Pour clôturer la temporada 2025, une corrida de Margé ! L’un des élevages français les plus constants au cours de ces dernières années. Lors des ferias de Pentecôte à Nîmes, de l’Ascension à Alès et de celle de Béziers, quatre exemplaires ont fait une vuelta al ruedo à titre posthume. L’année précédente ? Le fer se présentait à Las Ventas. Pour les combattre, un Arlésien, un Mexicain et un Valencian.
Juan Leal est un torero à part. Lui, comme peut, s’est payé le droit de toréer après des années de labeur et de don de soi. Juan Leal est un torero dans l’âme, il le restera à jamais. De retour à Arles après son triomphe en 2024, Juan Leal ne change pas et donne immédiatement le tempo avec un Margé sans trop d’intérêt mais qui servait le piéton. En terminant dans les cornes, le toreo prouve une fois de plus son courage t les tendidos adorent. Vuelta.
Sur son second, Steven (prénom civil) coupera le souffle des gradins et les deux appendices de son opposant qui sera appelé à faire une vuelta à titre posthume, le deuxième de la tarde mais nous allons y venir. Certains ont imaginé un mouchoir orange tomber du palco mais non, la présidence n’a pas voulu entendre les supplications d’une partie du public. Un toro de classe, un exemplaire brave, encasté et sans aucun vice. Une charge pleine d’allégresse, une transmission optimale, un grand toro hélas piqué de manière aléatoire. Juan Leal sait que ce toro peut lui assurer un nouveau triomphe à la maison, il ne laisse pas passer sa chance même si, par moments, on l’a senti un peu dépassé par la tournure des événements. Quoi qu’il en soit, ce quatrième duel de la dernière corrida de la feria du Ri d’Arles a dû et va faire parler autour des zincs si les gens boivent encore des coups en feria… Deux oreilles et vuelta al ruedo pour Excalibur, un toro qu’on aura du mal à oublier, olé !
Diego San Roman n’a pas encore le luxe de laisser passer les belles opportunités de toréer dans une arène de première catégorie en feria. Il doit montrer que sa place est acquise et, mieux encore, qu’Arles doit se rappeler de lui l’année prochaine. Son premier toro sera primé d’une vuelta al ruedo à titre posthume, peut-être moins méritée que celle d’Excalibur mais bon… Si on parlait de transmission avec Juan Leal, Diego San Roman s’est uni avec son opposant pour offrir une belle faena qui, hélas, fut en dents de scie. San Roman est un maestro en devenir, on le sent hésitant sur des choix, tantôt précieux et précis, tantôt poderoso et spectaculaire. Avec lui en piste, on ne s’ennuie pas ! Oreille et mouchoir bleur pour Tizon.
Le cinquième de la tarde n’est jamais mauvais, mais pour le coup, cet exemplaire de Margé ne restera pas dans les mémoires aficionadas. Un toro complexe, imprévisible, qui exigeait bien plus que ses congénères du jour et dont le Mexicain n’aura jamais trouvé la clé. Pire, le torero se laisse happer par des séries mal pensées, voire maladroites et file dans des terrains peu à même de seoir à son adversaire. Dommage, silence.
Enfin, Samuel Navalon. Les Arlésiens le connaissent, il a imprimé leurs rétines de ses qualités toreras. Et quelles qualités ! Encore à Saint-Gilles il y a quinze jours, il a marqué les esprits. Le jeune est intéressant, il « pue » le toreo classieux et a une gestuelle fine, posée et ample. Navalon touche un Margé d’intérêt mais il parvient à voir plus. Hélas pour lui, sa faena prend une étrange tournure, ses choix sont faits par défaut, son rythme pèse trop sur son toro qui ira a mas quand le piéton finira a menos. Oreille tout de même.
Dernier toro de feria et dernière sensation de jeunesse qui monte encore et toujours. Il coupera une nouvelle oreille et sortira donc en triomphe aux côtés de Juan Leal. Devant un nouvel exemplaire de choix du fer héraultais (presque), Navalon aura encore plus de mal à tenir la distance. Pourtant, il a aligné les clins d’œil. Un brindis au directeur des arènes, Jean-Baptiste Jalabert et un autre, muleta en main, quand il a exécuté quelques passes en fin de faena en hommage au maestro aujourd’hui retiré. Oreille.