Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 30.06.2021 - boris-de-la-cruz - 2 min  - vu 8508 fois

GARD Policiers et gendarmes à la table des trafiquants

Sept personnes ont été mises en examen et écrouées dans un vaste trafic de stupéfiants et d'armes démantelé par les gendarmes et les policiers. Des enquêteurs qui sont parvenus à déchiffrer des données cryptées et sécurisées.

Si les investigations sur le terrain ont été nécessaires, les policiers de la Sûreté départementale de Nîmes et les gendarmes de la Section de recherches de Nîmes sont parvenus à épier les conversations des trafiquants pendant plusieurs mois. Un système crypté, EncroChat, une sorte d'application hyper sécurisée d'origine néerlandaise a été "craquée" après enquête du GIRS de Lille, aidé par l'IRCGN et les services spécialisés en téléphonie de la gendarmerie nationale.

Connectés à cette technologie de pointe, "les utilisateurs de ce système sont à plus de 90% des personnes ancrées dans un mode de délinquance", souligne le colonel Bertrand Michel, patron de la Section de recherches de Nîmes. "Après le décryptage du système, plusieurs dizaines de procédures ont été diligentées en France par les parquets compétents", ajoute-t-il.

"Des policiers et gendarmes ont eu accès aux conversations que les trafiquants pensaient indéchiffrables, aux images, à la comptabilité permettant de chiffrer le montant précis du trafic en particulier dans le quartier nîmois de Pissevin", souligne pour sa part le vice-procureur Antoine Wolff qui pilotait les investigations au niveau du parquet de Nîmes.

Près de 120 millions de messages et images, en grande partie liés à la criminalité organisée internationale, ont été interceptés dans plusieurs pays sans que les malfaiteurs ne s'imaginent qu'ils étaient sur écoute depuis plusieurs mois. Des renseignements partagés ensuite via Europol qui ont permis d'interpeller plus de 1 000 personnes et de déjouer plusieurs assassinats.

Concernant le Gard, la mise sous surveillance téléphonique a permis de comprendre le fonctionnement de certains lieux de deal comme celui de Pissevin considéré comme le plus important du département. "On avait tout, y compris lorsqu'ils se plaignaient du confinement et des affaires qui étaient moins intéressantes, des journées où ils gagnaient près de 25 000 euros, des problèmes de ravitaillement. Nous étions dans leurs comptabilités au centime près", souligne pour sa part le commissaire Emmanuel Dumas pour la direction de la police gardoise.

Ses équipes du groupe "économie souterraine" ont effectué pour près de 300 000 euros de saisies conservatoires, et ils ont récupéré lors d'une première vague d'arrestation en mars dernier des armes de guerre, des Kalachnikov (voir photo). Quatre hommes au total utilisaient le système EncroChat, un téléphone vendu 1 000 euros, avec un abonnement de 3 000 euros par an. Trois hommes sont originaires de Nîmes, dont celui qui était considéré comme le "patron" de la galerie Wagner, et son adjoint, le comptable chez qui il a été trouvé près de 40 000 euros en liquide.

Le dernier suspect qui utilisait EncroChat est un habitant de Saint-Gilles, le grossiste qui alimentait les trafiquants du quartier de Pissevin. Les gendarmes ont arrêté cet homme et ont également arrêté la semaine dernière le conducteur, celui qui allait chercher la drogue pour la remettre au grossiste saint-gillois. La Section de recherches de Nîmes a effectué une belle saisie avec 11 kilos de cocaïne, 350 000 euros en liquide et cinq voitures. Les investigations se poursuivent sous l'autorité d'un juge d'instruction.

Boris De la Cruz

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