Publié il y a 1 an - Mise à jour le 23.06.2022 - corentin-migoule - 4 min  - vu 819 fois

FAIT DU SOIR Une nouvelle gendarmerie à Génolhac pour assurer la sécurité des Hautes Cévennes

Sous la pluie, la préfète du Gard, Marie-Françoise Lecaillon, a coupé le ruban inaugural. (Photo Corentin Migoule)

La brigade territoriale autonome (BTA) de Génolhac est installée dans sa nouvelle caserne de gendarmerie depuis le 19 octobre 2020. Mais, ballotée de report en report en raison de la pandémie, il a fallu attendre ce jeudi 23 juin pour assister à son inauguration officielle. Un événement suffisamment important dans cette commune reculée des Cévennes pour que la préfète du Gard et de nombreux élus locaux soient du déplacement.

"Inauguration pluvieuse, gendarmerie heureuse !" Tel est le vœu formé par Marie-Françoise Lecaillon, préfète du Gard, tout juste sortie de sa période de réserve. Ce jeudi matin, à Génolhac, la représentante de l'État en a en effet profité pour renouer le contact avec des Cévennes qu'elle a déjà visitées bien plus de fois que son prédécesseur depuis sa prise de fonction. Il faut croire que l'événement était suffisamment important pour mériter son déplacement. Après la pose de la première pierre en mai 2019, le chantier de la nouvelle caserne de gendarmerie s'est achevé un peu plus d'un an plus tard. Et, si la brigade territoriale autonome de Génolhac s'y est installée depuis le 19 octobre 2020, les différents rebonds épidémiques survenus durant la crise du covid ont balloté l'inauguration officielle de report en report.

Celle-ci a donc eu lieu ce jeudi 23 juin. Alors que le ciel se montrait menaçant depuis plusieurs jours, il a fait des siennes à la faveur d'un orage qui n'a pas pris soin d'attendre que la Marseillaise ait retenti pour éclater (notre photo). Tandis que les plus prévoyants dégainaient les parapluies, la préfète du Gard s'empressait de couper le ruban inaugural avant que la grande délégation ne se réfugie à l'intérieur. Une fois la visite - rapide - des locaux achevée, élus locaux et représentants étatiques, suivis de près par une population venue nombreuse, se sont dirigés vers un barnum où avait été érigée une estrade de fortune.

La pluie s'invite alors que la Marseillaise retentit. Tous aux abris ! (Photo Corentin Migoule)

En qualité de maire hôte, l'ancien gendarme qu'est Guy Cheron s'est avancé le premier au pupitre pour rappeler la génèse d'une démarche onéreuse (1,9 M€, subventionnée à hauteur de 26% par l’État et la gendarmerie nationale) ayant "lourdement endetté" la commune, ne lui laissant "plus aucune marge de manœuvre" pour mener d’autres projets, et ce, "pour de nombreuses années". "Votre présence ici prouve l’importance que vous portez à la ruralité souvent oubliée par les hautes instances. Et ce message n’est pas pour vous Madame la préfète", a développé l'édile génolhacois, un brin taquin.

Investie par cinq sous-officiers et un gendarme-adjoint volontaire, la BTA comprend un bâtiment administratif d’environ 250 m² et un bâtiment famille de 500 m² abritant cinq appartements. Alors que l'orage s'intensifiait, déversant des trombes d'eau sur le barnum au point de rendre parfois difficilement audibles les discours, Guy Chéron a toute de même profité de la présence d'une assistance fournie en représentants de l'État pour distiller quelques messages : "L'existence d’une gendarmerie dans le haut Gard était une nécessité. Maintenant il faudrait que l'effectif soit revu à la hausse." Il le sera dès le mois d'octobre prochain avec l'arrivée d'un adjudant-chef de retour d'Outre-mer.

Le général Éric Chuberre, commandant du groupement de gendarmerie du Gard, s'est ensuite adonné à un cours de sémantique, décortiquant le mot "brigade". "En italien, on dit brigada. "Briga" c'est la "bande". Ça a donné naissance à deux mots : la brigade et le brigand. Comme quoi les choses sont bien faites (rires) !" Unité chargée de "chasser les brigands", la BTA de Génolhac constitue aux yeux du dernier nommé "le gage d’une réponse de proximité aux habitants" de ce regroupement de dix communes (Aujac, Bonnevaux, Chambon, Chamborigaud, Concoules, Génolhac, Malons-et-Elze, Ponteils-et-Brésis, Sénéchas et La Vernarède), soit une population totale de 3 300 habitants.

La nouvelle gendarmerie de Génolhac est située sur l'avenue Pierre-Olivier. (Photo Corentin Migoule)

Chiffres à l'appui, le général Chuberre a aussi démontré sa "nécessaire" existence. En 2021, l'unité a en effet enregistré 100 crimes et délits, traité 300 procédures et relevé 170 infractions au code de la route, tout en réalisant 8% d’activités nocturnes. "Plus que jamais en ces temps chahutés, les forces de l’ordre ont besoin du soutien de l’État et des élus locaux. La sécurité doit être partout et pour tous", a martelé la sénatrice du Gard, Vivette Lopez. Sur le même ton, le sénateur Laurent Burgoa a insisté sur "le rôle social" exercé par les gendarmes dans ces Hautes Cévennes où ces derniers constituent parfois "le dernier service public en mesure d’assurer un contact avec les citoyens".

S'il reconnaît qu'un "vrai problème de sécurité" demeure à Alès et sa petite couronne ayant accouché de la création d'un conseil intercommunal de sécurité et de prévention de la délinquance (CISPD), le président d'Alès Agglomération, Christophe Rivenq, regrette que "ces problèmes de délinquance et d’insécurité" surviennent désormais "aussi dans nos territoires ruraux", prenant des formes particulières telles que les violences intrafamiliales (VIF). "Vous avez raison monsieur le président de l’Agglo, les territoires ruraux ne sont plus épargnés par la délinquance. Dans ce contexte, les VIF et les trafics de stupéfiants deviennent nos priorités", lui a rétorqué la préfète du Gard. Garde à vous !

Corentin Migoule

Le cri d'alarme du sénateur Laurent Burgoa, inquiet de la lenteur de la prise en charge financière de l'État relative aux dégâts causés par l'épisode cévenol survenu le 3 octobre 2021 (relire ici) : "Madame la préfète, vous avez devant vous des élus qui ont été particulièrement touchés l'an dernier. Ils attendent beaucoup de l'État. Je sais que vous faites remonter les informations "là-haut" à Paris, mais "là-haut" c'est parfois loin. Nous avons une administration qui est tellement tatillonne que vous avez devant vous des élus qui attendant depuis plusieurs mois des travaux de réparation importants. Si l’État ne prend pas en compte la forte attente des élus locaux, demain nous aurons un problème de démocratie avec une pénurie de candidats aux élections municipales. Parce que ces hommes et ces femmes, pour qui cette fonction est un sacerdoce, ont besoin de se sentir soutenus."

Corentin Migoule

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