Conseiller régional, président du Pays d’Uzès, Fabrice Verdier sera au rendez-vous de Bram samedi prochain. Initiée et organisée par Carole Delga, la présidente de la Région Occitanie, chaque année depuis 2021, Les Rencontres de la Gauche sont devenues un rendez-vous incontournable pour débattre avec des ateliers, des tables rondes, des plénières et un village associatif. Interview.
Objectif Gard : Pourquoi Les Rencontres de la Gauche sont devenues si populaires ?
Fabrice Verdier : C’est un événement populaire au sens noble du terme, puisque cela va permettre à tous les habitants d'Occitanie et même au-delà de rencontrer, d'écouter, de contribuer à des échanges avec de grandes personnalités politiques. Je pense à Jean Pisani-Ferry, professeur émérite de politique économique à l’Institut d’études politiques de Paris. Il vient nous parler de la question budgétaire et de l'investissement pour la transition écologique. Martin Hirsch, ancien directeur de l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP), ancien ministre, Jean Viard, sociologue, directeur de recherches CNRS au CEVIPOF. Ou encore Pascal Demurger, directeur général de la MAIF. Tous ont des choses à dire. Enfin, côté politique, tous les chefs de file de la gauche du réel sont là. De Raphaël Glucksmann, coprésident de Place Publique, député européen à Olivier Faure (PS), Fabien Roussel (PCF) en passant par Marine Tondelier (Les Ecologistes). Donc c'est un rendez-vous important et désormais incontournable, y compris au niveau national de la gauche, puisque c'est près de 2000 personnes qui sont attendues.
C’est un sacré tour de force réalisé par Carole Delga, de réunir autour d'elle toutes ces personnalités, à la fois techniques et à la fois politiques…
C'est toute la gauche qui est rassemblée, hors LFI. Mais qui est consciente aussi des contraintes, qui est consciente aussi que la gauche doit gagner par un contrat avec les Français et pas dans le bruit et la fureur. C'est une gauche ouverte qui va au-delà, puisqu'il y a la société civile qui sera présente. On veut échanger et réfléchir sur l’avenir de la France avec des patrons, des sociologues, des chercheurs et des universitaires. Tout ça doit contribuer à faire émerger une gauche qui propose une véritable alternative, une gauche crédible.
Ce rendez-vous à Bram à une tonalité intéressante cette année avec la nomination récente d’un nouveau Premier ministre qui attend beaucoup de cette gauche que vous décrivez…
C'est effectivement ce que propose Carole Delga d'abord en fédérant la gauche dans l'objectif d'avoir un interlocuteur en capacité de proposer une alternative à la politique macroniste. Sans retirer la menace de la censure à l'Assemblée nationale, on doit être capable, nous aussi, sans compromission, de faire des compromis dans l'intérêt supérieur du pays. Dans un contexte international que tout le monde connaît et un contexte économique et social compliqué. Nos propositions sont là pour protéger les plus faibles, pour encourager les contributions des plus hauts revenus, c'est le cœur de la social-démocratie, l'égalité réelle.
Vous défendez vous aussi la taxe Zucman qui s'appliquerait à l'ensemble du patrimoine, y compris les « biens professionnels » (comme les actions d'entreprise) à hauteur de 2 % ?
En tout cas, peut-être, nous ne finirons pas précisément sur la taxe sur les hauts revenus telle qu'elle est conçue par son inventeur. Mais c'est une base de départ. Il faut faire contribuer les plus hauts revenus dans ce contexte dégradé. Pour atteindre les objectifs de réduction des déficits, il faut aussi faire contribuer ceux qui ont le plus profité, et de façon parfois très importante, des largesses d’Emmanuel Macron. Aujourd'hui, on demande des efforts aux Français en permanence, particulièrement les classes populaires et les classes moyennes. Ce serait totalement inconcevable que la fiscalité ne prenne pas en compte qu'il y a des gens qui se sont, depuis ces dix dernières années, largement enrichis. Nous sommes 65 millions de Français, on demande une contribution de 2 % à 1 800 familles dont le patrimoine est supérieur à 100 millions d'euros. Moi, je n'en croise jamais à Uzès, et je n'en ai jamais croisé en Occitanie.
Comprenez-vous que certains patrons comme le multimilliardaire Bernard Arnault s’y oppose ?
Ils ne sont pas nombreux à s’opposer. Ces gens-là, finalement, leur patrimoine a grossi grâce aussi à l'investissement des Français dans leur entreprise. À l'investissement public, avec des infrastructures qui leur permettent aussi de faire, c'est le terme qu'ils aiment bien : du business. Ils ont récupéré des gens formés, par l'Éducation nationale, des personnels en bonne santé, parce qu'on a un système de santé robuste. C’est cela, le fruit de la solidarité.
C’est la troisième édition des Rencontres de Bram, est-ce que c'est le début de quelque chose en perspective de la Présidentielle pour Carole Delga ?
En tout cas, c’est la construction d'une alternative autour de Carole Delga. D'une gauche responsable, mais ambitieuse, qui veut agir, et qui a la capacité de proposer un projet aux Français. Pour cela, il faut travailler, et la journée de travail à Bram va y contribuer.
Plus d'informations : https://www.caroledelga.fr