Publié il y a 1 an - Mise à jour le 02.11.2022 - thierry-allard - 4 min  - vu 1273 fois

L’INTERVIEW Pascale Bordes, députée RN : « Sur la délinquance à Bagnols, il faut mettre le paquet »

Pascale Bordes, députée de la 3e circonscription du Gard (Yannick Pons / Objectif Gard) - Yannick Pons

Pascale Bordes, députée de la troisième circonscription du Gard. (Photo : S.Ma/ObjectifGard)

Élue en juin dernier députée de la 3e circonscription du Gard (Bagnols, Villeneuve, Remoulins) sous les couleurs du Rassemblement national, Pascale Bordes s’est fait plutôt discrète médiatiquement. Elle s’exprime aujourd'hui sur ses débuts à l’Assemblée, sur le sujet de la sécurité à Bagnols ou encore sur des sujets de politique nationale. 

Objectif Gard : Comment se passent vos premières semaines en tant que députée ?

Pascale Bordes : Très bien, très sportives, très chargées, ça je m'en doutais. C’est un monde que j’ai découvert, que je ne connaissais pas du tout, avec des codes, mais c'est très enrichissant. Les débats à l’Assemblée, quand on nous laisse débattre, faire notre travail de parlementaire, c’est très enrichissant, c’est en échangeant nos points de vue qu’on peut arriver à faire quelque chose dans l'intérêt de tous. Et le travail en commission est très intéressant, je ne regrette pas d’être à la commission des lois, même si c’est très chronophage. 

Continuez-vous votre activité d'avocate en parallèle ?

Oui, je suis au bord de l’effondrement ! 

Comment allez-vous faire ? Vous allez arriver à tenir cinq ans ?

Non, le jour où je trouverais un avocat qui veuille être collaborateur de mon cabinet à demeure au moins deux jours par semaine, je serais ravie. J’ai des confrères qui me rendent service depuis plusieurs années, je les en remercie tous les jours, mais personne ne veut venir s’installer au moins deux jours par semaine sur Bagnols, puisque la ville n’est pas attractive. Pour les médecins c'est exactement pareil, et pour les avocats, même dans les mégapoles, ça devient compliqué. 

C’est pour ces raisons qu'on vous voit relativement peu sur le terrain, et que quand on discute avec des politiques comme le maire de Bagnols Jean-Yves Chapelet, le président de l’agglomération du Gard rhodanien Jean-Christian Rey, ou avec des personnes du monde économique, ils disent qu’ils n'ont pas encore eu affaire à vous…

Non, non. J’ai vu beaucoup de personnes, mais vu le peu de temps qui nous est imparti par l’agenda parlementaire, c'est compliqué. Au Rassemblement national, on attache un point important à être présent dans l'hémicycle, et au travail parlementaire dans son ensemble. J’ai beaucoup de rendez-vous de prévus, des chefs d’entreprises j'en ai rencontré pas mal. Concernant le président d’Agglo, il semble qu’il ne veuille pas me voir. Bon, moi je veux bien le voir. Quant à Jean-Yves Chapelet, rendez-vous avait été pris mais je n’ai pas pu l’honorer puisque j'avais une commission des lois, mais je reprendrai rendez-vous dès que le calendrier parlementaire me le permettra. J’ose espérer que d’ici trois semaines ça se décantera et que je pourrai revenir davantage en circonscription. 

Concernant la circonscription, vous avez estimé récemment, après qu'un homme a été blessé par balles à Bagnols, que la ville se « marseillise », vous prônez plus de moyens pour la police. Est-ce la seule solution ? Il y a déjà plus de policiers à Bagnols, certains sont arrivés l’année dernière.

Vous savez combien il y a de policiers nationaux la nuit à Bagnols ? Très exactement deux, parfois trois. Ce ne sont pas des surhommes, face aux personnes en face lourdement armées et déterminées, ils ne font pas le poids. Il faut qu’il y ait plus de policiers la nuit. Ce n'est pas la panacée, mais le problème de cette délinquance qui s’accroît à Bagnols, c'est un problème de territoire. C’est une guerre de gang sur fond de trafic de stups, il faut appeler un chat un chat. On assiste à une espèce d’ubérisation du marché des stupéfiants, des grandes mégapoles on s’implante partout. Ce sont des gens qui ne reculent devant rien. Depuis plus de 30 ans on ne veut pas véritablement lutter. Je n'incrimine pas le travail des forces de l’ordre, mais les volontés politiques, on n’a jamais mis le paquet. Si on veut vraiment endiguer le trafic de stupéfiants et la délinquance à Bagnols, il faut mettre le paquet, avoir beaucoup de forces de l’ordre présentes, jour et nuit, sinon on ne va pas y arriver. Les profits sont tellement importants qu’ils ne vont pas renoncer si facilement. Il faut faire preuve de fermeté. Sortir la nuit dans Bagnols, je ne crains personne, mais je ne le ferais pas. Ça devient très dangereux, vous pouvez prendre une balle perdue ! Il faut les empêcher de conquérir ces territoires. 

Sur un autre sujet important pour la circonscription, l’énergie, il y a un lobby qui s’exerce sur le territoire pour obtenir à Tricastin une centrale EPR2. C’est un dossier sur lequel vous comptez vous mouiller ?

Oui. On est un territoire nucléaire, et tout ce qui va dans le sens de ramener des emplois dans un secteur dans lequel nous avons des compétences, alors évidemment je suis prête à mouiller ma chemise pour faire avancer le projet.

Un sujet plus national : vous avez voté la motion de censure déposée par la Nupes la semaine dernière. Ça ressemble un peu à un piège tendu par le RN pour la Gauche…

Ce n'est pas un piège. La motion de censure initiale portait des références à la politique voulue par la Nupes, certaines mentions ont été retirées, et donc on l’a votée sans la moindre difficulté. Il faut être cohérent : déposer des motions de censure pour faire joli, sans risque car les députés Renaissance ne la voteront pas, et que les LR s’abstiendront…

Oui mais là, ça ne changeait rien.

Elle n’est pas passée à 50 voix près. Si des LR l’avaient voté, car il y a une scission dans les LR, si une partie moins macroniste que les autres, et quelques autres groupes l’avaient votée… 50 voix près, ce n’est rien. On l’a votée car c'est la seule façon de s’opposer. 

Ils sont dans l’opposition, les LR, d’après vous ?

Non. Au vu des derniers votes non. Mais il ne faut pas généraliser, il y en a des « macronpatibles », d’autres non, loin s’en faut, et qui constituent une force d’opposition aussi. Donc, peut mieux faire. 

Enfin, le vote du congrès du RN s’achève ce jeudi 3 novembre. Vous vous êtes positionnée en faveur de Jordan Bardella pour la présidence du parti, pour quelle raison ? Car c'est le favori de Marine Le Pen ?

Non, je connais davantage Louis Aliot, mais j’ai voté pour Jordan Bardella. Ce n’est pas facile d’être un député ou un candidat RN. Avoir l’étiquette « pestiféré », c'est compliqué. Jordan Bardella a été notre président dans une période extrêmement délicate, où certains nous ont quittés, où certaines personnes donnaient peu de chance au mouvement de survivre à l’élection présidentielle. Il a tenu la barre pendant la tempête, il l’a très bien tenu. C’est ce qui m'a décidé. 

Propos recueillis par Thierry Allard

Thierry Allard

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