Publié il y a 1 an - Mise à jour le 30.03.2022 - corentin-migoule - 3 min  - vu 270 fois

ITINÉRANCES Gatlif le magnifique !

Du rire aux larmes, les spectateurs de la grande salle du Cratère sont passés par tous les états ce mardi soir. (Photo Corentin Migoule)

Au terme d'une émouvante soirée hommage à laquelle seuls les plus grands ont droit, le cinéaste Tony Gatlif, parrain du 40e festival Itinérances, a reçu un prix spécial qui couronne tant l'ensemble de son œuvre que sa fidélité à l'événement alésien. 

À l'heure de choisir un parrain pour la 40e édition du festival de cinéma Itinérances, le nom de Tony Gatlif est apparu comme "une évidence" aux yeux des coorganisateurs que sont Antoine Leclerc et Julien Camy. Quelques minutes après la projection du film Les princes et avant celle d'Exils, le cinéaste a mis tout le monde d'accord en embrasant la grande salle bien garnie du Cratère.

Car s'ils avaient concocté une soirée "particulière" et "pleine de surprises", les maitres de cérémonie ont ouvert le bal avec "une énorme". Par "amitié", une partie du groupe les Gipsy Kings, dont le membre fondateur Nicolas Reyes, avait fait le déplacement jusqu'à Alès. Alors qu'il était confortablement installé dans son siège après avoir donné une série d'interviews à la presse, Tony Gatlif n'a pas eu beaucoup à se forcer pour déplacer sa carcasse imposante jusqu'à la scène dont il n'allait plus redescendre.

Assis sur la scène du Cratère, Tony Gatlif n'a plus voulu la quitter. (Photo Corentin Migoule)

Emballé par les notes de rumba et de flamenco, lui, ambassadeur de la culture gitane, le natif d'Alger s'est laissé aller à des pas de danse chaloupés, haranguant le public afin que ce dernier se lève et ne se rassoit plus (notre vidéo). Cette intense entrée en matière musicale laissait place à la projection de messages vidéos adressés au réalisateur qui les a attentivement regardés en restant allongé sur la scène à moins de deux mètres de l'écran.

"Ça fait 40 ans que Tony fait ce métier avec un style très singulier. Je le remercie infiniment de m’avoir offert ce rôle dans Tom Médina", a-t-on entendu de la voix rocailleuse de l'acteur d'Un prophète, Slimane Dazi. Et l'Algérien d'ajouter : "Avec Tony, ça a été une rencontre puissante, accidentée, un peu comme nos gueules !" Lui aussi mis à l'honneur dans le dernier film de Gatlif, le comédien David Murgia y est allé de son témoignage.

"Ça, c’est une dédicace pour les enfants de l’Ukraine !"

Après un hommage "cérémonial" appuyé de Julien Camy au nom de l'association Festival Cinéma d'Alès, Tony Gatlif recevait enfin le prix spécial des mains de Malik Kerdouche, cofondateur du festival. S'il a brandi et embrassé le trophée en mettant sa main sur le cœur à plusieurs reprises en guise de reconnaissance, le cinéaste a accueilli avec tendresse le message audio laissé par l'actrice Brigitte Fossey qui, au mitan des années 50, alors qu'elle n'était qu'une enfant, lui a ouvert la voie du cinéma avec son rôle dans Jeux interdits.

"Tony, c'est un poète qui a une relation très particulière avec la création. J’aurais aimé lui remettre ce prix. J’aurais rêvé travailler avec lui", a soufflé la septuagénaire, désireuse de "boire un verre" avec le cinéaste à son retour à Paris. Gagné par l'émotion, au bord des sanglots, Gatlif a laissé son cœur parler pour lui, contant une partie de son histoire : "C’est impossible d’imaginer un enfant de six ans dans une maison de terre et de boue, la guerre, les mitraillettes la nuit, la peur de mourir." Et d'achever, au terme d'un silence assourdissant : "Ça, c’est une dédicace pour les enfants de l’Ukraine !"

Après s'être ragaillardi des applaudissements nourris des spectateurs, le réalisateur de Gadjo dilo leur a à son tour arraché quelques larmes : "Jamais dans l’univers, aucun être humain, aucun magicien, aucun faiseur de rêve, n'aurait pu imaginer mon histoire. Jamais cette personne n'aurait pu imaginer Brigitte Fossey qui, enfant, avait peur de la guerre comme moi, me dire bravo à moi."

Corentin Migoule

Et aussi : ce mercredi soir, dès 20h30, toujours en hommage à Tony Gatlif, sept musiciens amis du cinéaste investiront la scène du Cratère pour un concert faisant la part belle à la musique gitane.

Corentin Migoule

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