L'initiative provient de parents démunis face au(x) trouble(s) de leur enfant. Réunis en association, ils ont cherché un moyen d'accompagner leur développement. Ainsi naît la Maison des enfants extraordinaires (MEEX) du Pays de Sauve, il y a dix ans, sous l'impulsion de Cécile Martignac, Nicolas Lebas et Isabelle Bad, qui réunit, dans un même local, des orthophonistes, ergothérapeutes, psychologues, sophrologues ou encore kinésithérapeutes. Pour des enfants atteints de troubles DYS, du spectre de l'autisme, ou de troubles de l'attention, avec ou sans hyperactivité.
"Le projet est coordonné, un cahier de liaison permet la transmission des informations entre les professionnels", explique Christelle Siddi, chargée de l'essaimage au sein de la MEEX. Le développement des enfants passe aussi par des activités, "un renforcement du lien social et de la motricité, à travers du judo ou du foot". Et un temps de répit, le dimanche. Entre parents et professionnels, la MEEX est aussi un site "laboratoire" où on expérimente. Et c'est justement ce volet qui a valu la mise à l'honneur de la structure lors du salon des maires et des collectivités locales, mi-novembre, à Paris.
La Maison y a été lauréate de Trophées de l'innovation territoriale 2025, grâce à son essai de "détection précoce des troubles du développement chez les enfants de 0 à 3 ans", directement dans les crèches. Une expérimentation entamée sur le territoire du Piémont cévenol. "Plus on prend tôt, plus on a de chances d'améliorer l'accompagnement, plaide Christelle Siddi. Souvent, on s'aperçoit des troubles à l'entrée au CP. Mais dès la crèche, on peut voir un petit écart de développement, un petit 'caillou' dans la chaussure." Le bébé semble-t-il avoir conscience de son environnement ? A-t-il des interactions avec d'autres ? Ces questions, parmi d'autres, peuvent soulever un dysfonctionnement. Et déclencher une action : "Qu'est-ce qu'on dit aux parents pour les aider ? Et que dire au personnel de crèches pour les diriger vers une détection ?"
"On peut prouver l'économie réalisée par la collectivité quand la détection est faite tôt"
L'association mène l'expérimentation depuis l'année dernière dans le Gard. "Plus de 150 personnes ont été sensibilisées." Avec la volonté de transmettre des réflexes aux familles, alors que le trouble "est plutôt vu comme un élément perturbateur. Une fois passé aux parents, il faut que ce soit objectivé, poursuit Christelle Siddi, pour que ça ait une valeur." Et que l'enfant puisse être orienté vers un bilan.
"On commence à avoir des demandes spontanées, y compris de personnels d'écoles maternelles." La MEEX travaille surtout les territoires des communautés de communes du Piémont cévenol et du Pont du Gard, pour l'instant. "On est dans la phase où on essaie d'essaimer sur le reste du territoire, explique Christelle Siddi. En 2025, une MEEX a ouvert en Haute-Savoie. On souhaite que le terme 'enfant extraordinaire' se diffuse."
Le travail de la MEEX est aussi facilité par l'instauration de la Stratégie nationale pour le neuro-développement, "qui fait qu'on en parle de plus en plus, qu'il y a plus de détections. On peut d'ailleurs prouver l'économie réalisée par la collectivité quand la détection est faite tôt." Notamment en vue de "rendre les enfants autonomes et adaptables au système 'normal'". Et permettre à la famille de poursuivre une vie plus fluide, alors que c'est souvent la femme qui passe en temps partiel pour s'occuper d'un enfant présentant des troubles, avec un risque de précarité ensuite, accentué en cas de séparation...
La MEEX étudie désormais la possibilité d’une extension du dispositif aux écoles maternelles (3–6 ans) en lien avec l'Éducation nationale. Et tente de labelliser cette forme de détection dans les structures collectives. À Paris, sa directrice, Cécile Martignac, a reçu les encouragements de la présidente du Département du Gard, Françoise Laurent-Perrigot, et de l'ancien Président de la République, François Hollande, initiateur de la fondation La France s’Engage, dont la MEEX est lauréate.