DÉPARTEMENTALES Marguerittes, un scrutin à plusieurs inconnues
Qui tirera son épingle du jeu à Marguerittes ? Le seul canton où l'UMP et l'UDI n'ont pas réussi à s'unir sous la bannière du Bon Sens Gardois… La gauche, rassemblée et le Front National, en progression électorale, pourraient bien tirer les marrons du feu.
Comme Vauvert, Beaucaire ou Bagnols, le territoire de Marguerittes est à regarder de près. Redécoupé lors de la réforme de 2013, le canton change de visage avec l'entrée de nouvelles communes : Bouillargues, Caissargues, Garons, Rodilhan. Les autres, Marguerittes, Manduel et Poulx, font toujours partie de ce territoire aux nombreux enjeux comme la gare TGV de Manduel et son - polémique - projet d'aménagement, susceptibles de modifier profondément le paysage dans les décennies à venir.
William Portal brigue un dernier mandat
Pour accompagner cette métamorphose, cinq binômes dont trois maires se présentent sur ce canton. Tous les partis ont ferraillé pour œuvrer au rassemblement mais le Bon Sens Gardois n'a pas réussi a rassembler ses troupes. L'exception qui confirme la règle… Le sortant et populaire William Portal, soutenu par l'UDI, a refusé de prendre comme suppléant le maire de Manduel, Jean-Jacques Granat. La condition sine qua non d'un soutien de l'UMP. "Je suis un homme libre et je ne vais pas faire allégeance à un parti qui en plus n'est pas le mien (…) J'avais choisi un suppléant avant les municipales, je ne vais pas m'en séparer", répète le maire de Marguerittes. Aux cotés de Joëlle Murré, conseillère départementale UDI, William Portal sait que l'élection ne sera pas simple : "ce scrutin est différent parce que les bassins de vie sont différents, c'est plus incertain". Candidat "pour un dernier mandat", l'élu libéral défend la nouvelle stratégie que le Département devra adopter en matière de développement économique. Réforme territoriale oblige, "notre collectivité, n'aura plus cette compétence. Elle s'attellera au désenclavement ferroviaire, routier et numérique. Le Gard devra défendre des projets à la Région issus de partenariats avec les acteurs locaux du territoire (…) loin des joutes idéologiques et intérêts partisans".
Serge Reder, l'épine dans le pied de Portal ?
La réélection de William Portal se heurte à plusieurs obstacles et notamment, la candidature du maire de Rodilhan. Serge Reder a finalement pris comme suppléant l'édile de Manduel, deuxième commune du canton. Les deux élus ont aussi une expertise de leur territoire et brandissent, comme une sorte de trophée, le recul d'Yvan Lachaud sur la question des logements qui "ne seront pas réalisés sur la zone d'aménagement de la gare TGV, entièrement dédiée au développement économique". Soutenue par le sénateur-maire UMP de Nîmes, cette candidature va très certainement amputer le maire de Marguerittes d'une partie de son électorat. Seulement, la stratégie du binôme manque de lisibilité. Car n'est pas William Portal qui veut… Revendiquant leur "indépendance" vis-à-vis des partis politiques, les candidats vont jusqu'à entretenir le mystère sur le choix du futur président du Département. Un secret de polichinelle quand on sait que Laurent Burgoa a été présenté par Jean-Paul Fournier comme le "futur président de l'Assemblée" en cas de victoire de la droite. Mercredi, lors d'une réunion publique à Caissargues, une partie de l'auditoire est "restée sur sa faim". Eric*, électeur de droite, était dubitatif : "moi je veux dégager les socialistes. Au conseil départemental, la victoire ne se jouera qu'à quelques voix… J'ai besoin de savoir pour qui ces candidats voteront". Si l'homme et le projet comptent, l'élection est aussi partisane et l'étiquette politique a son importance…
L'appétit aiguisé du FN
Du coté de leurs adversaires, les choses sont beaucoup plus simples, à commencer par le Front National. Sur ce canton, le parti de Marine Le Pen a battu des records aux Européennes : 39,83% à Marguerittes, 41% à Manduel et 36% à Bouillargues. Le leader local Yoann Gillet - qui ne réside pas sur le canton - s'est vu confier par son parti la mission de remporter Marguerittes dans une "stratégie d'implantation qui a pour finalité de s'emparer de la ville de Nîmes en 2020 et de la présidence de Nîmes Métropole". Va-t-en-guerre, le frontiste fait de ce scrutin une référendum contre la politique de François Hollande et axe sa campagne sur "la réduction des frais de fonctionnement du Département, bien supérieurs au budget de l'investissement".
Un autre candidat porte la même proposition : le secrétaire départemental de Debout la France, Jacques Cimetière. Impliqué dans le monde associatif de Poulx, le candidat souverainiste qui mène une campagne de proximité grappillera, sans doute, quelques voix au Front National.
Une seule candidature à gauche
Du côté de la gauche, Marguerittes fait office d'exception puisqu'une seule liste EELV/PRG est présente. Après moult discussions, "EELV et le PRG sont parvenus à convaincre le Front de Gauche de ne pas investir de candidats sur ce territoire où le risque FN est important", confie un écologiste. De fait, Yoann Gillet pense être face à la gauche au second tour, représentée par le binôme Delio Sanchez (EELV), ancien candidat aux municipales de Marguerittes et Digma Alba-Rodier (Parti Radical de Gauche). "La droite est divisée ici. Il y a une vraie possibilité pour que ce canton bascule à gauche", commente le député EELV Christophe Cavard. Pour se hisser au second tour, le ticket fait donc venir de nombreuses personnalités politiques sur le canton. Après la secrétaire nationale EELV Emmanuelle Cosse, ce sera au tour la ministre du Logement Silvia Pinel de leur prêter main-forte.
Les candidats veulent créer la surprise vis-à-vis de Jean Denat qui ne leur a pas apporté un soutien probant. Le président du conseil départemental et leader de la Majorité départementale avait dissuadé Remi Nicolas, figure locale de gauche, de se présenter. Un appui tacite à William Portal qui, en cas d'élection, pourrait lui renvoyer l'ascenseur pour accéder au perchoir. "Nous intégrerons une majorité si le projet politique est en accord avec nos idées et notre philosophie (…) Je m'entends bien avec Jean Denat mais je me vois mal dans une majorité avec des collectivistes (certains communistes, NDRL)", déclare William Portal, indomptable.
*Le prénom a été changé.
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