LES 16 et 17 octobre 2025, dans la salle de l’auditorium du Musée de la Romanité, les voix des architectes, archéologues, ingénieurs et conservateurs se sont succédé pendant deux jours. Un colloque voulu par la Ville de Nîmes et sa mission de Patrimoine mondial, dans le but d’« échanger les problématiques et les solutions », confie Mary Bourgade, adjointe au maire de Nîmes, déléguée au patrimoine mondial Unesco et aux monuments antiques.
Unesco oblige
« Dans le dans le cadre de l’inscription de la Maison Carrée sur la liste du patrimoine de l’Unesco, on a un plan de gestion, une mission. Ainsi, nous avons invité des villes sur le contour méditerranéen et africain aussi. Italie, Croatie, Espagne et Tunisie, qui ont de beaux amphithéâtres et qui sont dans la même problématique que nous, c’est-à-dire la restauration », précise-t-elle.
Pendant deux jours, on confrontera les expériences afin d’anticiper les restaurations à venir. L’élue rappelle que la Maison Carrée, désormais inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco engage la Ville dans une démarche d’ouverture. « Cette restauration garantit la pérennité de cette architecture remarquable pour mieux la partager avec le plus grand nombre », explique Jean-Paul Fournier, le maire de Nîmes.
L’amphithéâtre bimillénaire nîmois fait l’objet d’un programme de restauration planifié jusqu’en 2040, d’un montant de 50 millions d’euros. Ce chantier, lancé en 2009, avance par secteurs successifs. Il concerne la consolidation des pierres, la protection contre les infiltrations, la restauration des gradins (cavea) et la sécurisation du site, qui accueille toujours spectacles et événements.
Chantier hors normes
« Nous sommes très avancés, il faut bien le reconnaître. Et ça coûte très cher. C’est le deuxième chantier le plus important en France, après Notre-Dame », confie Mary Bourgade. La comparaison n’est pas exagérée. Du « haut » de ses 133 mètres de long, ses 60 arches et ses 20 000 m² de façade, l’amphithéâtre nîmois, toujours en activité et bien mieux conservé que le Colisée de Rome, est un défi permanent de restauration.
Autour de la Ville, plusieurs partenaires contribuent, comme la Mission Patrimoine mondial, la Direction régionale des affaires culturelles, l’INRAP, la Fondation internationale pour les monuments romains de Nîmes, abritée à la Fondation de France, et la Région Occitanie. Les entreprises spécialisées locales participent à l’effort, entre savoir-faire artisanal et recherche scientifique.
L’architecte en chef des monuments historiques Michel Goutal supervise les travaux. L’INRAP y conduit des fouilles préventives, révélant de précieuses données sur la structure antique. L’objectif est double, préserver le monument et mieux le connaître.
Pour la Ville, il s’agit aussi de garantir la sécurité du public pendant les travaux. « Pourquoi tuer des gens lorsqu’ils viennent à un concert ou à une corrida ? », rappelle Mary Bourgade, soulignant les exigences techniques et humaines d’un tel site vivant.
Cavea
Après la façade, les restaurations vont se concentrer sur la cavea, la partie intérieure des gradins. Ce chantier de grande ampleur, programmé à partir de 2027, s’étalera sur sept ans. Il vise à consolider la structure et à assurer la sécurité du public, tout en préservant la lisibilité historique du monument.
Les études préalables ont permis de mieux comprendre l’état du bâti et la composition des maçonneries. L’opération s’accompagnera d’une réflexion sur l’accessibilité, la circulation et l’accueil des spectateurs. Elle mobilisera les architectes des monuments historiques, les archéologues de l’Inrap et les entreprises spécialisées déjà impliquées dans les précédentes campagnes.
On a besoin de vous !
La Fondation internationale pour les monuments romains de Nîmes, créée en 2008 et abritée à la Fondation de France, soutient la restauration des Arènes, de la Maison Carrée et du Castellum. Les particuliers et les entreprises peuvent y contribuer par des dons ouvrant droit à déduction fiscale. Depuis sa création, plus de 1,3 million d’euros ont été versés à la Ville de Nîmes pour la sauvegarde de son patrimoine antique.
Contact : fondation.monumentsromains@nimes.fr