À l’initiative de Mouvement Associatif, qui organise la journée nationale “Ça ne tient plus !”, partout en France le samedi 11 octobre, à Alès on a pris les devants. Portée par Nicolas Ferran, directeur de la Clède, la journée a été avancée au vendredi 10 octobre. Cette matinée d’échanges a réuni de nombreux acteurs du social, de la santé, de l’éducation populaire et de la culture. Objectif : poursuivre la mobilisation entamée à l’échelle nationale et dénoncer la fragilisation croissante du secteur.
“Un tournant néolibéral qui a tout bouleversé”
Martine Arena, nouvelle présidente de la Clède, a pris la parole pour rappeler l’origine de cette crise profonde. Selon elle, le virage néolibéral entamé dans les années 1980 a peu à peu détricoté l’alliance entre l’État et le monde associatif. « Entre 2005 et 2020, la part des subventions publiques dans le financement des associations est passée de 34 % à 20 %. Les associations sont devenues des prestataires, mises en concurrence, parfois même avec des entreprises privées lucratives. C’est une inversion totale du sens de notre mission », a-t-elle expliqué.
« On passe plus de temps à remplir des tableaux Excel qu’à être sur le terrain.» Nicolas Ferran, directeur de la Clède.
Autour de la table, les témoignages se sont succédé. Marlène Legendre, de l’association AIDES, a évoqué la mise en place d’un plan de licenciement collectif : « Ce n’est pas une crise isolée. C’est le signe d’un désengagement général de l’État. Une association sur trois risque de disparaître d’ici fin 2025. »
En finir avec les appels à projets
Tous dénoncent la logique de mise en concurrence. « Les appels à projets nous tuent », a martelé Nicolas Ferran. « On passe plus de temps à remplir des tableaux Excel qu’à être sur le terrain. Il faut un retour aux subventions de fonctionnement, à la confiance. »
Même son de cloche pour Étienne Kretzschmar, du collectif Animateur 30 :
« Au lieu de coalitions, on nous pousse à devenir des concurrents. Une coalition, c’est de l’indignation, de la lutte, du rapport de force. C’est ce qu’il faut retrouver. »
Un renouvellement complexe
La crise touche aussi les ressources humaines. Jean-Michel Haution, président de CLAR-TES, a rendu hommage au personnel associatif :« Nos salariés tiennent la barque, souvent pour de salaires faibles et des conditions précaires. »
Valérie Bousquet a, elle, exprimé sa « colère face à la déconsidération quotidienne ». Selon elle, « Le travail social n’est plus reconnu. Sans cette reconnaissance, c’est tout un pan de la société qui risque de s’effondrer. »
“Nous ne demandons pas l’impossible”
Au-delà des constats, les revendications sont claires : arrêter la mise en concurrence, rétablir les subventions de fonctionnement et rétablir un dialogue respectueux avec les institutions. « Nous ne demandons pas l’impossible, juste d’avoir le temps et les moyens de travailler », a conclu Nicolas Ferran. « Il faut redonner confiance, et permettre aux associations de jouer pleinement leur rôle : celui de lien social et de démocratie vivante. »