FAIT DU JOUR La Feria de Pentecôte il y a... 50 ans !

C'est une période propice à l'évasion, à la nostalgie et au souvenir. En 1970, au sortir de l'annulation de la feria suite aux événements de 1968, la fête populaire de la Pentecôte à Nîmes battait son plein et les festaïres s'en donnaient à cœur joie. Retour en images sur ce week-end de fête.
Elle nous manquera certainement beaucoup cette année notre belle feria de Nîmes... Mais celle qui nous manque plus encore n'est-elle pas antérieure ? Celle qui ne connaissait presque pas de limite, celle qui n'avait presque pas de barrière, celle d'un autre temps, d'une autre époque.
En 1970 à Nîmes, les mœurs étaient à la légèreté, à l'entente conviviale, au partage sans masque ni gel. Avec les photos, débusquées aux archives municipales, du reporter Hervé Collignon qui travaillait pour le quotidien Le Méridional, les Nîmois de 2020 auront une autre idée de la vraie fête populaire comme elle était encore appréciée à cette époque, près de 20 ans après la création de la feria.
Le rapport à la fête était bien différent de celui que l'on peut avoir aujourd’hui. Installée à la mairie, une fontaine faisait jaillir du vin des Costières. Les taureaux étaient lâchés dans les rues et le public n'avait d'autre de protection que son attention et sa vigilance. Les voitures étaient encore découpées pour que les jeunes grimpent dessus et puissent parader sur les boulevards, la tête à l'air et le verre à la main. Même la Pégoulade avait ce je-ne-sais-quoi de suranné qui en faisait le rendez-vous de tous les Nîmois.
La feria populaire s'est peut-être perdue avec le temps... L'époque des paillettes parisiennes, sous l'ère Bousquet, a quelque peu effrayé les braves peilles qui aimaient se montrer sous leur facette la plus naturelle. La simplicité et l'art de vivre d'antan a basculé vers des animations plus engoncées, des soirées trop privées et des tensions aiguisées.
Aujourd'hui, l'heure est à la gravité, à la surprotection, au contrôle des libertés. Nous sommes loin de l'aspect populaire comme on l'entendait à l'époque même si notre feria actuelle est accessible par tous et est faite pour tous. Jamais plus vous ne verrez ce genre d'images dans les rues de la cité pendant ces journées de fiesta.
Faut-il en être nostalgique ? Oui, un peu. Doit-on vivre dans un passé qui n'est pas foncièrement idyllique ? Non, carrément pas. Notre feria du XXIe siècle n'est peut-être pas celle de nos parents ou de nos grands-parents mais elle est nôtre et ne demande qu'à renaître de ses cendres encore fumantes.
" À l'époque les ferias étaient plus joyeuses... Mais la vie en général était plus sympa à vivre, avoue Joseph, Nîmois depuis les années 1960 et homme qui a passé son bac en 1969. Je ne dis pas ça parce qu'à l'époque j'étais jeune et beau ! Nos vies n'étaient pas encore dictées par la technologie. On se donnait des rendez-vous et on poireautait. En attendant, on blaguait, on buvait des coups, on draguait et si le cœur nous en disait, on rebuvait des coups en attendant. La feria n'avait pas de place pour les interdits et les tabous ! "
Dans la même veine, Jean-Claude repense à sa feria sans aigreur ni regret. " Une chose est sûre, on savait quoi faire ! Aujourd'hui je vois des jeunes qui errent, qui ont leur alcool sur eux en le cachant dans le sac à dos et qui ne se parlent pas car chacun a sa bande et que personne ne se mélange. Nous faisions la fête pour faire la fête... Je ne m'en rappelle pas mais tout était moins cher. On pouvait passer une journée et une soirée entière sans manquer d'argent pour manger et boire. C'est aussi cet aspect financier qui a changé la donne. "
Les jeunes de 2020 rêvent peut-être de l'ambiance de l'époque. Certains sont curieux quand d'autres sont catégoriques. " Honnêtement, je suis bien content de vivre ma jeunesse aujourd'hui ! Il y a 50 ans, il n'y avait rien, on devait s'ennuyer. J'entends les anciens qui en parlent comme ils parlent de leurs souvenirs de l'armée, moi, ça ne me fait pas rêver ", lance Gabriel.
Dans la foulée, son collègue de lycée, Pierre, est plus nuancé, " Oui, moi ça me parle. Aujourd'hui on ne peut plus rien faire sans risquer soit un retrait de permis, soit une agression au couteau. La fête a changé, c'est un fait et j'aurais aimé goûter à ces saveurs de liberté et d'inconscience qui régnaient dans les années 1966-1970... "
Au fil des décades, depuis 1952, date de sa création, et jusqu'à nos jours, la Feria de Pentecôte a toujours su éveiller et réveiller les mœurs. Fête populaire par excellence, la chose importante n'a jamais été sa fréquentation en termes de chiffres... La feria, c'est un état d'esprit.
Elle évolue, elle mue, elle se déforme, elle se raccourcit ou elle se rallonge mais son fond reste le même. Chacun d'entre nous peut vivre sa feria comme il l'entend. Il peut même ne jamais y mettre les pieds (comme un véritable réboussier, il partira en Cévennes) ! Une fête populaire sur-mesure comme on n'en trouve nulle part ailleurs, c'est la force de Nîmes. 2020 n'aura pas sa feria de Pentecôte, vivement celle de 2021 !
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