À Beaucaire, deux listes sont pour l’instant en lice pour les municipales de 2026. La première à s’être déclarée, Unis pour Beaucaire (UPB) menée par Luc Perrin, informaticien de 66 ans et élu d’opposition, est en ordre de marche. « En 2020 - puisque UPB en est à sa deuxième campagne, Pascale Noailles-Duplissy était alors la tête de liste, NDLR - notre présence sur le terrain n’était pas aussi forte qu’aujourd’hui. On commence à faire du porte-à-porte. C’est quelque chose qui nous permet d’augmenter notre visibilité, mais aussi d’échanger avec les gens. On n’a pas les moyens financiers d'un parti, on veut combler ce manque par l’énergie sur le terrain. Et on sent qu’il y a une déception par rapport à la majorité actuelle - Rassemblement national, NDLR -, la façade s’effrite », a indiqué Luc Perrin.
Dimanche dernier, une réunion publique - d’autres suivront - s’est tenue au Gambetta, au cours de laquelle le groupe a exposé les grandes orientations de son programme. Le résultat d’un travail collectif avec la création de divers commissions thématiques notamment « la culture et les fêtes ». « Si on a besoin de divertissement, on aimerait franchir un cap pour amener les gens à réfléchir et apprendre à travers la culture », a précisé Alain Castellani, membre d’UPB. Le groupe propose de relancer la fête du Drac au printemps sur la place vieille et imagine pourquoi pas créer un événement autour de la musique, "quelque chose de différent des Tribute ou sosies qu’on nous propose aujourd’hui ». Puisque la question a été posée par Laure Cordelet, présidente de l’association Action citoyenne antiraciste antifasciste et habitante de Beaucaire, UPB s'est positionné - après de longs débats - sur le maintien des novilladas dans les arènes de Beaucaire, toujours organisées par les clubs taurins.
L’axe central de la liste est de "remettre la ville au service des Beaucairois". Selon Luc Perrin, « les agents municipaux ne disposent pas des moyens ni de l’encadrement nécessaires pour assurer un service efficace ». La réorganisation des services et la réinternalisation de certains d’entre eux, « permettront de faire des économies, de gagner en proximité et en autonomie. » Les associations locales sont également au cœur du projet. « Elles sont le cœur vivant de la ville », a souligné la tête de liste. Françoise Sellem, présidente d’Unis pour Beaucaire a pointé du doigt « un manque de moyens matériels, en particulier pour l’accès aux salles ».
"Redonner un esprit collectif qui manque aujourd’hui"
Lors des premières visites de quartiers, l’équipe a identifié des problématiques liées aux incivilités routières mais aussi à la propreté, domaines relevant de l’autorité municipale. « La mairie mise sur sa police municipale et la vidéosurveillance. La répression n’est pas la seule solution, nous proposons une approche préventive avec la présence d’acteurs de proximité pour travailler en amont. Il faut essayer de redonner un esprit collectif qui à mon avis manque aujourd’hui », a lancé Luc Perrin. Autre sujet abordé par les membres d’UPB, la santé de proximité et le manque de médecins. Un sujet qui n’est pas propre à Beaucaire, « mais il faut qu’il y ait une volonté d’agir, on ne la sent pas avec l’équipe actuelle. Nous aurons une politique proactive pour augmenter le nombre de médecins en ville. »
Le projet prévoit également la rénovation de l’école nationale, un chantier en attente depuis plus de dix ans. « Pour nous, c’est une priorité, d’autant plus qu’il manque énormément de classes et ce problème va s’aggraver, avec la création du quartier Sud Canal. On a aussi, on le voit bien une population sud-américaine qui s’installe, qui n’est pas prise en compte, mais qui augmente la population de la ville. » Luc Perrin a poursuivi avec la piscine intercommunale, « délabrée, qui coûte très cher à entretenir, à faire fonctionner » et « on n’est pas foutu de s’entendre avec la ville de Tarascon pour la réparer, en refaire une autre ailleurs, pour des histoires politiciennes. » Et le même d’alerter : « La piscine peut s’arrêter à tout moment alors qu’elle répond à un besoin nécessaire. » Il anticipe : « On va se rapprocher de Tarascon, comme on le fera aussi avec tous les villages pour arriver à mutualiser les besoins et les réalisations quand ce sera possible. Et la piscine en fera partie. »
Comme il l’a souvent répété en conseil municipal, l’élu d’opposition a une nouvelle fois fustigé les « effets d’annonce des maires Sanchez et Chaudon » en matière d’investissements. « 30 millions d’euros en 2024, résultat des courses, ils ont réalisé 8 millions. Ce n’est pas crédible, ils font de la propagande. » L’équipe cible l’entretien et la réparation du patrimoine communal « plutôt que des gros projets qui font les grands titres ». « On n’est pas là pour laisser une trace pour le futur, a insisté Luc Perrin, on est là pour entretenir et réparer la ville, on va commencer par ça en tout cas et en particulier les voiries rurales et urbaines. » Parmi les projets menés par la majorité en place, le futur centre des congrès dont la première pierre n’a toujours pas été posée, a fait longuement parler lors de cette réunion publique. Une partie de l’assemblée a dénoncé « un manque de transparence » de la part de la municipalité concernant ce dossier. Pour rappel, il est financé par la Communauté de communes Beaucaire Terre d’Argence pour près de 9M€ dans le cadre du contrat local d’aménagement, un dispositif mis en place en 2016 (*), permettant d'engager des financements pour créer des projets sur les cinq communes en fonction des besoins de chacune. Luc Perrin a conclu en réaffirmant sa volonté de réintroduire de la concertation dans les décisions locales, ne formulant qu’une seule promesse : « Dans un contexte économique qui s’annonce difficile, on va s’occuper de la ville et de ses habitants et nous tenterons de répondre à leurs besoins réels, urgents. »
"Nous sommes pour les crèches, mais pas à la mairie"
Laure Cordelet a lancé l'équipe d'UPB sur deux sujets qui ont fait et feront encore couler beaucoup d'encre. Le premier, les repas de substitution dans les cantines scolaires, supprimés depuis 2018 par la mairie RN, laquelle a été déboutée par le Conseil d'État en octobre 2023, NDLR. "Le but d'une cantine est de nourrir tous les enfants, au-delà d'un esprit religieux, communautaire dont on se fout complètement. On veut que les enfants mangent bien et qu'ils puissent avoir le choix », a réagi Alain Castellani. Le second, la crèche installée dans la cour de l’hôtel de ville. « Nous sommes pour les crèches, a-t-il poursuivi, UPB aidera une association pour la réalisation d'une crèche, mais pas à la mairie. » Elle s'y trouvera encore pour ces fêtes de fin d'année, au regard de l’affiche annonçant le Marché de Noël les 12, 13 et 14 décembre à Beaucaire.