Difficile de ne pas le voir. Depuis quelques jours, un imposant échafaudage enveloppe le portail de l’église Saint-Trophime. Ce monument, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, entame une nouvelle campagne d’entretien, la première depuis 2014. Une opération cruciale pour "préserver l’intégrité architecturale et artistique de son portail roman", souligne Sophie Aspord, adjointe au maire en charge du patrimoine.
Sept ans de restauration et des spécialistes internationaux
Cette intervention, dont la Ville est le maître d'ouvrage, s’inscrit dans le cadre d’un entretien périodique, décidé après la grande restauration du monument en 1995. À l’époque, la façade occidentale de Saint-Trophime, noircie par des siècles de pollution, de fumées industrielles, de trafics automobiles et de déjections d’oiseaux, présentait des dégradations alarmantes. Une équipe pluridisciplinaire (scientifiques, chimistes, microbiologistes, spécialistes de la pierre, artisans et restaurateurs) et internationale avait alors œuvré au chevet de Saint-Trophime pendant sept ans, de 1988 à 1995, pour redonner à la façade son éclat d’antan. Ce chantier, pionnier en son temps, avait marqué un tournant dans la conservation du patrimoine en France, en termes de technicité et de prévention, notamment avec un suivi régulier après les travaux pour protéger durablement le monument.
En 2014, soit près de 20 ans après la grande restauration, une première opération de ce type avait eu lieu. "Nous avions alors détecté, à quelques endroits, des formations de sel qui dégradaient les parements et nous avions relevé que certains mortiers de restauration avaient souffert. Les colonnes en marbre noir, quant à elles, avaient grisé avec le temps", se souvient Renzo Wieder, architecte spécialiste du patrimoine et maître d'œuvre de l'opération. "Cette fois-ci, nous allons sans doute faire la même chose sur les colonnes. Nous allons appliquer de la cire comme nous l’avions fait précédemment." Chaque étape sera documentée avec rigueur. "Toute intervention est précédée d’un diagnostic approfondi : photographies, constats visuels, notes des dégradations, analyses techniques et prélèvements si nécessaire. Avant de poser le protocole, ajoute Renzo Wieder. Nous procédons comme pour soigner un malade."
Jusqu'à Noël
Cette semaine, l’installation de l'échafaudage a marqué le début de cette nouvelle phase de soins. D’ici Noël, les équipes spécialisées en restauration de l'atelier Jean-Loup Bouvier procéderont au dépoussiérage et au nettoyage des statues, des colonnes et des pierres sculptées du portail, ainsi qu’à des traitements biocides, des analyses, des dessalements, des consolidations ponctuelles et des reprises des stucs, patines et cirages. Dès mardi, une première réunion des équipes de chantier permettra de faire le point sur les premières constatations et les prochaines étapes de cet entretien indispensable.
Une opération largement saluée par l'association des Amis de Saint-Trophime qui œuvre à la sauvegarde du patrimoine religieux arlésien. "Un protocole de suivi similaire sera mis en œuvre sur les sculptures du cloître Saint-Trophime au début de l’année 2026", ajoute Sophie Aspord. Une autre bonne nouvelle. À noter que l'accès à l'église est maintenu pendant toute la durée des travaux.
Le budget de cet entretien s’élève à 100 000 euros, financé à 45 % par la Direction des affaires culturelles, à 33 % par le Département et à 22 % par l’État.