Publié il y a 3 h - Mise à jour le 08.08.2025 - François Desmeures - 3 min  - vu 73 fois

ANDUZE De l'église au temple, une histoire de primauté religieuse guidée par une professionnelle

La rénovation du temple a été inaugurée le 31 août 2024

- François Desmeures

Guide-conférencière, Laetitia Boschet propose, pendant l'été, une visite guidée sur l'église et le temple d'Anduze. À travers le roman de ces deux édifices, l'histoire de la commune est abordée, notamment par les témoignages patrimoniaux et visuels. Entre ces bâtiments, ce sont plus de 150 ans de querelles et de guerres de religion qui s'illustrent. 

La rénovation du temple a été inaugurée le 31 août 2024 • François Desmeures

Le petit groupe de curieux qui assistent à la visite guidée est d'origines diverses, mais tous ont plus ou moins un lien avec le protestantisme. C'est qu'à Anduze, c'est l'histoire huguenotte qui est la plus recherchée. Mais celle-ci est indissociable de l'interdiction qui a frappé la religion calviniste et de son rapport avec l'Église catholique. Proposer une visite guidée qui balance entre les deux édifices religieux paraît, donc, tout à fait pertinent. 

"La ville a démarré son histoire sur le flanc oriental, sur le rocher de Saint-Julien", entame Laetitia Boschet de la place de la République, devant l'éntrée de l'église Saint-Étienne, justement au pied du rocher. Un oppidum témoigne d'une occupation antique des lieux. 

"Au Moyen-Âge, ici, on serait en dehors des remparts", poursuit la guide-conférencière. Pourtant, en plus des ruines du château, un autre vestige médiéval subsiste dans le décor, "une tour un peu ventrue, avec des pierres de bossage, une technique du 13e siècle", que l'église a incorporée à son ensemble : le clocher actuel, qui est en fait "une tour de défense intégrée à la ligne des remparts"

Dans l'église Saint-Étienne, dont la forme rectangulaire rappelle plus volontiers un temple qu'une église • François Desmeures

"Sous nos pieds se trouve un ancien cimetière", explique Laetitia Boschet sur la place de la République. Une place créée par "un premier mur de soutènement au 17e siècle, et un deuxième au 18e", donnant au lieu son apparence actuelle. L'édit de Nantes est révoqué en 1685. Et le temple d'Anduze, qui trônait à l'emplacement de l'église actuelle depuis 1600, est détruit dès 1686 par les protestants eux-mêmes - sous la contrainte - immédiatement remplacé par l'église Saint-Étienne, après seulement deux ans de chantier, bâtie avec les pierres du temple. Une forme de revanche pour le pouvoir catholique : en 1560, sur l'actuelle place Notre-Dame, était détruite l'église paroissiale. Les protestants ne disposaient, alors, que d'une petite chapelle hors les remparts.  

"Saint-Étienne n'a pas grand chose à voir avec l'histoire locale", prévient Laetitia Boschet. Et l'édifice présente "des éléments assez divers" dans une structure "d'une grande sobriété, rectangulaire" qui ferait, justement, penser à un temple. "Du 17e siècle à aujourd'hui, les matériels contenus dans l'église ont été achetés par des prêtres." À commencer par la statue de saint François-Régis, "qui a participé à la reconquête catholique du Vivarais". Ou, en sortant de l'église, la figure de sainte Germaine "et ses trois attributs : une brebis, une quenouille et des fleurs sur le tablier".

L'église Saint-Étienne, bâtie en deux ans avec les pierres du temple détruit • François Desmeures

Au bas du village, le Plan de Brie et la rue du Luxembourg sont intimement liés à l'histoire du temple. "Les régiments de Dragons, venus réprimer la religion protestante arrivaient de la Brie ou du Luxembourg", détaille Laetitia Boschet. Pendant la guerre des Camisards, les Dragons "habitent chez les particuliers", qu'ils peuvent ainsi surveiller, voire réprimer. "La consruction de casernes a lieu à la va-vite, comme pour le fort Vauban d'Alès", précise la guide-conférencière. Les bâtiments ont, depuis, été récupérés pour y installer la mairie et l'office de tourisme. "Tandis que le temple est bâti sur la cour et les écuries de l'époque." Quand le temple est inauguré, en 1823, les protestants reprennent ainsi la place centrale du village et "affirment leur légitimité en utilisant des bâtiments officiels"

Le Plan de Brie, l'un des symboles du chassé-croisé entre catholiques et protestants dans la cité anduzienne • François Desmeures

"Même si les paysans sont souvent analphabètes, le lutrin est toujours ouvert en direction des fidèles, précise Laetitia Boschet. L'organisation des espaces est fait pour se sentir intégré, même si les grandes familles ont quand même les premiers rangs." Dans cet ensemble rectangulaire de 25 mètres sur 35, récemment restauré (relire ici), la table de communion garde une part de mystère, notamment les deux têtes d'animaux qui la soutiennent. Des lions ? Des béliers originaires de la statue de Louis XIV des jardins du Peyrou, à Montpellier ? Les versions divergent encore car, si les bâtiments sont figés, le patrimoine reste une matière vivante...

La visite guidée "De l'église au temple d'Anduze" a lieu tous les vendredi soirs de l'été, entre 18h et 19h30. La guide-conférencière Laetitia Boschet propose aussi une visite-guidée sur l'histoire d'Anduze le mercredi matin, entre 9h30 et 11h30 ; une autre sur l'histoire de Saint-Jean-du-Gard, le jeudi, entre 9h30 et 11h30 ; et, enfin, la "Visite guidée d'Alès et son temple", le samedi, entre 9h30 et 11h30. Tarif : 10€ (gratuit pour les moins de 16 ans). Réservation au 06 26 03 69 76 ou par mail sur prenezlapoudredescampette@gmail.com

La visite-guidée permet un accès privilégié au temple d'Anduze • François Desmeures

François Desmeures

Actualités

Voir Plus

A la une

Voir Plus

En direct

Voir Plus

Studio