CINEMA "Toril" : film noir au coeur de la Camargue
Ce mardi, le réalisateur Laurent Teyssier présentera "Toril" au Cinéplanet d'Alès. Le Gardois s'est inspiré de sa culture paysanne et taurine pour monter un film de genre sur les difficultés du monde rural. Un premier long-métrage saisissant.
Objectif Gard : Comment est née l'idée du film ?
Laurent Teyssier : Je travaille depuis quelques années avec mon partenaire scénariste Guillaume Grosse et nous venons tous deux de milieux similaires. J'ai grandi dans le petit village de Théziers dans le Gard, au milieu des vergers et de la terre. J'ai connu les travaux agricoles, et lui le conditionnement. On voulait offrir un regard différent sur la région et montrer un peu du quotidien du monde rural.
Philippe, le personnage principal incarné par Vincent Rottiers, flirte dangereusement avec le trafic de drogue pour aider son père endetté... Pourquoi ce choix ?
Depuis une trentaine d'années, l'héritage des terres est remis en cause. On voulait faire un drame social et familial. Mais pas que. On adore les univers noirs et on voulait mettre en lumière le monde rural, avec le code du thriller. C'est un contraste entre modernité et héritage, entre ruralité et film de genre. Faire un film noir dans un univers urbain a déjà été fait des dizaines de fois, on voulait autre chose.
L'histoire est-elle inspirée de faits réels ?
Le manadier trafiquant est une invention. C'est juste un méchant de cinéma ! Et c'est quasiment la première fois qu'on filme leur métier. Pour le trafic en marché-gare, ça a déjà eu lieu, notamment à Montpellier.
Pourquoi le titre "Toril", un mot ignoré du grand public français ?
Le toril est un local attenant à l’arène où l’on tient les taureaux enfermés. Le film en est un. Le personnage est emprisonné et va essayer de s'en sortir. Pour ceux qui ne connaissent pas ce terme, ça attise volontairement la curiosité.
Une référence à la tauromachie et aux corridas...
Chez nous, les agriculteurs ont la tradition taurine dans leur ADN, et j'essaie de la montrer à travers la course camarguaise. En revanche, je n'ai jamais vu de corrida et ça ne m’intéresse pas. Au contraire, j'essaie de magnifier la bête, dans "Toril", elle représente une sorte de monstre noir.
C'est votre premier long-métrage. A quelle(s) difficulté(s) avez-vous dû faire face ?
Aux recherches de financements ! Au début, on était des outsiders complets, et on a failli annuler plusieurs fois 4 à 5 ans de travail sur ce scénario. On a tout réduit et on a réussi à tourner avec un million d'€. C'était de la folie. Mais on s'est débrouillé en utilisant beaucoup de son.
Propos recueillis par Eloïse Levesque
Pratique :
Avant-première au Cinéplanet d'Alès ce mardi 13 septembre à 19h30. En présence du réalisateur, du producteur ainsi que le comédien Bernard Blancan.
Tourné à Nîmes, Marseille, Cavaillon et Châteaurenard.
Sortie en salles le 14 septembre.
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