FAIT DU JOUR Huit ans après l'effondrement d'une maison mitoyenne, Carmen attend toujours des solutions

Carmen Tudela, 79 ans, propriétaire d'une maison rue Guinoir à Saint-Gilles.
- S.MaCarmen, 79 ans, réside au 15 rue Guinoir à Saint-Gilles. Le 28 octobre 2016, le toit de la maison voisine, laissée à l'abandon, s'effondre. Les poutres de la bâtisse sinistrée, en s'écroulant, ont gravement endommagé les murs de son habitation. Aujourd'hui, près de huit ans plus tard, Carmen constate des infiltrations d'eau régulières et la dégradation de son mur au deuxième étage.
En 28 octobre 2016, le toit de maison voisine à celle de Carmen Tudela, déjà abandonnée lors de son emménagement au 15 rue Guinoir à Saint-Gilles en 2005, s'est effondré. Les poutres, en chutant, ont gravement endommagé un mur au deuxième étage de la maison de Carmen. "Quand il pleut, j'ai une rivière dans la maison", témoigne la septuagénaire, ouvreuse de cinéma à la retraite. Des étais ont été installés pour prévenir un effondrement de son toit, mais "les trous n'ont été rebouchés que sommairement", pointe du doigt la propriétaire. Carmen, qui a alerté à deux reprises le procureur de la République de Nîmes et écrit au maire en septembre 2024, se sent impuissante. Elle aimerait vendre sa maison, mais craint d'en tirer "la moitié de ce qu'elle vaut dans cet état" en raison des travaux nécessaires.
Du côté de la municipalité de Saint-Gilles, Géraldine Breuil, adjointe au maire déléguée au Patrimoine et à la rénovation du centre historique, explique la complexité du dossier. "Nous avons une politique volontariste de réhabilitation du centre ancien", assure-t-elle en préambule. La bâtisse en ruine étant abandonnée depuis de nombreuses années, la mairie a dû engager une longue procédure de "bien vacant sans maître" en janvier 2017. Ce périple administratif - enquêtes généalogiques, requêtes de la direction générale des Finances publiques etc - a duré près de trois ans. Ce n'est qu'en décembre 2019 que la Ville est devenue officiellement propriétaire du bâtiment, après l'évaluation de la valeur du bien par le Domaine. La somme a été placée en séquestre "au cas où des héritiers se manifesteraient", informe l'élue.
Un arrêté de péril a été pris et "après la période covid, il a fallu entreprendre des travaux furieusement complexes", rapporte Géraldine Breuil. Car avant de procéder à la démolition de la bâtisse dégradée, une étude de structure a été faite par un bureau d’études techniques compétent pour évaluer l’état structurel du bâtiment, mettre en oeuvre une stratégie afin d'assurer la sécurité des bâtiments adjacents et les conforter. "C'était le plus urgent et ces travaux-là ont été faits", précise l'adjointe au maire, indiquant le coût de ce chantier, soit 117 060 € TTC.
Si aujourd'hui, "l'urgence structurelle est résolue", reste le problème d'étanchéité. En témoignent les traces au plafond et le long de certains murs de la maison de Carmen. La mairie, puisque le site en question se trouve en secteur sauvegardé, a dû obtenir l'accord de l'architecte des Bâtiments de France pour mener un projet d'aménagement de cette "dent creuse". Initialement, la municipalité saint-gilloise souhaitait simplement enduire les murs, mais cette solution a été refusée car non conforme aux règles d'urbanisme. Un projet plus complet, incluant enduit de façade, réaménagement du sol et plantation de plantes grimpantes, a finalement été validé l'an dernier. L'équipe de la "Maison des projets" est actuellement à la recherche de devis auprès d'entreprises, idéalement locales. "Dès qu'on aura les devis, on fera le choix de l'entreprise et on commencera par le ravalement de façades", assure l'adjointe au maire. Cela devrait être fait d'ici la fin de l'année, d'après ses estimations.
"On sait que c'est toujours trop long pour les administrés et dans ce cas précis on le comprend, concède Géraldine Breuil. Mais on est tenu par des procédures, par les marchés publics, on est obligé de faire plusieurs devis, etc. Et il faut rappeler que n’étions pas contraints de prendre en main ce problème. Nous sommes en pleine restructuration du centre-ville, à ce titre ça avait un enjeu pour l’image de la ville et le projet de rénovation global." La facture pour cette tranche devrait s'élever à plus de 50 000 €, sans compter l'aménagement du sol.