BAGNOLS/CÈZE Les Jeunes agriculteurs mènent une action contre le « foutage de gueule » d’Aldi

Les JA ont déversé des centaines de pieds de vigne devant les deux magasins Aldi de Bagnols ce mardi à l'aube
- Thierry AllardC’est peu dire que les propos tenus par un des cadres des supermarchés Aldi ce week-end sur le média spécialisé Vitisphère ont déplu aux vignerons. Dans cet article, Roger Anthony, acheteur bières, vins et spiritueux d’Aldi, affirmait que « À 1,99 € un bordeaux ou un côtes-du-rhône, c’est encore rémunérateur, on respecte le viticulteur ».
« C’est du foutage de gueule », tonne le vice-président des Jeunes agriculteurs du Gard, lui-même vigneron à Sabran, Pierre Vidal. Alors le sang des JA n’a fait qu’un tour, et ce matin dès potron-minet, ils se sont retrouvés devant les deux magasins Aldi de Bagnols pour déverser des centaines de kilos de souches de vignes arrachées. « On lui a fourni des milliers de vignes, si c’était vraiment rémunérateur, elles seraient encore plantées dans le sol », grince le vigneron en parlant de l’acheteur du hard-discounter allemand, tout en précisant que l’action menée « n’est pas contre les magasins ni leurs employés, c’est le seul moyen qu’on a d’envoyer un message au niveau national. »
Car « les vignerons sont en train de mourir, cette année on a arraché 4 000 hectares de vignes dans le Gard, dont 860 hectares dans le Gard rhodanien », explique Pierre Vidal. La faute à des prix de vente qui se sont cassés la figure. Alors à 1,99 euro la bouteille de côtes-du-rhône, Pierre Vidal ne voit pas comment un vigneron peut se rémunérer : « je voudrais bien voir les contrats, à quel prix le vin est acheté, je pense à moins de 100 euros l’hectolitre alors que moi, mon coût de production est de 142 euros par hectolitre, et encore c’est pour être à l’équilibre, pas pour me rémunérer. Il y a des exploitations qui sont à un peu moins, mais pas à ce prix-là. »
Seulement voilà, « il y a beaucoup de vignerons qui sont pris à la gorge, qui doivent rentrer de la trésorerie et qui sont obligés de vendre, surtout maintenant qu’on a les cuves pleines », regrette Pierre Vidal, qui estime que la grande distribution profite de cette situation : « ils tirent sur la corde, ce n’est plus possible. »
Pierre Vidal emploie même le mot « dramatique » pour qualifier la situation actuelle. Tout sauf un abus de langage, car, précise le vice-président des JA du département, « dans le Gard, on a eu deux suicides de vignerons depuis le début de l’année. »
Lire l'article de Vitisphère ici (abonnés).