Il est à peine 9h30 heures au gymnase Jean-Macé, et déjà les cris d’encouragement résonnent. Pas de ballon rond, ni de raquettes aujourd’hui : place au taekwondo, art martial coréen devenu pour un jour le lien entre 80 demandeurs d’emploi et une dizaine de recruteurs. Le concept, baptisé “Du stade vers l’emploi”, est simple : réunir les deux publics sans que personne ne sache qui est qui, le temps d’ateliers sportifs où seuls comptent l’énergie, la coopération et l’esprit d’équipe.
« Le but, c’est de briser les codes, explique Léa Givelet, conseillère à France Travail. Tout le monde participe de manière anonyme, dans un cadre détendu. Ce n’est qu’à la fin, lors du job dating, qu’on révèle qui étaient les employeurs. » Une manière d’effacer le stress de l’entretien classique et de mettre en avant les “savoir-être” plus que les diplômes.
Taekwondo et confiance en soi
Ce jeudi, c’est le club Okami Sports qui a été choisi pour encadrer les ateliers. « On nous a proposé d’animer cette édition alésienne grâce au partenariat avec notre fédération, raconte Christophe Pierre, directeur sportif du club. Ça nous tenait à cœur aussi de montrer que le sport, ce sont aussi les éléments qui développent tout ce que les soft skills. L’idée, c’était de montrer que le sport, au-delà de la performance, développe des compétences humaines et les compétences psychosociales : la concentration, le respect, la confiance, la communication. »
Autour de lui, cinq éducateurs guident les participants dans des exercices accessibles à tous : échauffement collectif, petits défis d’agilité et séquences de coordination. « Le sport était imposé par la fédération, précise Léa Givelet. Cette année, c’est le taekwondo, dans d'autres villes, ce sera le rugby ou le handball. » Dans la salle, les visages se détendent, les rires fusent. Khalil, en recherche d’un poste dans la logistique, s’est vite pris au jeu : « Franchement, j’ai bien aimé. On bouge, on se parle, c’est différent. Je ne savais pas qui était employeur ou candidat, et c’est ça qui est intéressant. »
Des recruteurs aussi à l’échauffement
Côté employeurs, le principe séduit. Aurore, chargée de recrutement à l’École des Mines d’Alès, participait pour la première fois : « C’est sympa parce que ça permet de créer du lien autrement. Pendant les ateliers, on observe sans évaluer, on découvre les gens dans un autre contexte. Et parfois, certaines personnalités ressortent mieux qu’en entretien classique. » Parmi les structures présentes : l’École des Mines, Vivadom, BabiChou, l’Entrepôt du bricolage, Coudène, ou encore plusieurs agences d’intérim. Toutes venues avec des postes à pourvoir immédiatement.
Un dispositif national, une première à Alès
L’opération “Du stade vers l’emploi” est une initiative nationale de France Travail, soutenue par plusieurs fédérations sportives. Elle s’inscrit dans la dynamique post-Jeux Olympiques, avec pour ambition de faire du sport un outil d’insertion professionnelle. À Alès, c’était une première.
« Le club d’Okami s’est tout de suite porté volontaire, explique Julie Durand, directrice adjointe de France Travail Alès. Ce qui est intéressant avec le taekwondo, c’est qu’il n’y a pas besoin d’être sportif. On travaille la cohésion à travers les groupes et le partage. »
À l’issue des ateliers, la matinée s’est poursuivie par une collation conviviale, avant que les participants ne rejoignent les tables d’entretien. « Le contact est déjà établi, souligne Philippe Bourdon, responsable d’équipe à France Travail. Le stress retombe, les échanges sont plus naturels. »
Au-delà du recrutement, une question de confiance
Si tous les participants ne repartiront pas avec une promesse d’embauche, beaucoup auront gagné autre chose : une meilleure estime d’eux-mêmes. « Même sans embauche immédiate, c’est une expérience valorisante, confie Philippe Bourdon. Elle redonne confiance, elle ouvre des perspectives. » Et Christophe Pierre, du club Okami, conclut avec le sourire : « Aujourd’hui, on a vu des gens transpirer, rire, s’encourager. C’est déjà une victoire. »