Le constat est sans appel : en quatre ans, l’agglomération d’Alès est passée de 71 médecins généralistes à seulement 56, dont 25 % ont plus de 65 ans. Dans certains villages cévenols, la désertification médicale est totale. « Des gens renoncent aux soins. À Saint-Ambroix, il n’y a plus un seul médecin. À La Grand'Combe, il n’en reste qu’un », alertait le Dr Jean-Marc Leyssenne en mai dernier. La situation est d’autant plus préoccupante que la suppression du numerus clausus ne produira des effets qu’à partir de 2035-2040.
Les médecins cubains, une solution transitoire
Pour pallier cette crise, le comité propose une mesure inédite : faire appel à des médecins cubains. Cette idée, lancée en mars 2025 lors de la venue du député André Chassaigne, prend aujourd’hui de l’ampleur. Une pétition, soutenue par plusieurs milliers de signatures, sera remise le 16 décembre 2025 au sous-préfet d’Alès, Émile Soumbo. L’objectif ? Obtenir une convention entre les ministères de la santé français et cubain, sur le modèle de ce qui a été fait en Guadeloupe pendant la crise du Covid.
Pourquoi Cuba ?
- Cuba compte 100 000 médecins généralistes pour 10 millions d’habitants, un ratio exceptionnel.
- Les médecins cubains sont reconnus pour leur expertise, notamment dans la lutte contre des épidémies comme Ebola.
- Une coopération gagnant-gagnant : les médecins cubains bénéficieraient d’un accès à des technologies médicales modernes, tandis que la France comblerait ses besoins en soins de proximité.
Un projet en marche
Le dossier avance donc significativement. Trois territoires pilotes ont été retenus : les Côtes-d’Armor, les Alpes-de-Haute-Provence et Alès. Ils ont d'ailleurs eu un échange avec le ministère de la Santé qui serait d'accord sur le principe. Un rendez-vous est d'ailleurs prévu en janvier 2026 avec le ministère des Affaires étrangères et le conseiller santé de l’Élysée. Du côté de la formation, c'est l'hôpital Necker qui participe déjà à celle des médecins cubains, qui pourraient intervenir en France pour des missions de trois ans, renouvelables. C'est désormais un accord d'État à État à trouver pour l'aspect technique, afin de finaliser cette coopération.
Sur le terrain, le comité travaille en étroite collaboration avec les élus locaux, plus d'une trentaine de maires ont signé la pétition. Les directeurs d’hôpitaux, dont Christian Cataldo qui gère celui d'Alès, et l'Agence régionale de Santé (ARS) avec son directeur Didier Jaffre venu à Alès cette semaine, sont là pour recenser les besoins. « Nous sommes en train de construire un dossier précis, avec l’appui des maires et des professionnels de santé », explique Jean-Michel Suau, élu d'opposition à la ville d'Alès et membre du comité.
Une mobilisation transpartisane
La démarche est soutenue par 35 maires du bassin sanitaire, représentant près de 180 000 habitants. « Nous avons besoin d’une réponse de proximité. Les médecins cubains pourraient travailler dans les maisons de santé et les Ehpad », souligne le Dr Jean-Marc Leyssenne. Le comité insiste sur le caractère transitoire de cette solution : « Notre combat reste de former plus de médecins français. Mais en attendant, cette coopération pourrait sauver des vies. »