GANGES L'État disposé à mettre 11 millions d'euros pour la nouvelle polyclinique
La réunion, au siège montpelliérain de l'Agence régionale de santé (ARS) a, dans un premier temps, pris acte du peu d'avancement du centre périnatal de proximité et de la disparition du centre IVG (interruption volontaire de grossesse). En revanche, l'ARS s'est engagée à subventionner la construction de la nouvelle polyclinique à hauteur de 11 millions d'euros, soit le tiers du devis. L'apport d'argent public induirait la contrainte de rouvrir la maternité.
Si la maternité n'est pas officiellement fermée mais "suspendue", elle l'est depuis le 19 décembre. Et, selon le député héraultais de la circonscription, Sébastien Rome, présent à la réunion de l'ARS à Montpellier, ce mardi, le centre périnatal de proximité (CPP) n'a pas avancé depuis et le centre IVG est bien fermé. "Et on assiste plutôt à des départs de personnel, constate Sébastien Rome : deux sages-femmes étaient pressenties pour le CPP, une seule est restée". Pour le député, "on peut faire mieux en matière de complémentarité" avec les CHU de Montpellier et de Nîmes, qui étaient également présents à la réunion.
Mais le directeur de l'ARS, Didier Jaffre, avait gardé une surprise pour ses invités dans sa manche, bien qu'on a du mal à penser que les dirigeants de la clinique Cap Santé n'aient pas été au courant de l'annonce. "Alors que le 10 octobre, on nous expliquait qu'il n'y avait finalement pas d'argent pour la construction, la mobilisation a sans doute eu un effet", pense le député héraultais. L'ARS va ainsi apporter 11 millions d'euros au projet de nouvelle polyclinique de 14 000 m2, à l'entrée de la ville, côté Saint-Hippolyte-du-Fort, sur un budget total estimé de 35 millions.
Cet apport d'argent public contraindrait Cap Santé à réimplanter une maternité dans ses nouveaux locaux. "L'idée est quand même qu'il y ait un partenariat public/privé sur la maternité, indique Sébastien Rome. Je ne peux que constater qu'on ne peut plus maintenir les services publics sans le secteur public." Quant à savoir si l'engagement d'une maternité dans le nouvel ensemble lui paraît tenable, Sébastien Rome dit "ne pas pouvoir supposer, a priori, que les gens soient de mauvaise foi".
Côté collectif pour le maintien de la maternité, on est méfiant. "On a pris acte de la construction dans laquelle il y aurait une maternité, commente sobrement Bruno Canard, Didier Jaffre a bien insisté sur le fait qu'il s'agit d'une suspension." Le directeur de l'ARS a également dit tout le mal qu'il pensait du rapport de l'académie de médecine, sorti la semaine dernière, qui préconise la fermeture des maternités de moins de 1 000 naissances par an et conduirait à la fermeture de la moitié des maternités de la région Occitanie. De quoi rassurer les membres du collectif.
Pour autant, celui-ci doute, déjà, des délais. "Eux parlent de deux ans de construction, soit jusqu'à la fin 2025, relève Bruno Canard. On a eu accès à des plans sur lesquels figuraient 2027, mais on nous a juré que ce n'était que le numéro de dossier... Et puis, s'il faut attendre l'ouverture de la nouvelle clinique pour une réouverture, quelque chose ne va pas. Surtout quand un CPP fait tout, sauf les accouchements. On souhaite, entretemps, que le CPP et les CHU fonctionnent le plus étroitement possible."
"On n'a aucune confiance en Cap Santé, lache Bruno Canard, ils essaient de nous vendre que la nouvelle maternité fera venir du personnel. Mais elle ne luttera pas contre la pénurie de gynécologues/obstétriciens, l'État doit absolument revaloriser ce secteur." Pas sûr, non plus, que cette clinique nouvelle fasse revenir les six anesthésistes qui ont tous démissionné des gardes de maternité. "Et puis, il reste la question du contrôle de tout cela, constate Sébastien Rome. Il est très difficile d'avoir les chiffres et les compte-rendus de l'année dernière pour comparer, même pour un député..."
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