Magna Porta, un dossier « qui a fait couler beaucoup d’encre », rappelle le président LR de Nîmes métropole, Franck Proust. Intimement lié à la polémique sur la création de la gare TGV Nîmes-Pont du Gard, le dossier est régulièrement l’objet d’affrontements politiques. D’ailleurs, ce mercredi matin, Franck Proust n’a pas épargné son prédécesseur centriste, Yvan Lachaud : « Entre 2014 et 2020, rien n’a été fait. Ceux qui disent le contraire sont des menteurs. »
Le travail en « sous-marin » de la SPL Agate
À quatre mois des municipales, ce point d’étape sur Magna Porta voulait faire état de l’avancée du projet. Que s’est-il passé, de 2020 à 2025, sous la présidence Franck Proust ? L’édile a mis d'abord en avant le travail titanesque de la Société publique locale Agate, dirigée aujourd’hui par Bertrand Pelain. Depuis six ans, la SPL s’occupe du montage administratif du dossier ainsi que de l’acquisition et de la compensation des terrains.
« Un travail en sous-marin », explique le directeur de la SPL, permettant à Magna Porta de s’étaler sur une surface d’une soixantaine d’hectares, uniquement sur la commune de Manduel, contre 140 initialement. « Les règles ont changé dans le sens de contraintes écologiques plus fortes », notamment avec l’apparition des « bassins de ruissellement ». Pour urbaniser ces 60 hectares, « 200 hectares de compensations écologiques sont nécessaires. Aujourd’hui, nous en maîtrisons 170. »
2 000 emplois créés à terme
Entre alors en scène le groupe NGE. Il y a deux ans, la société provençale, qui œuvre, pour exemple, à la construction de l’autoroute Castres-Toulouse ou au centre d’enfouissement de Bure, a été lauréate de l’AMI (Appel à manifestation d’intérêt) de Nîmes métropole. Son rôle ? Chercher les entreprises désireuses de s’implanter à Magna Porta puis acheter les terrains à la SPL, les viabiliser et les aménager avant de les revendre aux sociétés prospectées.
Pour l’heure, le groupe n’a dévoilé l’identité que d’une seule : un data center pour un investissement de 300 M€. Pourtant, au salon des maires, le groupe a indiqué que 70 % des entreprises avaient été trouvées, permettant à terme de créer 1814 emplois directs et 360 indirects. À quoi ressemblera Magna Porta ? Sur ces 60 hectares, « 40 % resteront en terre pleine. C’est assez rare dans ce type d’opération », précise Bertrand Pelain. D’autant que la zone sera « autosuffisante » en matière d’énergie avec des parcs photovoltaïques aménagés au sein des bassins et sur les toitures des bâtiments. La chaleur du data center sera récupérée pour servir l’ensemble de la zone.
Magna Porta découpée en quatre zones
Concernant l’organisation des entreprises, Magna Porta a été découpée en quatre zones. La première, la plus vaste, d’environ 16 hectares pour 64 000 m² de surface de plancher, est dédiée aux industries et à leurs services ainsi qu’à l’innovation. Un bâtiment de 20 000 m², pour une hauteur maximum de 14 mètres, a été réservé pour le développement « des activités industrielles liées à l’assemblage technologique », annonce Laurent Viguier, directeur général Magna Porta Développement. À terme, NGE vise la création de 560 ETP (Équivalent temps plein), « auquel il faut ajouter 20 % d’emplois indirects ».
La deuxième zone proposera 54 000 m² de surface de plancher, soit 470 emplois prévisionnels. « Tout cet espace sera pris par le data center, développé par la société H&DC, un partenaire avec qui nous travaillons. C’est un gros projet basé sur 50 mégawatts de puissance, soit un investissement de 300 M€ ». Franck Proust intervient : « Une partie de cet argent retombera dans l’économie locale ; j’ai demandé à NGE d’avoir une attention particulière sur les entreprises qui réaliseront ces équipements. »
Sur la troisième zone, 40 000 m² de surface de plancher pour 430 emplois, toutes les entreprises n’ont pas été trouvées. Enfin, la quatrième zone sera décalée d’un an en raison « de la maîtrise foncière et du planning des autorisations ». Au-delà de la bataille parfois politique, le sacerdoce est surtout administratif. Le calendrier prévisionnel prévoit l’approbation définitive du PLU de Manduel, dans lequel se trouve la zone, en février 2026 pour une obtention d’un premier permis d’aménager en octobre puis d’un deuxième fin 2027. Une procédure sous réserve d’éventuels recours administratifs.
Premiers bâtiments fin 2028 ?
L’agglomération, mais aussi la SPL et NGE espèrent une sortie des premiers bâtiments fin 2028, début 2029. La société provençale a commandé une étude au cabinet Ernst & Young sur les retombées pour les collectivités : 2 M€ au titre des taxes liées à l’aménagement, versées à la mairie de Manduel et au Conseil départemental, ainsi qu’à 3,7 M€ de fiscalité annuelle, dont 2 M€ pour la commune et 1,5 M€ pour l’Agglomération. « Après des années de combat, nous pouvons proposer du concret pour les habitants. C'est un projet du XXIᵉ siècle », se réjouit Jean-Jacques Granat, maire de Manduel. Dans le sixième département le plus pauvre de France, l’avènement de ce projet pourrait être une bouffée d’oxygène pour les habitants du territoire.
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Le mas Larrier : Nîmes métropole et le groupe NGE ont annoncé que « des hôteliers se montraient intéressés à partir du moment où les entreprises commenceraient à s’implanter. » « Il s’agit d’hôteliers haut de gamme, avec un espace de bien-être et des salles de réunion », a précisé Franck Proust.