Publié il y a 8 ans - Mise à jour le 16.05.2016 - baptiste-manzinali - 3 min  - vu 373 fois

PORTRAIT DU DIMANCHE Philippe Aubert de Molay, auteur "irrationnel"

Philippe Aubert de Mollay, vainqueur du prix Hemingway 2015. (Photo Baptiste Manzinali / Objectif Gard)

Lundi dernier, la nouvelle de Philippe Aubert de Molay, Leçon de ténèbres a conquis l'audience après la lecture du comédien Philippe Béranger. Retour sur le parcours d'un auteur discret, prolifique et autoproclamé "ambassadeur du sud".

Quand son nom retenti parmi les 184 participants du prix Hemingway 2015, Philippe Aubert est presque gêné, visiblement ému. À 55 ans, ce jurassien n'en ai pourtant pas à son coup d'essai en matière de publication. À Dole, petite ville du Jura, il est encore un enfant lorsqu'il tombe sous le charme de Jane Russell, actrice américaine phare de l'époque. "Je l'avais vu dans un western en noir et blanc, j'étais tombé amoureux d'elle. Mais elle n'a jamais répondu à ma lettre." Une vaine tentative qui lui laissera cependant l'amour des mots, à défaut d'avoir conquis le cœur de Jane. La littérature américaine, celle de Borgès en Argentine, et la beat generation, deviennent ses étendards. Lawrence Ferlinghetti, Jack Kerouac, Raymond Carver façonnent son écriture .

Il poursuit des études de théologie et de philosophie alors qu'il commence déjà à pénétrer le milieu de la bande dessinée et celui, en plein essor à la fin des années 80, du jeux vidéo, sous le pseudonyme Greg Newman. En 1988, son premier album est publié sous le nom Le désert est plus beau que tout, suivi de Colomban et Le Grand secret. "Les producteurs de jeux-vidéos ont commencé à chercher des scénaristes au début des années 90. Ils les ont trouvé dans la bande dessinée, je faisais parti du paysage."

Le prix Hemingway, remporté par Philippe Aubert pour sa nouvelle Leçon de Ténèbres. (photo Baptiste Manzinali / Objectif Gard)

Blockbusters et tauromachie. Philippe Aubert a publié à ce jours une soixantaine d'albums, la plupart du temps sous couvert de son pseudonyme, au beau milieu desquels se retrouve des albums personnels et des blockbusters du cinéma qu'il adapte en bande dessinée. Entre autres : L'Âge de glace 1, 2 et 3, Shrek 1, 2 et 3, Madagascar 1 et 2, ou encore une histoire originale de Zorro. "Cette histoire fait désormais parti du corpus de la saga" précise t-il avec un mélange de fierté et d'humilité. Quelques albums avec Michel Crespin (Métal Hurlant), des romans et des nouvelles dont Les Enfants de la poussière,  Histoires américaines ou Personne n'est mort et dans le jeux vidéo Pharaon, The Partners, Night Watch, Enquête à Paris sous Napoléon, Blake & Mortimer et les tables de Babylone en 2013. Une créativité animée par un dénominateur commun, le fantastique. "Je n'ai pas un esprit très rationnel. Ce que j'aime chez Borgès, c'est qu'il n'y a pas de frontière entre la réalité et le fantastique."

Un mysticisme qu'il va retrouver plus tard dans la tauromachie, une culture qu'il découvre dans les années 90 à Nîmes et Arles : "Il y a dans la culture hispanique, une forme de légèreté et de gravité qu'on ne retrouve pas ailleurs". Mais Philippe Aubert ne se considère pas comme un aficionado, "je suis un amateur étonné et ému par la corrida précise t-il, et reconnait être attaché à son Jura natal, les montagnes, le ski de fond, les lacs, il y a un côté Quebec chez moi".

Sa nouvelle, Leçon de ténèbres, sera éditée en septembre lors de la feria des vendanges chez Au Diable Vauvert. Elle rend un vibrant hommage à Juanita Cruz, une des premières femmes toreras espagnoles exilée en Amérique du sud dans les années 30. De son côté, il travaille actuellement sur une suite de La Guerre des Boutons et prépare un recueil de nouvelles.

Baptiste Manzinali

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