Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 23.12.2020 - marie-meunier - 3 min  - vu 74264 fois

ROCHEFORT-DU-GARD Le locataire s'en va, Martine Garofalo retrouve enfin sa maison

Un protocole d'accord a été signé par les deux parties ce mercredi matin.
Martine Garofalo pourra passer Noël dans sa maison, au grand soulagement de son avocate, du député et des bénévoles. (Marie Meunier / Objectif Gard)

Martine Garofalo et celui qui est son ancien locataire ont signé un protocole d'accord : lui quitte les lieux, elle abandonne les loyers et les poursuites en justice. Un arrangement négocié avec le député héraultais, Patrick Vignal, et l'avocate Me Isabelle Porcher. (Marie Meunier / Objectif Gard)

Depuis août dernier, Martine Garofalo, une Rochefortaise de 75 ans, n'était pas rentrée dans sa maison. À son retour de Guyane, ses murs étaient toujours occupés par son locataire, qui refusait de lui restituer son logement et ne s'acquittait plus des loyers. Un protocole d'accord a finalement été signé ce mercredi matin. L'homme a quitté les lieux et Martine pourra passer Noël chez elle. 

Assis face à face à la table du salon, Martine et son locataire signent les papiers du protocole d'accord. Une fois la dernière paraphe ajoutée, la Rochefortaise s'empresse d'ouvrir les rideaux et les volets de sa maison, comme pour symboliser que ça y est, elle est chez elle. Plus loin, celui qui était jusqu'alors son locataire réunit ses affaires. Toutes sont mises dans le coffre d'une camionnette affrétée par le député héraultais, Patrick Vignal, qui a eu vent des ennuis de Martine et a souhaité l'aider.

La septuagénaire retient tant bien que mal ses larmes. Elle semble plus amère et dans l'affect que soulagée. Elle saisit ses objets puis les repose. Parfois bruyamment montrant que ses gestes sont alourdis par le poids de l'émotion. Après s'être réfugiée dans les bras d'un bénévole, elle finit par s'assoir sur une chaise de jardin à l'extérieur, attendant que le locataire indélicat finisse ses bagages. Elle peine à articuler quelques mots face à la caméra de France 2 mais finit par lancer : "Le droit à la propriété est constitutionnel, c'est inadmissible...". Tout en caressant son fidèle compagnon à quatre pattes, elle ajoute : "Comme quoi, il vaut mieux élever des chiens que des petits."

Alors que la trêve hivernale prévoit qu'aucune personne ne peut être expulsée jusqu'au 31 mars 2021 et que l'audience au tribunal d'Uzès avait été repoussée au 8 janvier, un accord a finalement été trouvé entre les deux parties. "Depuis mercredi dernier, on a enclenché un processus de pourparlers pour faire entendre raison au locataire car la situation n'était pas normale des deux côtés. On s'est vu tous ensemble avec le député Patrick Vignal lundi et tout le monde s'est mis d'accord pour que lui parte et que Mme Garofalo abandonne 4 à 5 mois de loyer et les poursuites judiciaires", explique son avocate, Me Isabelle Porcher. Une perte certes, "mais une expulsion, c'est une procédure qui est assez onéreuse donc elle en fera l'économie", rajoute l'avocate.

Une cagnotte lancée par les bénévoles pour aider à remettre en état la maison

Intimidé par le monde présent dans le jardin, l'homme âgé d'une trentaine d'années a mis du temps à ouvrir la porte pour procéder à l'état des lieux. La télévision diffuse l'émission de RMC découvertes "Sauveurs de trésors", comme un clin d'œil à ce qui est en train de se jouer dans l'habitation. Dans le salon, les livres sont bien rangés dans le bibliothèque. Les photos et les tableaux sont toujours accrochés aux murs. Mais au milieu des bibelots et des souvenirs de la Gardoise trônent des tasses à café et de la vaisselle sales, des bouteilles de bières vides, des cendriers noircis par les mégots. Sur tous les fauteuils s'empilent des tas de linge. Le sol et les rebords sont recouverts de poussière. Même si retrouver sa maison dans cet état est un choc, le résultat aurait pu être bien pire, comme le dit Me Porcher : "C'est sale, c'est le désordre, mais il n'y a pas de casse spécifique. Il faut un bon coup de propre."

"C'est sale, c'est le désordre, mais il n'y a pas de casse spécifique. Il faut un bon coup de propre", indique Me Isabelle Porcher. (Marie Meunier / Objectif Gard)

Déjà dans le jardin du rangement a été opéré par les bénévoles : "Quelques semaines en arrière, on ne pouvait pas y mettre un pied", rappelle l'un d'entre eux. Plusieurs habitants du coin prêteront main forte à Martine pour qu'elle passe Noël chez elle, dans une maison propre. Ils ont lancé une cagnotte pour qu'elle puisse retrouver sa dignité.

Quant au locataire, il a rejoint sa maman qui va l'accueillir un certain temps "pour rebondir" : "Mais il comprend bien cette démarche de partir, il l'avait depuis quelques semaines mais il ne savait pas trop comment faire...", contextualise l'avocate. Le député Patrick Vignal a également aidé à décanter la situation. Il a donc mis à disposition une camionnette, a payé un billet de train et a fourni un box à Montpellier aux frais de l'ancien locataire pour entreposer des effets personnels.

Il espère que cette histoire servira pour d'autres affaires similaires : "Ce qu'on a fait pour Rochefort-du-Gard, j'espère que cela incitera le ministre des Sceaux à mettre en place de la conciliation, de la médiation." Même s'il reconnaît qu'il n'existe pas "de bonne solution", il veut éviter de tomber dans une "société déshumanisée" : "On fait quoi de ces gens dans le besoin ? On n'a pas le droit de les laisser."

Marie Meunier

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