé à hauteur de ce qu'ils ont travaillé. Avec le contexte, je peux comprendre que les salariés ne fassent pas attention à ça. Ils partent toujours du principe que leur employeur est de bonne foi. Mais malheureusement, tous les jours des salariés se font avoir sur leurs cotisations de leur retraite. 

À vos yeux, si un tel sujet venait à intégrer le débat public, la lutte contre la réforme des retraites s'en trouverait renforcée ?

Oui, car c'est un sujet très concernant qui touche les jeunes. On va le voir dans les jours à venir. Si la jeunesse s'empare de ce débat et vient massivement dans la rue, ça sera un tournant dans le conflit. 

Propos recueillis par Corentin Migoule

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