BAGNOLS/CÈZE Suppressions de postes au lycée Einstein : le syndicat SNES appelle à manifester
À la rentrée scolaire de septembre prochain, le lycée Albert-Einstein de Bagnols pourrait bien bénéficier d’une enveloppe d’heures d’enseignement nettement réduite, ce qui provoquerait l’équivalent de six suppressions de postes.
Une décision du rectorat que les enseignants de l’établissement, soutenus par les organisations de parents d’élèves, les élus représentants des élèves et les politiques locaux, maire de Bagnols et député en tête, n’acceptent pas. « Nous sommes tous concernés », souligne le professeur de mathématiques dans l’établissement et élu départemental du syndicat SNES, Mohammed Hammani.
D’autant plus que depuis début février, « la situation a évolué », note Renaud Olivieri, professeur de mathématiques, responsable de la section SNES et élu au conseil d’administration du lycée. « Dans un premier temps il s’agissait de trois suppressions de postes et de compléments de service, entretemps le rectorat a avancé et aggravé la situation, poursuit-il. Les suppressions de postes sont confirmées, avec une de plus en mathématiques, nous passons donc à quatre suppressions de postes et les compléments de services ont augmenté pour passer à 10 heures. »
Concrètement, l’enseignant, dont c'est la spécialité, a calculé : avec les quatre postes supprimés et la trentaine d’heures de compléments de services hors de l’établissement, « nous arrivons à six suppressions de postes », contre cinq auparavant. Et plus d’heures supplémentaires pour les professeurs qui restent, « car les heures supplémentaires coûtent moins cher, ne sont pas chargées et ne comptent pas pour la retraite », grince Renaud Olivieri.
Le tout sachant que « l’année dernière, nous avons déjà eu trois suppressions de postes », souffle Mohammed Hammani. Pourquoi une telle saignée ? « L’enveloppe horaire est supposément liée au nombre d’élèves, or les prévisions du rectorat sont très basses, voire irréalistes », tranche Renaud Olivieri, qui pointe les conséquences : « toutes les sections de l’enseignement général seraient remplies à ras-bord, avec 36 à 37 élèves par classe sans tenir compte des redoublements. » Quant à la classe de seconde, « le nombre d’élèves prévu est très bas compte tenu des remontées des collèges des alentours, il va manquer une seconde », affirme l’enseignant. Et ce alors que la situation actuelle est déjà, « avec 14 classes, de 32 à 34 élèves par classe de seconde », précise Mohammed Hammani. Renaud Olivieri enchaîne : « Nous sommes dans les premières années d’application de la réforme du bac, et on sort d’un an et demi de covid, avec des élèves qui n’ont pas eu cours de mars à septembre et qui maintenant viennent un jour sur deux ».
Bref, cette décision leur parait pour le moins malvenue. « Elle touche aussi grandement les élèves, affirme le représentant des élèves Baptiste Caffarel, élève en première STL et élu au conseil d’administration du lycée. La qualité de l’enseignement que nous allons recevoir va être impactée, des élèves vont décrocher. » « On ne pourra pas faire des miracles », reprend Renaud Olivieri, quand Mohammed Hammani craint que « le slogan ‘génération sacrifiée’ devienne réalité. » Car il l’assure : « les conditions de travail des personnels de l’Éducation nationale sont intimement liées aux conditions d’apprentissage. Les conditions étaient déjà un peu tendues, là ça va être intenable. »
D’autant que les professeurs craignent que le nombre d’heures dédoublées, par groupes d’élèves, baisse. « Les heures dédoublées vont en pâtir, or notre boulot c’est transmettre », lance Sabine Bruyère, enseignante en physique-chimie. Les craintes vont aussi sur l’offre d’options, « or nous sommes le seul lycée du bassin », rappelle Mohammed Hammani, inquiet de voir « aussi peu de réaction des familles, on est en train de sacrifier leurs enfants. »
Alors le syndicat SNES appelle à une manifestation ce samedi 13 mars, dont le départ sera donné à 10h30 du monument aux morts de la place Urbain-Richard, dans l’idée « de toucher le plus grand nombre », affirme l’enseignant. Et le 16 mars, le syndicat voudrait initier « une journée lycée mort pour organiser une sorte d’états généraux et faire remonter les besoins, faire quelque chose de symbolique », avance Renaud Olivieri.
Une audience est prévue avec le rectorat le 25 mars, mais le syndicat craint que la décision de suppression de postes soit entérinée avant. Alors « nous plaçons beaucoup d’espoirs dans la manifestation de samedi, ce sera un moment clé », estime Mohammed Hammani.
Thierry ALLARD
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